La petite Paulette s'en va... (avatar)

La petite Paulette s'en va...

Abonné·e de Mediapart

34 Billets

3 Éditions

Billet de blog 21 juin 2009

La petite Paulette s'en va... (avatar)

La petite Paulette s'en va...

Abonné·e de Mediapart

Peeping Tom s'est installé aux Abbesses

Pendant deux semaines à la fin mai, le collectif flamand, Peeping Tom, a investi le Théâtre de la Ville « côté » Abesseset emballé le public, avec sa trilogie familiale, Le Jardin (2001), Le Salon (2004), Le Sous-Sol (2007).

La petite Paulette s'en va... (avatar)

La petite Paulette s'en va...

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Pendant deux semaines à la fin mai, le collectif flamand, Peeping Tom, a investi le Théâtre de la Ville « côté » Abesseset emballé le public, avec sa trilogie familiale, Le Jardin (2001), Le Salon (2004), Le Sous-Sol (2007).

.

Ce collectif Bruxellois est né en 1999, de la rencontre entre l’argentine Gabriela Carrizo, et du français Franck Chartier,sur le plateau du chorégraphe Alain Platel créateur des ballets C de la B.

Seulement 3 pièces à l’actif de la Cie, mais déjà un succès international .

L’aventure avait commencé dans une caravane sur le parking souterrain de Beaubourg. Tom le voyeur (en français)a emprunté son nom au thriller des années 60 du réalisateur Michael Powell.

L'œuvre de Peeping Tom entre la danse et le théâtre, portée par une omniprésence musicale, nous donne à voir la vie crûment, sans tabous, dans un mélange de trivialité et de mystère. Il s’y déploie un art ravageur, à l’humour corrosif, la performance physique spectaculaire est parfois éprouvante. Peeping Tom veut inventer une nouvelle danse, il empreinte même aux techniques du cirque. La préparation d’un tel spectacle demande un entraînement intense et d’un engagement sans concession, des mois à l’avance.

C’est la première fois que la trilogie est donnée dans son intégralité en France

C’est au salon que je me suis installée pour découvrir l’œuvre de ces artistes de la danse flamande.

Le Salon - © Maarten Vanden Abeele

Sur le plateau : Quatre générations : 3 danseurs, un danseur acteur et chanteur, une mezzo soprano… une enfant , Emma aujourd’hui cinq ans, la fille du couple Carrizo-Chartier remplacée en France, par une poupée (loi oblige)

Simon Versnel, l’acteur chanteur joue le rôle de son père (qu’il vient de perdre) quelques jours avant sa mort.

Dans le décor réaliste.. d’un salon cossu et fatigué, comme « l’ancêtre » qui nous fait face, écroulé dans son fauteuil, les scènes se succèdent et nous racontent le naufrage inéluctable d’un destin familial.

Photo : JP Maurin

Un couple énamouré s’éternise dans un interminable baiser scellé, au risque d’étouffer dans cette danse rendue comique, la progéniture qu’ils étreignent dans leur bras.

Un danseur aquatique… jaillit sur scène en glissant sur le ventre et traverse le plateau de la cour au jardin.. Son corps se tord, se contorsionne.. tourbillonne sur lui même furieusement tel un jet d’eau.

Un vieillard vacillant, chavire et subit les assauts d’une chanteuse, sans âge, plantureuse et courte vêtue .. qui déambule et égrène imperturbable, son chant de sirène.

Un corps tel un jouet, foulé, piétiné,assujetti, interprète une danse grotesque et virtuose tel un jouet désarticulé.

Il est question de couple in love, de désamour, de vieillesse, d’héritage, de concupiscence,et d’incontinence ; d’hospice et de deuils, de moments qui vacillent, d’instants suspendus… de tourbillons et d’émotions, de brutalité quelque fois, rarement,de tendresse, mais pas ou peu de douceur, de cruauté , du désespoir, et d’égarement, de l’amour et du dérisoire, de férocité, de folie, de solitude plurielle et singulière.


Et c’est tout cela que l’on nous donne à voir et l’on rit aussi beaucoup, car rien n’est jamais glauque…ni ordinaire, le propos est toujours sauvé par la distance de l’humour et de la théâtralité, portés par la musique.
A l’image de cette chorégraphie, acrobatique, parfois brutale et éprouvante, cette pièce nous entraîne plutôt nous traîne, nous trimballe dans les tumultes de cette vie familiale et de ses turpitudes.

Photo Maarten Vandenabeele

Malgré ces moments un peu spectaculaires.. où la danse se fait performance.. .. à notre insu, à nouveau, cette énergie gestuelle puissante, nous agrippe, nous saisit, nous happe, nous rattrape… et nous fait entendre ce que les mots ne pourraient dire. Et l’on atteint des instants de grâce, dans ses moments à l’unisson, où tout entre en résonance dans un juste équilibre…la danse, le théâtre, la musique et le propos…Et l’on vibre aussi en concordanse.

Le Salon" © Marc Deganck

On sort un peu comme ces danseurs sur les genoux…

Avec un seul regret, ne pas avoir vu cette trilogie dans son entier

Au cours de l’interminable descente des 150 marches de l’escalier en spirale,Montmartreoblige…Tout résonne encore dans ma mémoire,car ce Peeping Tom touche à l’essentiel de nos vies, il convoquenos fragilités, et s’engouffre impitoyablement dans toutes nosfailles. Tom le voyeur porte bienson nom.

Arrivée sur le quai, presque désert de la station Abbesses,je capture une dernière image…

Photo Cendrine Cazenave

Dans ma tête cette musique lancinante

The woman I'm thinking of,
she loved me all up...

Paris Juin2009

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.