Le plus européen des américains, le chorégraphe William Forsythe, présente sa dernière créationYes we can’t en première mondiale, au Théâtre National de Chaillot. jusqu’au 28 mars.
La quinzaine de danseurs remarquables, qui composent The Forsythe Company, s’y produit à guichets fermés.
déconseillé aux moins de 12 ans
Yes we can’t, au titre quelque peu ironique, est une pièce sombre, mêlant tristesse, violence et ironie.
Par une successions de tableaux contrastés, qui évoquent l’isolement, l’insécurité, le chorégraphe se moque du discours politique et décrit une société troublée et désorganisée.

Chorégraphe et citoyen engagé, soucieux aujourd’hui de traduire son époque, William Forsythe semble plutôt pessimiste au regard de cette dernière pièce.
« je me sens blessé et menacé par le monde. Mon art est le résultat de mon propre traumatisme"
William Forsythe fait la démonstration de cet engagement dans la pièce Tree atmosphéries Studies qui fut présentée également Au Théatre de Chaillot en Octobre 2006.
Les studies sont elles un réglement de compte avec la politique de Bush ?
Pour moi qui suit américain, il était très important de faire ce ballet. Isolé on a peu d’influence, les individus sont véritablement démunis face à cette politique. La seule chose que je puisse faire, c’est ce geste .Je tiens absolument à montrer ce ballet en Amérique
Cette pièce perfomance rageuse et réflexive, (sur le conflit Irakien ), met en exergue dans sa mise en scène,les énergies mortifères générées par ce conflit.
Chez Forsythe, jamais de caricature, d’obscénité, l'artiste met toujours une distance salutaire au service de son propos
« nous n'essayons jamais de représenter directement la douleur- c'est trop pathétique. Nous traitons le sujet plutôt sobrement, nous agissons dans un espace physique"

One flat thing reproduced (2000) 14 danseurs (vidéo de l'article)
Autre pièce incontournable de l'artiste, sera (re) présentée par le Ballet de l'Opéra de Lyon, au sein d'un programme William Forsythe.
au Théatre de la ville du 7 au10 Avril 2009 et 14 au 16 Avril

One flat thing reproduced, commence par un hurlement. Pareilles à des plaques de glace aux arêtes acérées, vingt tables volent vers l'avant et deviennent surface, sous sol et ciel pour une envoléede danseurs déchaînés. Une meute de corps se démène, fouette l'air telles des lames de rasoir dans des entrelacs périlleux, avec une perspicacité forcenée. La musique de Thom Willems commence en douceur puis enfle graduellement, jusqu'àdevenir un ouragan qui à la fin catpulte les danseurs, corps hurlants dans une tempête insatiable et implacable.
Texte Dana Casperen

Bien que né à New York, en 1949 , William Forsythe, le chorégraphe le plus plébiscité au monde, a fait la grande partie de sa carrière en Europe.
En 1984 il prend la direction artistique du Francfort Ballet.
En 2004 il fonde sa propre compagnie indépendante qui est installée à Dresde.
L'artiste, commence à chorégraphier très jeune et compte à son actif plus de cent pièces.
Enfant de la danse classique et du néo classique à la Balanchine, il n’a de cesse que d’exploser les symboles académiques de l'écriture chorégraphique et de remettre en question ces propres codes à chacune de ces nouvelles créations.
« Je cherche simplement à mener le ballet à de nouvelles définitions de ses limites »
Sa danse incisive, est un écho de ce monde convulsif et désorganisé, c'est une danse violente , chaotique, très dure,
qu’il destructure par l’emploi de la vitesse, des désequilibres et des cassures, l’improvisation, le recours au hasard, les interactions avec le texte, le théatre, les sons, la musique.
Il ajoute, il coupe, il revisite .. jusqu’au dernier moment.
William forsythe met ses danseurs, en tension permanente, les pousse vers leurs limites physiques et psychiques .
« Il met délibérément l’interprète en danger pour éviter la routine et faire monter le stress, c’est le maître du non permanent …ce qui l’intéresse c’est de créer. »
Nous dit la danseuse SylvieTestud
William Forsythe chorégraphe poussé par l'urgence de la création.
Intégrité, élégance , fidèle à ses engagements artistiques, jamais complaisant,toujours en évolution,William Forsythe depuis le milieu des années 80, n’en finit jamais de nous surprendre, nous bousculer, de nous prendre à la gorge et de nous enflammer.
Pilier, phare, ou maître incontestable, contemporain absolument, quelque soit le mot,s’il n’en restait qu’un….
the Forsythe Company
