Elle la suivait des yeux, émoussée
Les montagnes bleu ardoise grelottaient, médusées
Entre chien et lune
La mer, fière, laissait deviner des tourments
La barque , en suspens, figée dans le liquide ambré
S’ombra
Mousse
Fougère
Elle voudrait s’allonger
L’enfant hésitait sur le seuil, galet grisé
Nuées, nuages, nues, dévoyés, dévoilés
O cavale des idées blessées, ô béances des plaies
Elle veut vivre, ivre
Il pensa mourir, rire
La barque ne bougeait pas, un aigle vola
L’enfant, galette oubliée, trembla
L’œil crevé du soleil bava dans les plumes de
La mouette qui rota, on l’appelait Nina
Les dauphins faisaient silence, oubliant de danser
Mousse
Fougère
Ö qu’elle est fatiguée
Frémissement
De l’onde, bouscule le crépuscule
Le soleil se tisse au sol
Les mots n’ont plus d’entraves
Ode, algues, valves, eau de
Plaisir, elle tant désire
De vagues larmes frôlent l’âme
Le gris s’enflamme pur napalm
Barque qui débarque, flots qui s’écartent
L’homme ouvre ses mains
Mousse
Fougère
Oh qu’il est encore loin, ce matin
Louve qui ne veut plus mordre
S’allonge, si lasse, dans les essaims
Chantonne, murmure, geint
Les abeilles , endormies , rêvent de pollens
De royaumes, de miel et de reines
Louve a tant couru que ses poils sont collés
La maison s’enfonce dans le vallon, disparait
L’orange lui brûle les yeux
Tout ce feu
L’eau silence, l’eau ne danse
L’homme, patient , a tout son temps maintenant
Il attend, silhouette découpée, étale
Dans la presque nuit
A ses pieds, une bougie
La nuit se partage mille bruits
C’est le temps des soupirs, petits meurtres entre amis
Dans les nids, dans les arbres, de vilains cris
Des frôlis aussi, des brûlis, chuchotis
L’aurore explose, brutalise et secoue
L’ennui, elle troue
Les gris
Le gris de l’eau, les gris de la vie
Le mystère des débuts peut recommencer
Elle a un peu peur dans le cœur
Saura-t-elle nager
Ö mousse
Ö fougère
Faites-moi un lit , un lit d’infini
Elle prie
La louve hurle une ultime fois
Vent frais qui coule et cascade dans les bois
Elle lâche
Le mouton, incrédule, s’enfuit, à peine défrisé
Elle a choisi
La barque oscille , se penche, ô si peu
Quand l’homme la cueille, doux et ferme
A la fois
Les dauphins ouvrent la marche, délivrés
Sur les vagues réveillées glisse la barque
Fend les montagnes coupantes et les nuages d’or fin
Elle se tourne une dernière fois vers le petit
Lui, galet en main, leurs yeux sourient
Mousse
Fougère
En leur milieu, un creux
L’enfant, tranquille, s’ouvre à la joie
L’air se referme, la mer fait gronder ses poissons argentés
Le galet rond dans la paume de l’enfant
Est sa terre bénie, il l’embrasse tendrement
Ricochet parfait
Quand l’enfant, souriant
Le jette dans l’ardoise, ridant les vaguelettes
Mousse
Fougère
Dans l’odeur de sa mère, l’enfant va s’allonger