C’est la puissance d’incarnation d’un être, la manière dont il fait respirer sa Vie, qui le rend merveilleux et inoubliable.*
Sidi Larbi Cherkaoui danseur et chorégraphe sorti du giron Platel et des Ballets Comtemporains de la Belgique, son nom est un comme un pèlerinage sur soi
Pèlerinage dans le sens où mon nom peut faire réfléchir des gens qui ont un certain « à priori » face à une culture qui n’est pas la leur.*
Sidi Larbi Cherkaoui, dont les origines, sont comme un grand écart entre Maghreb et Pays Flamand, est né en 1977 dans la banlieue d ‘Anvers. Il est belge par sa mère et marocain par son père qui immigra en terres flamandes au cours des années 60.
Enfant, Sidi étudia dans une école coranique et passa son temps à dessiner et reproduire des œuvres de la peinture Flamande. Il adore le latin et les mathématiques, il veut danser, son père refuse. Le divorce de ces parents sera pour l’artiste libératoire.
« J'ai grandi entre plusieurs religions - musulmane par mon père et chrétienne par ma mère - et je suis complètement athé. A 6 ans, à l'école, les enfants croyaient au Père Noël; ma mère, elle, croyait en Dieu. J'ai alors compris que la religion de chacun est une manière de rejeter la croyance de l'autre. J'ai toujours eu un côté caméléon pour m'adapter aux différents univers. ”
En 1995, le danseur reçoit le premier prix pour le meilleur solo de danse belge à Gand, un concours lancé par Alain Platel.
A la mort de son père, nous sommes en 1996, Sidi se rappelle combien celui ci tenait à ce qu’il suive un enseignement théorique et sérieux. Il l’applique ce conseil à travers son travail dans la danse, en mêlant pratique et savoir.
Avec la danse, Sidi a trouvé .. un pays. Il veut comprendre le monde et trouver se qui relie les hommes, à travers les danseurs,qu’il aime passionnément, les exilés du monde entier, avec leur gestes, leurs rythmes et cette façon de bouger de leur terres lointaines. C’est avec eux, qu’il veut construire la danse de toutes les cultures.
Son oeuvre porte l’empreinte essentielle de cette multiculturalité et de la différence.
Il y a ce voyage interculturel, ce souffle, qui fait que tout vient d’ailleurs. Et les choses qui sont ici iront aussi vers un ailleurs*
Un pays donc, aussi pour trouver sa place pour exprimer son identité, dans sa pluralité et l’expression de ces différences. Qu’elles soient culturelles , ethniques, sexuelles, religieuses, les créations de Cherkaoui sont presque toujours en relation avec l'exploration de l'identité, traversées par les voix de la langue partagée, de chants médiévaux déchirants ou du plain-chant, avec son complice Damien Jamet avec qui il composera de nombreuses pièces notamment Rien de Rien en 2000 où le jeune l’artiste très (sans doute trop) prolixe, nous livre un mélange d’images évocatrices, autour de chants populaires italiens. Cette pièce l’imposera sur la scène de la danse contemporaine.
La danse comme un espace de liberté
Sidi intègre des acteurs et danseurs trisomiques à ces créations.
Avec la troupe du théâtre Stap et Nienke Reehorst. Il créé en 2002 la Pièce OoK .
Avec Ook, ce groupe jusque-là lié au théâtre a sauté le pas pour entrer dans la danse.
Si être interprète signifie pouvoir se lover dans les plis d'un autre, affecter la vibration, jouer du sentiment, alors les dix acteurs de Ook ne sont pas des interprètes. Mais si être interprète signifie faire voyager une salle, rendre des spectateurs éminemment disponibles aux choses et aux êtres durant une soirée, montrer que le "comme si" de la scène cherche toujours à conjurer l'empêchement et la terreur, alors ces dix-là, tous handicapés mentaux, sont de grands interprètes.
L’échange, la rencontre
Les autres sont autant de miroir qui incitent à la remise en question.*
En 2005, Sidi crée et danse, pour le Théâtre Sadler’s Wells à Londres. un duo important, Zero Degrees, avec le danseur Anglo Bengali Akram Khan
Ces deux jeunes artistes, issus de familles musulmanes immigrées, se comprennent et transcendent leurs origines vers un langage commun.
Le corps devient une patrie, une écriture à part entière. Ce duo est un trait d’union entre la tradition et le monde contemporain.
"En Inde, les danses étant liées à la religion, il n’a jamais eu à se heurter au père."
A cette occasion Cherkaoui rencontre le sculpteur Anthony Gormley.
En 2006 Sidi prend son autonomie et s'installe en résidence au Toneelhuis d'Anvers.
Le corps et l'esprit ne sont qu'une même chose
Créée à Londres en mai 2008 et présentée au Festival d’Avignon , la dernière création de Sidi Larbi Cherkaoui Sutra ,débarque à Paris au Palais de Chaillot.
Le chorégraphe belge réalise un rêve d’enfant fasciné par les arts martiaux et la puissance de Bruce Lee, suivant les traces de son héros, il part à la rencontre des moines Shaolin, du temple ancestral du Henan, pour s’imprégner de leur légendaire maîtrise corporelle et offrir en retour une expérience chorégraphique inédite, qui inaugure la rencontre entre la danse contemporaine et le kung-fu.
Selon les principes bouddhiques, interrelations entre corps et âme, maîtrises des énergies vitales, étude comparée des mouvements avec ceux de la nature.
Dans cet échange, les moines convertis à la danse contemporaine, jouent avec une virtuosité sobre et poétique dans un décor composé par le sculpteur complice Antony Gormley.
Sur scène, 20 blocs en bois de taille d’homme, autant de moines Shaolin, un « mini moine » de 11 ans.
Cherkaoui inscrit au cœur de cette trame visuelle un travail sur les thèmes de la solitude, de la différence et de l’intégration.
Seul au milieu des moines, il évolue à l’écart. C’est le jeune Shaolin, avec lequel il noue une complicité sur scène, qui rapprochera finalement les deux mondes, dans une scène de kung-fu finale et collective.
Sherkaoui veut dire en arabe « Là où le soleil se lève»
*extraits pèlerinage sur soi « le souffle de l’esprit » Actes Sud
Sutra
Du 25 au 27 Juin 2009 Théâtre National de Chaillot
COMPLET
OoK
Création 2002 – Première à Paris
Festival Paris Quartier d’Eté
Du 23 au 25 juillet 2009 à 22h - Palais Royal, Cour d'Orléans (1er)
Spectacle en flamand surtitré