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Billet de blog 3 mars 2013

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L'Islande l'exemple à suivre : révolution silencieuse

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L’ACTION EXEMPLAIRE DU PRÉSIDENT ISLANDAIS

Écoutons comment le chef de l’État islandais fait part de son action (entretien publié par Rue89/ Le nouvel Observateur) :

QUESTION du journaliste : « Pour ce qui est de ne pas avoir sauvé les banques, l’Islande avait-elle vraiment le choix ? Et serait-ce possible de laisser des grandes banques européennes sombrer ? »

RÉPONSE du Président Ólafur Grímsson  : « Nos banques étaient importantes. Elles pesaient dix fois la taille de notre économie. Je ne dis pas que la taille ne compte pas. Mais si vous voulez parler en terme de taille, posez-vous la question : est-ce que le Portugal est un grand ou un petit pays ? Est-ce que la Grèce est un grand pays ou un petit pays ?

Pouvions-nous faire autre chose que laisser nos banques faire faillite, c’est un débat ouvert. Mais de toute façon, cela correspondait à un choix. Ces banques étaient privées : pourquoi des entreprises dans le secteur bancaire serait-elles traitées différemment de compagnies privées dans d’autres secteurs comme les technologies de l’information, Internet, les compagnies aériennes ? Ces entreprises sont tout aussi indispensables à nos sociétés, mais on les laisse faire faillite. Même les compagnies aériennes. Pourquoi les banques sont-elles traitées comme des lieux saints ? »

L’ACTION EXEMPLAIRE DU PRÉSIDENT ISLANDAIS : N’OBÉIR QU’A L’INTÉRÊT DE LA NATION ET REFUSER TOUTE INTIMIDATION

QUESTION du journaliste : « La réponse traditionnelle, c’est que leur faillite peut en entraîner d’autres et mettre le système financier à terre : il y a un risque systémique ».

RÉPONSE du Président Ólafur Grímsson  : « Ça c’est l’argument avancé. Mais regardez ce qui s’est passé en Islande avec l’affaire Icesave. Le gouvernement britannique et le gouvernement néerlandais, soutenus par l’Union européenne, voulaient que le contribuable islandais rembourse les dettes de cette banque privée, au lieu de laisser le syndic de liquidation être responsable de ces dettes.

J’ai alors fait face à un choix : fallait-il soumettre la question au référendum ? Une armée d’experts et d’autorités financières me disaient : si vous autorisez les gens à s’exprimer, vous isolerez financièrement l’Islande pour des décennies. Le scénario catastrophe serait sans fin…

J’étais devant un choix fondamental entre les intérêts financiers d’un côté, et la volonté démocratique du peuple de l’autre. Et je me suis dit : la partie la plus importante dans nos sociétés – et je le dis aussi à mes amis européens –, ce ne sont pas les marchés financiers. C’est la démocratie, les droits de l’homme, l’État de droit.

Quand nous sommes face à une crise profonde, que ce soit la crise islandaise, ou la crise européenne, pourquoi ne laisserions-nous pas l’élément le plus important de nos sociétés guider la voie à suivre ? C’est ce que j’ai fait.

Nous avons organisé deux référendums. Et dès le premier trimestre après le référendum, l’économie a redémarré. Et depuis, ce redressement se poursuit. Maintenant nous avons 3% de croissance, l’une des plus élevée d’Europe. Nous avons 5% de chômage, l’un des taux les plus bas. Tous les scénarios de l’époque, d’une faillite du système, se sont révélés faux.

LA MARIONNETTE EURO-ATLANTISTE INSTALLÉE À L’ÉLYSÉE N’A ACCORDÉ QUE 35 MINUTES MONTRE EN MAINS POUR ÉCOUTER LE PRÉSIDENT ISLANDAIS

Le témoignage qui précède est clair comme du cristal : si l’Islande a été sauvée et si son économie redémarre rapidement tandis que le peuple islandais n’a pas vraiment perdu son niveau de vie, c’est pour deux raisons très simples :

  • d’une part, l’Islande a refusé de renflouer les banques avec l’argent des contribuables et les a laissé faire faillite ;
  • d’autre part, elle a pu procéder de la sorte parce que c’est un État souverain qui ne fait partie ni de l’Union européenne ni de l’euro et qui n’a aucun ordre à recevoir ni de la Commission européenne ni de la BCE. 

C’est ce témoignage que le président islandais est venu dire à François Hollande à Paris. Seulement voilà. Le locataire de l’Élysée n’a accordé à Ólafur Grímsson que… 35 minutes pour en parler.

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