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Billet de blog 14 mai 2021

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Audrey Pulvar lâchée par le militant et journaliste anti-raciste Taha Bouhafs

Le conflit isréalo-palestinien va-t-il s’inviter dans les régionales en Île-de-France ? On serait en droit de le croire, après la prise de position particulièrement virulente de Taha Bouhafs, journaliste, militant anti-raciste et fervent soutien de la cause palestinienne, qui a divulgué dans l’après-midi du 14 mai une photographie censée prouver les sympathies pro-isréalienne d’Audrey Pulvar.

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Illustration 1

Taha Bouhafs avait répondu présent pour défendre Audrey Pulvar après ses propos controversés sur les réunions en non mixité et l’invitation adressée aux personnes blanches “de se taire” lorsqu’elles participent à ce type de réunions. Le soutien du journaliste et militant anti-raciste à la candidate du PS aux régionales en Île-de-France a manifestement fait long feu. A l’origine de la polémique, un retweet par Audrey Pulvar d’un message de l’avocat Patrick Klugman soutenant les frappes israéliennes sur la Bande de Gaza. Un partage qui a fait bondir Taha Bouhafs, défenseur de longue date de la cause palestinienne. Dans un message publié sur le réseau social à l’oiseau bleu, où il est suivi par 106 000 abonnés, le journaliste du Média a divulgué une photo d’Audrey Pulvar en voyage en Israël en compagnie de l’avocat d’extrême-droite Gilles-William Goldnadel et d’une militaire de Tsahal. Une proximité dérangeante selon Taha Bouhafs, qui pointe également le soulagement de la maire de Paris Anne Hidalgo, dont Audrey Pulvar est l’adjointe, après l’interdiction par les autorités des manifestations pro-palestiniennes. Des prises de position que le Parti socialiste pourrait bien payer cher auprès d’une certaine frange de la communauté musulmane, sensible au sort des Gazaouis.

© Taha Bouhafs 🇵🇸

Leur histoire avait pourtant bien commencé 

Avant que le regain du conflit israélo-palestinien ne s’invite dans l’actualité des régionales franciliennes, Taha Bouhafs n’avait pas eu de mots assez favorables pour Audrey Pulvar. L’influent journaliste, qui est chargé notamment du suivi des conflits sociaux pour Le Media, n’avait pas hésité à reprocher au premier secrétaire du PS Olivier Faure, dans les cordes à cause son absence de soutien à l’égard de sa candidate en Île-de-France, de lâcher Audrey Pulvar en rase campagne face aux attaques de la droite et de l'extrême droite.

© Taha Bouhafs 🇵🇸

Pour Bouhafs, Faure aurait plutôt préféré “paraître respectable aux yeux de l’extrême droite avec qui il hurle depuis plusieurs jours, que soutenir sa propre candidate” dans la région Île-de-France. 

Réaffirmant son indéfectible soutien à l’égard d’Audrey Pulvar, en proie à des attaques racistes et des torrents de boue tous azimuts, Taha Bouhafs avait également salué le “changement de cap” de la candidate sur les problématiques relatives aux personnes racisées et aux enjeux sociaux qui en dépendent.

© Taha Bouhafs 🇵🇸

Il faut dire que depuis son entrée en campagne Audrey Pulvar s’est signalée, à plusieurs reprises par des prises de position audacieuses, de son appel donc consistant à demander “à une femme blanche ou à un homme blanc de se taire”, jusqu’à ses déclarations récentes établissant une corrélation entre le vote pour les extrêmes et la montée de l’abstention comme conséquences concrètes du réchauffement climatique. Désireuse de mener une campagne en rupture avec les bases et fondamentaux historiques du socialisme francilien, Audrey Pulvar s’était très fortement rapprochée ces dernières semaines du courant anti-raciste. Cette stratégie électorale, source de nombreuses critiques, devait permettre à la candidate socialiste d’affirmer son leadership sur une gauche plurielle francilienne, tiraillée entre la liste conduite par Clémentine Autain (LFI) et celle portée par les écologistes autour de leur figure de proue dans la région, Julien Bayou. 

Un lâchage qui sonne comme un coup d’arrêt pour la stratégie Pulvar

Mais la ductilité consubstantielle de cette stratégie est visiblement en train de jouer un mauvais tour à Audrey Pulvar, toujours à la peine dans des sondages qui, livraison après livraison, donnent à penser que la tête de liste Île-de-France en Commun pourrait se retrouver au soir du premier tour loin derrière Clémentine Autain et Julien Bayou, à la cinquième ou sixième position de l’élection.

Comble de malchance, le départ, communiqué à la presse le 12 mai, de Bertrand Kern, maire PS de Pantin, jusque-là tête de liste Île-de-France en Commun pour le département de Seine-Saint-Denis et figure majeure du socialisme francilien, a constitué un nouveau coup de semonce pour Audrey Pulvar, sommée de revoir sa stratégie en catastrophe.  Quant à la prise de position virulente de Taha Bouhafs, en date du vendredi 14 mai, sur fond de résurgence du conflit israélo-palestinien, elle vient doucher les espoirs de la candidate socialiste de pouvoir faire une incursion dans leur coeur vibrant de l’anti-racisme militant et des soutiens historiques de la cause palestinienne qui, en juin prochain, devraient se départager  entre Julien Bayou et Clémentine Autain.

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