Les Français veulent un changement du personnel politique. Ils en ont assez, disent-ils, de F. Hollande et de N. Sarkozy. Comme on les comprend ! Ils en ont assez non pas parce qu’ils sont persuadés que d’autres, mieux que ces deux-là, pourraient inverser la courbe du chômage. (Comment croire que cela soit de la compétence d’un président de la République? De toutes les forces qui font que le chômage baisse ou augmente, le président est sans doute l’une des plus insignifiantes. Un président de la République n’est pas tout-à-fait inutile, mais il sert à autre chose).
Du changement donc, mais qui ? Quelle nouvelle tête pour incarner le renouveau ? Un jeune qui monte ? Un petit nouveau plein d’idées ? Mais oui... Alain Juppé ! Qui de mieux pour incarner le changement ? Il a si peu servi. Comme neuf, même pas besoin d’un relooking ! Cela dit, on peut tout de même lui reconnaître quelques qualités : A. Juppé n’inspire-t-il pas l’apaisement, et une forme de sagesse ? Une espèce de mitterrandisme qui rassure la gauche. Si rien d’autre ne devait changer, il serait finalement un moindre mal, une espèce de Régence en attendant que le peuple redevienne véritablement souverain.
Car tel est l’objectif, ne nous y trompons pas. Imaginez… Hollande et Sarkozy annonçant tous les deux qu’ils se retiraient de la course présidentielle. Après avoir pris conscience que les choses ne pouvaient plus continuer comme ça : la vie politique française, un peu plus farce tous les jours, telle qu’elle se joue depuis trop longtemps sous les regards incrédules de Français de plus en plus abstinents. Tout cela, se diraient-ils, ne peut que profiter au Front national et la seule alternative est de changer en profondeur nos institutions, pour redonner à la vie politique du sens et pourquoi pas, de la vertu! Imaginez, le monarque d’aujourd’hui et le roi d’hier abdiquant ! Quelle bouffée d’air, quel beau geste ! Et puis, suivant leur exemple, tous les petits rois de Région et tous les autres élus inamovibles de promettre de ne se consacrer qu’à leurs mandats locaux, de renoncer au cumul et aux mandats infiniment renouvelables. « Français, diraient-ils, nous vous rendons les clés de la maison. »
Réveillons-nous, nous rêvons.