Les biopesticides : espérance de croissance de 10 à 15 % d'ici 2015.
A la suite de l'utilisation intensive des produits phytopharmaceutiques ou pesticides à partir des années 1940 et leur usage sans limite jusqu'en 1960, on s'est de nouveau intéressé, pour un meilleur respect de l'environnement, à la lutte biologique moderne qui est due à l'américain C.V. Riley à la fin du 19e siècle.
L'appellation biopesticides semble être réservée aux produits en phase de commercialisation.
Pour certains, ce vocable correspond uniquement à l'utilisation d'organismes vivants (auxiliaires, prédateurs, parasitoïdes ou pathogènes).
D'autres estiment qu'il peut s'appliquer aux composés d'origine biologique (phéromones , kairomones, éliciteurs... synthétisés artificiellement pour la plupart qui sont des diffusions dans l'air de molécules ou de substances chimiques afin de perturber les comportements des insectes et des plantes).
Si tous les biopesticides, quelle que soit leur définition, ont une identité biologique à l'origine, ils ne sont pas forcément naturels. Cette précision est d'importance pour le développement de ces produits phytosanitaires. En effet, quand les sources naturelles d'approvisionnement sont restreintes, le recours à la copie synthétique de molécules identifiées dans les organismes biologiques devient nécessaire.
Une autre manière d'exploiter le mode d'action des biopesticides consiste à introduire, dans la plante, le ou les gènes codant pour leurs toxines ; l'exemple le plus actuel concerne les variétés Bt de maïs ou de coton. Cette stratégie, donnant des organismes génétiquement modifiés fait partie intégrante de la lutte génétique, au même titre que la création de variétés conventionnelles résistantes.
Malgré leur succès, les biopesticides ne représentent que 1 à 2 p. 100 du marché phytosanitaire mondial qui demeure largement dominé par les produits chimiques de synthèse (135 milliards de dollars en 2006).
Le marché des bio-insecticides, dominé par Bt (*) à 90 p. 100, atteint quant à lui environ 2 p. 100 du marché mondial des insecticides.
Cette situation est due au fait que ces produits sont spécifiques. En effet, une phéromone ou un biopesticide actif uniquement sur un seul insecte, ou encore un herbicide spécifique d'une plante à éradiquer, n'offre qu'un marché réduit qui n'incite qu'à un investissement industriel prudent.
Pour autant, les espoirs d'une plus grande exploitation commerciale des biopesticides sont renforcés par quatre dynamiques :
la pression sociale et réglementaire pour une réduction de l'usage des pesticides chimiques, qui ne cesse de croître ;
les progrès significatifs de formulation de nombreux biopesticides, qui offrent de réels progrès aux agriculteurs ;
la restructuration de l'agrochimie, qui intègre simultanément la production de pesticides organiques de synthèse, celle de biopesticides, voire celle de plantes génétiquement modifiées ;
le comportement de nombreux agriculteurs qui recherchent des produits moins polluants, durablement inscriptibles dans de nouveaux systèmes agricoles, simples à appliquer, porteurs d'une image positive pour leurs productions même si finalement leur efficacité à court terme est plus faible.
Tous ces arguments permettent donc à certains d'espérer que les prévisions optimistes de croissance de 10 à 15 p. 100 de parts de marché d'ici à 2015 pour les biopesticides se réalisent. Le développement de ces composés s'inscrit dans le cadre de l'agriculture et du développement durable, en proposant des solutions parallèles ou complémentaires à l'utilisation des pesticides organiques de synthèse.
Toutefois, pour promouvoir leur essor commercial, des efforts sont nécessaires, tant sur le plan d'une clarification réglementaire et des méthodes d'évaluation qui y sont associées que sur celui de l'amélioration de la qualité des formulations des biopesticides. Autre contrainte : l'emploi des procédés de lutte biologique implique souvent des compétences de terrain encore insuffisamment développées.
(*) Le Bacillus thuringiensis (Bt) est le traitement le plus utilisé en agriculture biologique. Il est utilisé depuis plus de 40 ans de façon relativement sécuritaire.
Le nom de Bacillus thuringiensis fut, suite à la découverte de S. Ishiwata, introduit en 1911 par le biologiste E. Berliner qui l’avait remarqué dans des silos à grains de Thuringe. Cette bactérie est une bactérie Gram+ qui fait partie des bactérie à endospores.
Elle reste très courante dans la nature : on la trouve dans près de 18% des sols naturels. C’est un parasite d’insecte qui se développe abondamment dans les silos à grains et les greniers où les larves d’insectes sont nombreuses et les conditions climatiques et de luminosité sont favorables.
La variabilité de Bt est très grande mais chaque souche est spécifique et active sur un nombre limité d’espèces.
Un des critères de choix des souches utilisées comme insecticides porte sur l'absence de b-exotoxines dangereuses pour l'homme.
Les toxines de Bt présentent un intérêt majeur dans la lutte contre les insectes ravageurs ou vecteurs de maladies : on a donc cherché à appliquer comme biopesticides ces bactéries et leurs toxines sur les cultures ou les habitats de vecteurs.
Les gènes codant pour certaines de ces toxines ayant été isolés et clonés, il a été possible de les intégrer dans le génome de plantes cultivées. C'est la source principale de la transgénèse végétale.
L'efficacité de l'utilisation de Bt comme insecticide est reconnue mais pourrait rapidement diminuer si on ne fait rien pour éviter l'apparition précoce d'insectes résistants.
(Le Bt est un organisme vivant comme les champignons, les virus ou les nématodes = vers ronds. Ils ne sont pas persistants dans l'écosystème).
Actuellement, en France, les auxiliaires de lutte biologique comme tous les autres macro-organismes sont soumis à la loi 95-101 du 2 février 1995 (dite loi Barnier) relative au renforcement de la protection de l'environnement.
à partir de « Lutte Biologique » – Auteurs :
Guy RIBA (directeur délégué général de l'Institut national de la recherche agronomique)
René SFORZA (docteur ès sciences, chercheur entomologiste)
Christine SILVY (ingénieur, documentaliste)
autre source : Wikipédia divers et notamment http://pestinfos.voila.net/Btinfos.html