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Billet de blog 23 octobre 2011

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Rugby sur l'ongle

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L’affaire fut longue, les préparatifs , minutieux, mais je ne me suis pas hâtée (alors que j’y suis, athée, bizarre bizarre...bref ). C’est que ce n’était pas un mince affaire. C’était une affaire grosse et longue. Les meilleures. Je n’avais plus l’intention de me rendre dans un pmu-sandwicherie à bordeaux pour regarder le prochain match des bleus, surtout que ça c’était très mal passé la dernière fois. J’ai choisi une autre stratégie, comme je suis partageuse je vous la livre, chacun peut m’imiter .

D’abord j’ai réfléchi, ce fut le plus dur , je n’ai pas l’habitude , car à part poser quelques commentaires oiseux sur ce site et fiche quelques billets approximatifs en ligne ( que certains me font l’honneur de commenter, c’est à croire qu’on ne fait rien de nos jours et de nos nuits) couper du bois pour me chauffer et chercher un boulot qui s’enfuit dès que je fais mine de l’attraper, je me coince la bulle, je suis dans le larvaire ; j'ai du temps, j’ai du vent aussi, l’un va avec l’autre

J’ai tout d’abord regardé plusieurs fois "chérie j’ai rétréci les gosses ", pour bien comprendre le processus de miniaturisation, car pour mener à bien ma petite entreprise il me fallait miniaturiser tant de composants : la pelouse, les joueurs, les entraineurs, les juges, le public, les photographes et les commentateurs, les pom-pom boys, les guérites, les flics et les services de sécurité d’hygiène et de secours, les gradins et le stade , les nuages, la pluie, la pub, les caméras, les sandwiches, comment faire tenir tout ça sur une si petite surface ? ça a tout de suite fait masse ça a chiffré, je suis montée à un effectif de 78 234personnes, dont 75 239 moutons et pas de passe-droit ! car si au rugby on louvoie, à la billetterie chez moi, on y va droit on paie cash , rugby sur l’ongle. Ensuite, j’ai visionné plusieurs fois "le fils de frankestein", j’ai verni de vert et de la main droite l’ ongle de mon pouce gauche pour accueillir mon bestiaire ( mon best c’était aujourd’hui ) et enfin, j’ai commandé un orage fracassant avec éclairs visibles dans toute la galaxie, qu’à côté les effets spéciaux de la guerre des étoiles c’est de la roupette de sansonnie, et YEP-YOUPIE-ZOU-HOPLA-SCRIIIITSCH !!ça zébrait braisait rougissait explosait griffait chuintait à tout rompre, comme tu peux même pas l’imaginer ! Allez Luya ! Hourrah !! j’avais REUSSI, j’avais sur mon pouce la finale de la coupe du monde de rugby, je tremblai de bonheur et d’étonnement.

Musique, maestro, please ! L’orchestre des Flambies attaque la partie, résonnent tonitruamment les premières notes de l’hymne des manchots pygmées, Flamby en personne empoigne sa guitare basse et la remue dans tous les sens; Titine empoigne le micro et balance la purée, comme Tyson ses uppercuts, de sa voix rauque et basse elle slame et swingue; Nono arquebouté sur sa contrebasse regarde langoureusement le public et tire de ses cordes une complainte toxique, non tonique; Manu cogne sur sa batterie comme s’il voulait l’exploser, aucun n’entend son voisin, c’est une joyeuse cacophonie; Mimi allume des pétards gros comme des didgeridoos, il les porte à sa bouche et à celle des musicos, il en reste un il le tend à l’arbitre de touche, à gauche, celui-ci, un takahé en grande tenue, se met à le téter goûlument

