Bon, on a déjà viré pas mal de vieux machins. Souvenez-vous de la déprime, il y a quelques mois, quand les journalistes sans imagination faisaient encore la promo d'un mauvais remake. Tout d'un coup, une bouffée d'air, une nouvelle affiche. Un nouveau film? Mais il en reste encore trois qui s'accrochent : la blonde, les sourcils, et le petit père des peuples. Qu'il est drôle, celui-là! Je me souviens de l'avoir vu sur un plateau télé qu'il affectionne, où il aime bien faire le show, chez Ruquier qui l'interrogeait sur ses première mesures, en cas de victoire. A peine élu, disait-il, je lance la constituante et je démissionne. Ruquier, évidemment, s'étonne : ah bon? quoi, c'est tout? Vous ne ferez rien d'autre? Mais dans la tête de M le malin, d'autres idées se bousculent. Implicitement, il donne raison à Ruquier : il y a tant à faire... Je l'écoute et je dois dire qu'il n'a pas tort, quel chantier! Mais un mandat n'y suffira pas, il lui en faudra sans doute un second... Non, le plus simple, serait qu'il démissionne tout de suite. Ne pas se présenter, quelle meilleur manière de montrer qu'on ne se voit pas en homme providentiel? Quelle belle preuve d'insoumission si dans son entourrage on lui disait de céder la place!
Cela dit, la plus dangereuse, c'est elle. La seule femme candidate, hélas, il faut que cela soit elle! Si l'on veut la vaincre, il est absolument nécessaire de changer de stratégie. La diabolisation ne marche pas, ne marchera pas. Les discours incantatoires et moralisateurs (Valls aussi s'y est essayé) ne servent à rien. Ce n'est pas en essayant de culpabiliser les électeurs du Front National que nous parviendront à les convaincre de ne pas voter pour la lignée Le Pen.
- Il ne faut pas simplement raturer le programme du FN, il faut lui opposer des actions concrètes et cédibles.
- Il ne faut pas lui piquer ce que l'on croit plaire aux électeurs, mais lui rappeler sans cesse quelles sont les premières valeurs de notre République. Ce n'est pas très difficile, elles sont inscrites aux frontons de tous les édifices publics : liberté, égalité, fraternité.
- Il ne faut pas pointer du doigt le mal, il faut pointer du doigt l'erreur et le mensonge : non, la victoire du Trump n'est pas la preuve de l'efficacité économique du protectionisme. Non, retrouver sa souveraineté, ce n'est pas abandonner le pouvoir à une famille. Non, manger de la charcuterie n'est pas une loi de la République et le choix de son "mode de vie" n'est pas une question politique. Non, la République n'est pas une et indivisible quand cela nous chante : on ne peut pas en même temps défendre la liberté conscience des maires qui s'opposent au mariage pour tous, et refuser la liberté de conscience et de culte en matière religieuse. Non, l'unité de la République ce n'est pas une identité uniforme, c'est l'égalité devant la loi.
Après le Brexit, après Trump, non, Le Pen 2017 n'est pas une fatalité. Non, je ne veux pas remettre ma souveraineté entre les mains d'une lignée! Non, je ne veux pas porter la livrée bleu marine!