« Enfants de la Patrie vous vengerez ma mort. » Elle avait alors 45 ans.
Testament
Contente d'avoir servi (la cause du peuple) ; d'avoir sacrifié ma fortune au triomphe de la liberté ; enfin d'avoir donné mon fils, un vrai défenseur de la patrie, je ne cherchais que la retraite la plus obscure, la chaumière du philosophe, digne et douce récompense de ses vertus !
…..
Mon fils, la fortune du monde entier, l'univers asservi à mes pieds, les poignards de tous les assassins, rien ne pourrait éteindre cet amour civique qui brûle dans mon âme, rien ne pourrait me faire trahir ma conscience. Hommes égarés par des passions délirantes, de quels maux incalculables n'avez-vous pas amassés sur Paris, sur la France entière ?
…....
Si vous ne vous êtes point trompés, si trente-deux victimes peuvent éteindre les haines et les passions, si elles peuvent faire déclarer, par les puissances étrangères, la république indépendantes, et détruire l'armée des contre-révolutionnaires, hâtez-vous de faire couler leur sang sur les échafauds ; je vous offre une victime de plus. Vous cherchez le premier coupable ? C'est moi ; frappez.
…....
Citoyens ! Vous pouvez me donner la mort, mais vous vous rappellerez malgré vous mes prédictions et mes vertus civiques. Il est temps de faire l'énumération de mes legs, qui ne seront peut-être pas indifférents à la société, et dans lesquels je me permettrai un peu de cette gaieté que j'ai toujours mise dans tout ce qui me concerne.
Je lègue mon cœur à la patrie, ma probité aux hommes (ils en ont besoin). Mon âme aux femmes, je ne leur fait pas un don indifférent ; mon génie créateur aux auteurs dramatiques, il ne leur sera pas inutile, surtout ma logique théâtrale au fameux Chesnier ; mon désintéressement aux ambitieux, ma philosophie aux persécutés, mon esprit aux fantastiques, ma religion aux athées, ma gaîté franche aux femmes sur le retour, et tous les autres débris qui me restent d'une fortune honnête, à mon héritier naturel, à mon fils, s'il me survit.
…....
Français, voici mes dernières paroles, écoutez moi dans cet écrit, et descendez dans le fond de votre cœur : y reconnaissez-vous les vertus sévères et le désintéressement des républicains ? Répondez : qui de vous ou de moi chérit et sert le mieux la patrie ? Vous êtes presque tous de mauvaise foi. Vous ne voulez ni la liberté ni la parfaite égalité. L'ambition vous dévore ; et ce vautour qui vous ronge et vous déchire sans relâche, vous porte au comble de tous les excès. Peuple aimable, devenu trop vieux, ton règne est passé, si tu ne t'arrêtes
pas sur le bord de l'abîme. Jamais tu ne fus plus grand, plus sublime que dans le calme majestueux que tu as su garder au milieu des orages sanguinaires ; rappelle-toi qu'on peut te tendre les mêmes pièges ; et si tu peux conserver ce calme et cette auguste surveillance, tu sauves Paris, la France entière et le gouvernement républicain.
…..
Signé, OLYMPE DE GOUGES.
Ce 4 Juin 1793, l'an deuxième de la république française.
De son vivant, Olympe de Gouges a été souvent victime de la misogynie ordinaire, et fut discréditée par l’incompréhension et le suivisme idéologique. Aucun article de fond, aucune recherche sérieuse ne lui a ainsi été consacrée par la revue de référence de la Société des études robespierristes (AHRF) dont le premier numéro consacré aux femmes est publié en 2006.
Son fils, l’adjudant général Aubry de Gouges, par crainte d’être inquiété, la renia publiquement dans une « profession de foi civique». Le procureur de la Commune de Paris, Pierre-Gaspard Chaumette, applaudissant à l’exécution de plusieurs femmes et fustigeant leur mémoire, évoque cette « virago, la femme-homme, l’impudente Olympe de Gouges qui la première institua des sociétés de femmes, abandonna les soins de son ménage, voulut politiquer et commit des crimes [...] Tous ces êtres immoraux ont été anéantis sous le fer vengeur des lois. Et vousvoudriez les imiter ? Non ! Vous sentirez que vous ne serez vraiment intéressantes et dignes d’estime que lorsque vous serez ce que la nature a voulu que vous fussiez. Nous voulons que les femmes soient respectées, c’est pourquoi nous les forcerons à se respecter elles-mêmes. »
Le Panthéon, demain, sera plus beau, avec Olympe de Gouges et Solitude. (oui, il aurait pu être plus beau - ELLES le méritaient)
Louis-Georges Tin (Porte-parole du CRAN), Claudine Tisserand (vice-présidente du CRAN) http://olympedegouges.wordpress.com/
http://fr.wikipedia.org/wiki/Olympe_de_Gouges