Les kakapos noir-de-braise se mettent en position, pliant leurs beaux jambons, et entament leurs danse guerrière, les tuataras bleu-azur pour ne pas être en reste galopent de long en large en criant « les kakapos les tatahés on va vous ratatiner », instantanément la température monte de 25 degrés dans le stade en folie et mon ongle me brûle le pouce, douloureuse sensation, je leur balance un verre d ‘eau sur la tronche, ça les calme, ça éteint le feu qui couvait, le commentateur dit : « ah une petite ondée rafraîchit le stade, les athlètes ont fini de s’échauffer, l’arbitre Monsieur Opossum... Oui c’est un homme je peux l’attester car : à peine est-il au centre du stade pour donner le coup dans Voi, oui je l’ai vu Voi, il s’est pris une belle patate, je ne comprends pas pourquoi les gens appelés Voi se prennent des coups au début de chaque match et pas qu’au rugby apparemment ! A peine donc, qu’un troupeau de manchots pygmées, batte en main, cavalent vers le centre eux aussi , bousculant Opossum et lui arrachant dans la mêlée son froc. Des battes de base-ball ? Je leur crie qu’ils se sont trompés de match et de sport et je leur prie de quitter im-mé-dia-te-ment l’aire de jeu, faut pas déconner, ici c’est du sérieux et du lourd, plus d'une tonne par pack, et beaucoup de packs de bières, « oui on les mettra en bières car on va les bouffer tout crus, c’est du tout cuit, là on est chauds » , ça peut commencer ce n’est pas moi qui le dis, c’est le stade tout entier qui vocifère, je suis échouÏe, oui, du coup je touche violemment un des boutons du programmateur et là, pouic

Ca ne commence pas, mais ça commente à fonds les manettes sur le stade. Je me rends compte que j’ai fait l ‘erreur grossière de dérégler la commande du doublage des commentateurs, aussi tout ce que je perçois semble être en serbo-croate ou en picard, je ne comprends que couic ! Au diable le protocole, l’avaleur n’attendant pas le nombre des damnés, je siffle entre mes doigts , car Opossum dans sa chute avait avalé son sifflet, il a le kiki tordu et le cul nu, il crachote sur Fabien. Je dirai Fabien désormais quand je parlerai de la pelouse, ce sera plus pratique, dans les compétitions internationales, on utilise le revêtement Fabien, c’est le meilleur pour les pelouses.

Le match peut commencer. Et quel début ! C’est grandiose. La magie opère . Tout est pile-poil. Au poil. C’est royal , un vrai régal, du bonheur, du grand, du très grand rugby. Les essais se succèdent, déjà 4 pour chaque équipe. Transformations, pénalités, touches impeccables, mauls solides, mêlées bien mélangées, drops, courtoisie, engagement et férocité bien dosés, prises de risque, je n’ai jamais vu un tel match . Dans le stade, ce sont olas, baisers, vivats, yeux brillants, les moutons sont aux cieux. Dusautoir, le tuatara, marqua son 5° essai, je bondis de joie au moment exact où je reçus un mail de Pôle Emploi. Il faut dire que Pôle Emploi a programmé sur mon ordi une animation diabolique, à chaque offre d’emploi qu’ils m’envoient , apparaît, en 3D, l’image de Xavier Bertrand le ministre du travail, c’est terrifiant car pendant que je suis paralysée par cette vision, sa voix elle me balance dans une éructation de130 décibels « AU TURBIN,CLAMPIN !! TURBINE, CLAMPINE !!!» A chaque fois, je suis tétanisée et horrifiée, mais tu peux pas enlever cette saleté de truc de ton ordi, car quand tu reçois ton ministre qui te gueule dans les oreilles, tu dois appuyer 3 fois sur la touche €, si tu ne le fais pas, tu es rayée des chômeurs et c'est jour et nuit. Donc je sursaute violemment et paf ! mon pouce décrit un arc de cercle et mon stade tout entier bascule cul par dessus tête au milieu des touches de l’ordinateur, je suis catastrophée, comment remettre tout ce petit monde en place ? Je cours quérir une loupe et examine ce petit peuple, apparemment rien de bien grave, le rugbyman est résistant et ses supporters aussi. Je vais chercher une paille et aspire délicatement chaque groupe, puis je soufflotte gentiment ce que j’ai pu récupérer sur Fabien, cela me prend un bon quart d’heure, une monstrueuse pagaille est à l’œuvre maintenant, les équipes, les vendeurs de chouchous, les supporters, les cameramen, les arbitres sont tout mélangés et s’invectivent à qui mieux mieux, que faire ? Un verre de pluie, ils se calment et regagnent tant bien que mal leur place initiale. Il reste juste un joueur nommé U qui répète :« Où est Cut ? Où est Cut ? » U perd Cut, pensé-je, fataliste, je lui fais un croche-pied et le pousse sous Fabien.

