La veulerie à son comble.
En Syrie laïque, le religieux musulman le plus connu a pris parti dans la guerre civile et déclaré une fatwa contre le peuple musulman syrien, à la demande de Assad.
(extrait du témoignage d'un citoyen Syrien de Damascus qui ne peut donner son identité pour des raisons de sécurité).
Un décret religieux très surprenant du gouvernement syrien a nommé le grand mufti Ahmad Hassoun porte-parole des musulmans syriens. Ce dernier a décrété une fatwa appelant tous les musulmans à se battre pour le régime du Président Bashar Assad contre les rebelles qui se sont soulevés contre le régime il y a déjà deux ans.
« Je demande instamment aux fils de Syrie de joindre l'armée et de se battre pour l'unité de ce grand pays. » Il demande aux parents de pousser leurs enfants « vers leur devoir, et de ne pas s'inquiéter car ils ne seront pas tués, mais récompensés par Dieu ». Il a ajouté que c'est un devoir pour tous les musulmans.
Certains religieux du monde arabe ont été très critiques de cette prise de position, et les réactions ne se sont pas faites attendre.
Hassoun est un membre de la majorité Sunnite en Syrie et il a toujours été un supporter de Assad sans avoir jusqu'à présent pris parti officiellement. Il y a de nombreuses minorités en Syrie et il avait jusqu'à présent la réputation d'encourager le dialogue inter-religieux. Assad appartient aux Alawites, un dérivé de l'Islam Shiite.
La déclaration de Hassoun a stupéfait les Syriens car le gouvernement d'Assad a depuis toujours déclaré que le soulèvement étaient le fait d'extrémistes extérieurs qui propageaient la violence en Syrie et n'a jamais admis qu'il pouvait s'agir de jihadis.
Par ailleurs, ce régime a depuis très longtemps fait valoir qu'il était laïque. Le Parti Baath auquel appartient Assad est au pouvoir depuis plus de 40 ans, et s'est opposé à maintes reprises aux religieux. Ainsi dans les années 1980, les hommes portant de longues barbes démontrant ainsi un certain fanatisme religieux ont souvent été poursuivis, emprisonnés et certains même ont disparu, alors que les fillettes n'avaient pas le droit de porter le voile ou le hijab à l'école. De même sur les chaînes de télévision publiques et dans les séries télévisées, les femmes portent très rarement le voile.
Etant donné cette reconnaissance de la laïcité de l'état, de nombreux syriens ont été sidérés lorsque le présentateur de télévision recevant Hassoun a commencé par lire la fatwa suivie par des versets du Coran.
Une vieille habitante de Damascus, visiblement en pleine confusion s'est exclamée : « Quoi ? Est-il en train de réciter le coran ? C'est comme si l'Union Soviétique invoquait Jésus !
Les médias sociaux appellent Hassoun : « Shaytoun », un jeu de mot signifiant le diable. De nombreuses réactions se déversent sur la toile.
Les milices pro-régime, les shabiha, ont une réputation de cruauté et d'abus. De nombreuses vidéos ont fait surface les montrant en train d'abuser des rebelles capturés, et plus particulièrement les barbus et religieux. Ils leur disent : « Seul Bashar est votre Dieu ».
Les médias arabes les plus importants dénoncent l'attitude d'Hassoun et le discrédite en publiant des déclarations contradictoires qu'il a faites dans le passé.
Ainsi en 2011, au début de la révolution égyptienne et juste avant le soulèvement en Syrie il a déclaré que c'était contre l'éthique pour les religieux de prendre parti dans ces mouvements populaires. « Notre rôle n'est pas d'encourager la violence au sein du peuple, mais au contraire de promouvoir l'harmonie dans la société. Pour nous, dire à la télévision au peuple de tuer leur leader ou dire au dirigeant de tuer leur peuple n'est aucunement notre droit. La seule chose que nous pouvons dire au dirigeant : Que Dieu vous aide. Soyez juste avec votre peuple. » avait-il déclaré.