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Billet de blog 1 juillet 2016

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We will miss you Britain ! C’est la jeunesse européenne qui vous parle

Jeudi 23 Juin, 15h30 (heure locale). L’avion Ryanair FR072 décolle de London Stansted vers Carcassonne. En transit depuis la Pologne, je viens de rendre visite à une amie en Erasmus à Varsovie. Ironie : pendant le «take-off» de mon vol, les Anglais se prononçaient pour le «Leave», à rebours de tous ces symboles européens.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

La Brexit est un choc pour tous les jeunes qui ont votés massivement pour le maintien dans l’UE. Nous avons grandi avec l’idée européenne, habitués à la libre-circulation qui nous permet de voyager, d’étudier et de travailler naturellement dans tout le continent.

 Mais, qu’avez-vous fait ? 

C’est la question que s’est posée plusieurs des 300 000 français expatriés Outre-Manche, mais aussi pas mal d’anglais qui vivent dans les pays de l'Union Européenne. Stupéfaction aussi chez la moitié des citoyens du Royaume-Uni qui s'est prononcée en faveur du « Leave ».

Dans l’entourage de Valentine, 22 ans, barwoman parisienne expatriée à Manchester, on n’y croyait pas. « Je bosse avec des anglais, une polonaise, une espagnole... personne ne prenait la campagne au sérieux. On ne pensait pas une seconde que le Brexit pouvait vraiment arriver. » 

Même constat pour Taous, débarquée il y a 4 ans de Lille en Erasmus : « Tous mes proches ici ont voté pour le « Remain », je connais seulement quelques potes qui ont convaincus leurs parents de ne pas voter la sortie du Royaume-Uni.  »

 Merde, c’est notre avenir qui est en jeu !

 Après le choc des résultats, c’est l’incompréhension. « C’est rageant, parce que c’est de notre futur dont il s’agit ! ». Les économistes parlent d’effets dans 30 ou 40 ans, ce qui concerne directement les jeunes actifs d’aujourd’hui. « Sans l’Union Européenne, je ne serais pas là. » explique Valentine qui a, comme beaucoup, bénéficié du programme Erasmus à la fin de sa L3.

Et Taous de renchérir « Je suis restée en Angleterre car j’ai pu m’insérer dans le marché du travail rapidement comparé aux autres expatriés. Le fait d’appartenir à l’UE a facilité mon inscription aux « Job Centers ». Pour ceux qui voudront venir désormais, cela risque d’être plus compliqué. »

 La double fracture

Au-delà du clivage générationnel, le vote « Leave » a révélé deux fractures. Une opposition géographique d’abord, entre ville et campagne. Pourtant, de nombreuses régions agricoles sont bénéficiaires de la PAC à l’instar du Pays de Galle. « Le problème, c’est que beaucoup de gens ne se rendent pas compte de ce que l’Europe change dans leur quotidien. » dit Taous.

« Sans parler de ceux qui ne mesuraient nullement les conséquences de leur vote. Le lendemain des élections, la recherche n°1 sur Google au Royaume-Uni, c’était « Qu’est-ce que l’Union Européenne ? ». Le niveau d’éducation a pesé dans le vote. Les résultats montrent que les arguments populistes ont eu un fort écho, dans un pays où l’Histoire devient une matière optionnelle à partir de… 14 ans !

 Après l’incrédulité, le statut quo

A présent, c’est l’incertitude qui règne sur le devenir du statut d’expatrié. De nombreux articles fleurissent sur le net relayant les inquiétudes de ces derniers. Sur Google, la recherche «obtenir un passeport irlandais» a enregistré une augmentation de plus de 100% dans les heures qui ont suivi le Brexit. 

Ainsi, pour s’assurer de devenir professeur de Français à Manchester, Taous va avancer d’un an son master. Si la situation de ceux déjà installés devrait à priori peu changer, en revanche, le vote compromet forcément la mobilité des générations futures. Tous ceux d’entre nous qui avaient des velléités d’Erasmus ici y réfléchiront maintenant à deux fois... 

 Jobs, fun and rock and roll

Fuck ! L’Angleterre aura bien des raisons de nous manquer. Quand j’ai demandé à Taous et Valentine pourquoi, elles m’ont « direct » répondu : la musique. Glastonbury, Joy Division et Ian Curtis… Manchester est le berceau de la wave britannique. « Ce sont les seuls qui savent VRAIMENT faire de la musique ! » m’a lancé Valentine.

 Logement, emploi, l’Angleterre a plus d’un atout pour les jeunes à en croire Taous. « On donne plus de chances aux jeunes ici, on n’exige pas systématiquement comme en France la sacro-sainte expérience ! » Et Valentine de conclure : « Les Anglais, c’est ma passion ». Leur désinvolture lui plait. « Les gens se parlent, se mélangent, c’est sans prise de tête. »

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