E. Plenel : « Que, sous le pouvoir actuel, il faille souvent défendre (l’égalité sans distinction d’origine, de condition, de naissance, de croyance, d’apparence, de sexe, de genre) tant elle est blessée ou trahie, est sans commune mesure avec l’avènement d’une présidence qui la piétine, l’efface et la renie. C’est toute la difficulté, et en même temps la cohérence, d’une stratégie antifasciste globale. »
Je bute sur ces trois mots : entre les devenirs de cette égalité sous Le Pen ou sous Macron bis, n’y a-t-il pas un accord de fond, une attitude commune ? Peut-être pas de même intensité ? Soit…
Le dernier n’a pas seulement prouvé son mépris de l’égalité entre personnes d’origines, de conditions, de croyances différentes. Il l’a clairement saccagée par plusieurs lois injustes, discriminatoires et dangereuses (“séparatisme”, indemnisation du chômage, etc.), voire par de simples ordonnances. Accessoirement, on le sait, cette œuvre banalise encore davantage celle qu’ambitionne sa rivale.
Plus précisément, nombreux sont ceux qui redoutent le comportement, sous cette dernière, d’une police déjà largement acquise à sa cause, et qui dès lors ne craindrait plus rien… Inquiétude parfaitement fondée, qui vaut motivation suprême pour voter Macron ce dimanche.
Pour autant, peut-on dire que les actes de violence, trop souvent mortels et quasiment tous impunis, de cette police dans les quartiers populaires depuis des décennies (notamment en 2005), et spécifiquement depuis 2017 face aux manifestants, Gilets jaunes et autres, sont “sans commune mesure”… ? Très probablement, ces morts, ces éborgnements, ces mains arrachées se multiplieraient sous une gouvernance d'extrême-droite. Mais quel est le coefficient de multiplication qui nous propulserait “à coup sûr” au-delà de la mesure commune ? Jusqu'où devrons-nous supporter… ?
Et pourrons-nous, jusqu’à dimanche, cesser de nous tarauder l’esprit avec cette question ?