1. Nous sommes journalistes ; et nous devons assumer notre responsabilité en ce qui concerne la détérioration de la liberté de la presse en Espagne et le discrédit des médias. Ça fait longtemps que nous aurions dû dire « ça suffit » aux entreprises que ne considèrent plus l’information comme un droit des citoyens, mais comme une marchandise.
1. Nous sommes citoyens ; et nous devons assumer notre propre responsabilité en ce qui concerne la détérioration de la liberté de la presse en Espagne. Ça fait longtemps que nous aurions dû dire « ça suffit » à la honteuse manipulation de la réalité de la part de plusieurs médias d’information qui rendent service aux intérêts économiques, financiers ou politiques, au détriment de la défense de leurs lecteurs, auditeurs ou téléspectateurs.
2. Nous sommes journalistes ; et nous acceptons l'obligation de distinguer les faits des opinions, de vérifier nos informations, de respecter la confidentialité de nos sources, de rectifier quand nous avons tort et d’assumer notre responsabilité en nos noms et prénoms face à la justice. Si nous ne sommes pas honnêtes, nous ne serons jamais crédibles, et sans crédibilité, un média pourra faire beaucoup de bruit, mais jamais pourra lancer un débat d’intérêt public.
2. Nous sommes citoyens ; et nous avons le droit de recevoir une information rigoureuse, véridique, qui nous fournisse des faits et arguments nécessaires pour construire librement notre opinion, sans que nous soyons conditionnés aux intérêts cachés. Nous devons exiger la transparence aux institutions, mais aussi aux médias d’information qui ne sont plus que les intermédiaires de la surveillance de ces institutions.
3. Nous sommes journalistes ; et nous savons que l’objectivité n’existe pas. Personne n’est obligé à être neutre. Notre obligation est d’exercer notre travail honnêtement. Nous devons donner notre avis et informer sans cacher à nos lecteurs ou spectateurs nos principes, mais non plus qui sont les propriétaires des médias ou ses sources financières.
3. Nous sommes citoyens ; et nous savons que personne n’est totalement objectif ou neutre. Mais nous exigeons connaître les intérêts qui peuvent conditionner les médias et leurs journalistes dans lesquels nous plaçons notre confiance. L’indépendance n’est pas synonyme d’équidistance mais sans des médias et des journalistes indépendants, nous n’aurons jamais une démocratie solide.
4. Nous sommes journalistes ; et nous savons que la révolution digitale est la plus grande transformation sociale, économique et informative de l’histoire. Les monologues et les sermons depuis la chaire médiatique sont arrivés à leur terme. Tout citoyen a les outils pour s’informer et opiner quand il le considère opportun. Le journalisme est plus nécessaire que jamais face à la saturation et l’intoxication d’informations, mais le journalisme doit être (est déjà) un dialogue permanent entre les journaliste et les lecteurs.
4. Nous sommes citoyens ; et nous savons que nous pouvons accéder à une quantité d'information qui ne cesse d’augmenter, un fait inédit dans l’histoire. Mais quand nous ne pouvons pas faire confiance à ce que nous lisons, voyons ou écoutons, le fait d’accumuler plus d'information ne signifie pas que nous sommes mieux informés. Nous avons besoin et nous exigeons que la communication ne soit pas vendue en tant que journalisme, nous exigeons plus de connaissances et moins de banalités. Nous voulons l’existence d’une véritable pluralité des médias, sans monopoles ou oligopoles qui imposent l’agenda politique ou le travail des journalistes.
5. Nous sommes journalistes ; et aussi citoyens. Nous sommes obligés de défendre un droit civique et démocratique. Mais également, nous croyons que protéger le journalisme dépend uniquement de nos lecteurs. Dans ce contexte, c’est indispensable parvenir à un pacte dans lequel nous nous engageons à travailler avec transparence et honnêteté, et les citoyens apprécient cette fonction en participant avec les journalistes à la construction d’un projet commun.
5. Nous sommes citoyens ; et nous ne pouvons plus accepter des contraintes à la liberté d’expression au-delà du respect de l’autre. Si nous voulons une démocratie solide et réelle, nous devons nous engager et participer dans les médias qui rejettent les sectarismes. Et nous devons revendiquer une radiotélévision publique indépendante du pouvoir politique en place, une radiotélévision gérée par des professionnels obligés d’être guidés par les intérêts du peuple et non par les intérêts d’un parti politique particulier. Oui, nous avons besoin d’un pacte entre citoyens et journalistes dans lequel nous, ensemble, défendons des droits fondamentaux.

Liberté d’expression : pas un mot de plus, pas un mot de moins.