CE FOUTU-TOUFFU MATCH POURRAIT-IL REPRENDRE ? Oui , les joueurs retapaient dans le ballon ovale quand …quoi ?... mais ! ça alors ! … ah non pas ça hein !? … mon attention est attirée par l’arrivée d’une silhouette blanche et noire. Un pingouin ? mais non c’est mon Bob, Dylan quoi ! chapeau blanc, veste sombre à boutons dorées, merveilleuses guêtres blanches et noires, qui se risque sur le terrain de jeu, la chandelle tirée parle numéro 4 lui fait tomber son chapeau, j’interviens et avec une pince à épiler je l’extrais de la dangerosité ambiante, il se débat entre les branches dorées de la pince, je tends l’oreille c’est qu’il est minuscule, je n’entends pas ses vociférations je remonte son volume sonore je lui dis « vous êtes trop fragile maintenant pépé »- fuck you » qu’il me répond l’ancêtre et il se démène comme un beau diable jusqu’au moment où il choit sur le stade au milieu d’une action décisive, « i’m a rolling stone » qu’il hurle au moment où un kiwi le confond avec le ballon et l’emporte dans ses pattes musculeuses vers le but, paf ! voilà que le kiwi aplatit Bob sur l’herbe verte, le stade se lève dans une magnifique ola ! Bob chante « i’m a rolled stone » ! puis s’évanouit, faut le ramener à la maison de retraite, un car de secours entre en scène à toute vibure et ratatine le dernier Moa, qui pas de bol s’échauffait sur le banc en touche, donc ceux qui vous disent que le Moa a disparu il y a plus de 100 ans sont de fieffés gredins, moâ je vous le dis. Opossum 2 donne les ordres pour une nouvelle mêlée au bénéfice des kiwis, je crois entendre« Crouch ! « et les joueurs se grattent, « Touch ! » iet ls se touchent les coucougnettes, « Pause ! » et ils décapsulent une canette de bière, « Engage ! « et ils la boivent et la jettent sur Fabien. C'est quoi ce foutoir ? Un mauvais réglage spatio-temporel, une distorsion du programme? Ca part en cacahuètes, ça tourne vinaigre ce manège. Une avarie dans le programme de miniaturisation ? Quand j’ai vu le fils de Frankestein sortir du dessous de Fabien et grandir et grandir, et soudain engloutir dans une mastication aussi bruyante que répugnante quelques manchots pygmées et Opossum 2 , je me suis dit qu’il fallait intervenir, je suis allée chercher la poële à frire et couic et paf , je la lui ai aplatie sur la tronche , ça a fait une large tache rouge et brillante, mais la chose… le truc … le machin … l’être n’était pas mort, il s’est relevé, hautain, j’ai senti le vent me quitter, car l’hautain emporte le vent ; dans ses yeux , comme de l’affront et du mépris ; il a sauté du stade, enfin ! de mon pouce, et est parti se réfugier, sans une plainte, sous une plinthe

J’ai appuyé sur DELETE, RETURN, STOP et tout être vivant, humain, minéral, végétal, toute construction, se sont effacés peu à peu, puis ont disparu. Incrédule, je regardai mon ongle. Sur le vert du verni, juste quelques traces un peu rouges. J’ai tout fait partir avec un coton et du dissolvant. Je ne sais pas du tout comment s’est terminé ce match, qui a gagné , j’entends des reniflements de derrière la plainte, l’être pleure, puis quelques grignotements, l’être mange , mais que mange-t-il ?

La prochaine fois, pour le tournoi des 6 nations, je peindrai mon oncle en vert et le match aura lieu sur mon oncle, ce sera rugby sur oncle, un peu de fantaisie ne nuit pas, même le jour… Il va arrêter de grignoter l’autre-là derrière sa plinthe ?

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