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Billet de blog 19 juillet 2009

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Les chanteurs zoulous de Robyn

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Quand la journaliste Rosita Boisseau interroge la chorégraphe Sud Africaine Robyn Orlin et lui demande

Vos Héros d’enfance le sont-ils toujours ?

Celle ci lui répond :

Oui, Nelson Mandela

Ce Dimanche à 16 heures au Théâtre de verdure du Musée du Quai Branly.

La chorégraphe Sud Africaine Robyn Orlin donnera une pièce sobrement intitulée :

« walking next to our shoes …intoxicated by strawberries and cream, we enter continents without knocking… »

Cette pièce est conçue avec les douze chanteurs traditionnels zoulous, de la chorale « Phuphuma Love Minus » dont certains quittent leur pays pour la première fois.

Leur spécialité est l’ Isicathamiya.

Il est question de la pauvreté et de ceux qui marchent à coté de leurs pompes… pour ne pas faire de bruit.

Au début du XX ème siècle , les travailleurs zoulous pour ne pas faire de bruit en rentrant dans leur hotels- dortoirs, communiquaient en murmurant des chansons douces a cappella, cela s’appelle l’ Isicathamiya.

Robyn Orlin, met en valeur la beauté magique de ce cérémonial underground dans la plus pure tradition. Ici, rien que la danse et les chants graves et polyphoniques, pour évoquer le quotidien,l’amour et l’Afrique post-apartheid.

L’artiste provocatrice qui ne manque jamais de mettre le public à contribution, à travers ses créations redessine l’art de la scène dans son pays. Elle mélange avec audace origines et identités, unissant cultures traditionnelles populaires et audace de l’avant-garde.

Pendant deux ans, l’artiste a été accueillie en résidence au Centre National de la Danse de Patin. Entrevue :

Depuis deux ans, vous passez une grande partie de votre temps à Berlin, pour des raisons strictement privées, toutefois, faut-il chercher à votre présence en Europe une résonance philosophique, politique, ou artistique ?


Robyn Orlin :

Ça a effectivement quelque chose de fort sur le plan symbolique. Mon père était lituanien, ma mère polonaise. Juifs, progressistes, ils ont dû fuir l’Europe nazie et se sont retrouvés en Afrique du Sud. Ma présence à Berlin constitue donc une confrontation très forte avec la mémoire. C’est un nouveau changement dans ma position : en Afrique, ma préoccupation est de savoir de quelle façon être blanche et pleinement africaine. En Europe, il me faut me demander de quelle façon je suis juive parmi les Européens.
Quant à ma vie d’artiste, L’Europe se révèle très stimulante. En Afrique, même dans ma position, il est vraiment difficile de survivre. Il y a très peu de moyens, peu d’ouverture aussi. C’est en train de changer, mais cela demande du temps. La richesse européenne, cela consiste aussi à avoir beaucoup d’artistes au travail, avec la confrontation d’idées, la circulation d’oeuvres, la recherche d’innovation, que cela entraîne.

"Daddy, I've seen this piece six time before..."

Qu’espérez-vous trouver plus précisément au Centre National de La Danse à Pantin ?


R. O. :

C’est une occasion rêvée de travailler avec de vrais moyens, sur un projet dans la durée. Même si on me connaît largement sur le plan international, je n’ai pas ces moyens habituellement. En Seine-St-Denis, je suis très intéressée par l’environnement humain, social. Il y a là toute une population très diverse, qui a ses difficultés. C’est aussi une des dernières zones d’influence communiste.
Ça m’intéresse. C’est tout ce que je dois explorer. Je dois surtout apprendre, et j’en ressens l’envie très fortement.
Quant au CND plus particulièrement, il me semble important que ce ne soit pas un lieu où la danse exclut le reste du monde. Comment faire que le CND reste lui-même, un formidable lieu professionnel, tout en allant plus dans la rue, rencontrer d’autres personnes, faire qu’elles aussi trouvent l’envie et les moyens d’y pénétrer ? En Afrique du Sud, l’inégalité dans l’accès à la culture est criante. En France, j’ai l’impression que règne un intérêt pour la culture tout à fait exceptionnel, mais que se pose quand même la question de savoir qui y a accès ou pas.

We must eat our suckers with the wrapper on… .”

“On doit manger nos sucettes avec leur emballage.. »

« Monpellier dans 2007 » le sida et ses corps

Votre engagement, est que nul ne soit exclu de la culture. Mais devant votre dernière pièce vue à Paris « when I take off my skin… » beaucoup de spectateurs quittent la salle. Est-ce qu’il n’y a pas là une forme de contradiction ?


R. O
. :

De la contradiction, oui. Mais vivante. D’abord, vous avez vu que nous interpellions les gens pour qu’ils ne s’en aillent pas. S’ils le font quand même, ça devient un acte manifeste, pas une fuite en rasant les murs dans son coin. Je ne conçois pas mes pièces exprès pour que des gens ressortent en colère. Mais je trouve nécessaire que cela se produise aussi éventuellement, que les choses ne soient pas faciles, bêtement évidentes, même si ça doit provoquer du chahut. Plein de choses se passent aussi comme ça.

photo Agathe Poupeney

« When I take off my skin »

En France, votre image est celle de l’artiste qui s’est battue contre l’apartheid. Pour un français, c’est assez confortable d’être contre le racisme en Afrique du Sud. Mai cette fois en France au milieu des français, qui ont leur propre histoire avec le colonialisme, et leur propre vécu avec le racisme, comment votre position d’artiste risque t-elle d’évoluer ?

R. O. :

C’est une question très difficile, et c’est tout l’intérêt. Trouver la position, ou peut-être les positions, qui demeurent créatives, refuser que cela se fige, mettre à nouveau du mouvement et donc de la contradiction, voilà très exactement ma fonction d’artiste. Je veux par exemple saisir la complexité infinie du racisme, qui est à la racine du colonialisme. J’ai à présent une petite fille noire. Je passe mon temps à essayer de saisir comment elle est vue par les autres, comment elle le ressent aussi, et à réfléchir comment je peux me positionner et bouger avec ça.
Embrasser toutes ces questions depuis Pantin, c’est effectuer tout un voyage. Je vais devoir tout ré-envisager, même en continuant de travailler avec les mêmes éléments (la place de la culture dans la société, la guerre, le racisme, etc) et avec ma personnalité qui est profondément africaine. Même sur ce point, être ici va m’en faire découvrir beaucoup. Est-ce que cette nouvelle position va transformer mon travail d’artiste ? Sûrement. Comment ? Je ne le sais pas. Je fais.
Mais je remarque que je viens de créer successivement trois solos, pour trois femmes, qui ont trois positions particulières en Europe : Ann Crosset, Sophiatou Kossoko (qui est à la fois française et africaine, c’est bien particulier) et Vera Mantero. Le solo n’est pas ma forme habituelle et c’est une occasion de mettre be
aucoup de choses à plat. J’ai l’impression d’être devant une mosaïque de formes et de couleurs et de changer l’emplacement de certaines pièces. Ne jamais se figer à une place.

Propos recueillis pas Gérard Mayen.

Photo John Hogg

http://www.robynorlin.com/

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