Le point de bascule est palpable

Dimanche 2 avril 2022, Rennes.

19h00, sortie des Gaumont.

Soleil radieux. À l’horizon, un Front Nuageux inquiétant d’encre noire, porté par le vent de nordet glacial, conquérant que rien n’empêche sur l’esplanade du Général de Gaulle, ex Champs de Mars, bordée par le boulevard de la Liberté.

Entre guerre et paix, ici aussi, la toponymie hésite…

Je remonte mon col. Question de lutte.

Goliath, ou l’exercice du pouvoir par les cabinets de conseil (en lobbying d’entreprises et d’influence auprès de nos ministres ou députés), le film de Fréderic Tellier résonne dans l’air encore pur et cristallin.

La performance de Pierre Niney, en jeune lobbyiste talentueux, c’est-à-dire propre sur lui mais pourri de l’intérieur, est glaçante de crédibilité.

À l’heure à laquelle débutait la séance, notre président/candidat prenait la parole à La Défense Aréna. La réalité rattrapait la fiction : arrogance, cynisme et bluff en guise de conviction.

« Toute ressemblance avec la réalité n’est ni fortuite ni involontaire » nous prévenait le film en guise d’introduction...

Sur la dalle du Colombier, les magasins ferment et les derniers clients s’évaporent. Un militant, solitaire, tracte jusqu’au bout pour Mélenchon.

Question de conviction.

À la terrasse de la brasserie de la Dalle, quelques uns prennent le temps d’un dernier rayon de soleil. Mais si le Front Noir est déjà sur la ville, soleil et ciel bleu résistent.

19h15, 2 avril 2022, sur la dalle du Colombier, entre Ténèbres et Lumières, le point de bascule est palpable.

Quelques flocons de neige virevoltent dans le ciel et s’éteignent au contact du sol.