LaCarmagnole (avatar)

LaCarmagnole

Association d'éducation populaire

Abonné·e de Mediapart

13 Billets

0 Édition

Billet de blog 16 septembre 2024

LaCarmagnole (avatar)

LaCarmagnole

Association d'éducation populaire

Abonné·e de Mediapart

Un président pris au piège ?

Les manoeuvres du président de la République débouchent sur une crise politique majeure. L'extrême-droite en déjà a profité. Peut-elle en profiter davantage ? Comment les gauches et les écologistes peuvent-ils rebondir dans cette situation ? Avantages et risques d'un scrutin proportionnel dans ce moment.

LaCarmagnole (avatar)

LaCarmagnole

Association d'éducation populaire

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Un président pris au piège ?

               Pour Emmanuel Négrier (chercheur CNRS au CEPEL de Montpellier) et Alexandre Viala (qui enseigne le droit constitutionnel et la philosophie du droit à Montpellier) la crise politique que nous vivons trouve son origine dans les choix d’Emmanuel Macron. Choix de la dissolution, décision de nommer un Premier ministre issu d’un groupe qui n’a pas appelé au front républicain, négociations de fait avec le RN. La conférence du 10 septembre à La Carmagnole (Montpellier) ainsi que le débat qui s’en est suivi a toutefois révélé des nuances et des questionnements divers.

Illustration 1

L’extrême-centre, une logique mortifère ?
               Pour Alexandre Viala, nous ne vivons pas une crise de régime mais une crise politique. Le président avait certes le droit de nommer un homme d’un parti de droite et non quelqu’un-e du Nouveau front populaire mais c’est une situation absurde d’un point de vue démocratique (26’-27’). Pour lui, en fait, on assiste à une radicalisation de la vie politique à cause du macronisme (31’50). La thèse centrale de A. Viala est que l’extrême-centre incarné par Emmanuel Macron, et d‘autres avant lui, a créé une situation non pas agonistique mais une situation antagonistique dans laquelle « les partis politiques ne se regardent plus comme adversaires mais comme ennemis » (35’-36’). L’extrême-centre affirme représenter le camp de la raison dont il exclut les autres, c’est le fameux TINA thatchérien. Notons, par ailleurs, que ce chercheur se montre très sceptique vis-à-vis de la représentation proportionnelle qui aurait, selon lui, des effets pervers et pourrait favoriser le RN.

Une France très à droite ?

  1. Négrier rappelle le rapport de forces politique : une tripartition qui s’est imposée depuis quelques années sur fond de RN puissant et de stagnation des gauches (5’). Paradoxe affirme-t-il en s’appuyant sur le nouvel ouvrage de Vincent Tiberj (à La Carmagnole le jeudi 21 novembre) qui évoque une droitisation du discours, des médias, des réseaux sociaux… alors que quand les gens sont interrogés sur les valeurs, on n’atteste pas de droitisation (8’-9’). On constate, en réalité, un recul des préjugés ce qui devrait favoriser la gauche. Or, pour l’instant c’est l’extrême-droite qui tire les marrons du feu sur le plan électoral.

Une crise multifactorielle

Pour Emmanuel Négrier la crise politique a trois facteurs : les capacités d’exit des puissants (10’) que les partis essaient de retenir sur le territoire ; les enjeux politiques d’aujourd’hui qui sont complexes et collectifs alors que les réponses avancées sont individualisantes (12’) et la déconnexion entre le tripartisme politique et le mode de scrutin majoritaire.

Le Languedoc-Roussillon, terre d’extrême-droite ?

Dès 1987, la revue Amiras/Repères occitans dans un numéro intitulé « Midi rouge ? Midi bouge » analysait la progression du Front national dans l’ancien Midi rouge. Depuis lors, la situation s’est nettement dégradée, constate E. Négrier, puisqu’en Languedoc-Roussillon, 80% des 23 sièges sont allés au RN en 2024 (7’). Et le scrutin majoritaire à deux tours pourrait encore amplifier cette dynamique vu les victoires étroites dans l’Hérault des candidats du NFP. Avec 39% des voix, le RN y obtient 55% des députés (20’) et il pourrait devenir le principal bénéficiaire de ce mode de scrutin. D’autant plus que, comme Jacques Blanc qui dirigea un temps la Région Languedoc-Roussillon avait favorisé le FN, Emmanuel Macron a fait du RN le maître des horloges.

Après cette entrée en matière fournie, de nombreux participants, de sensibilités diverses, sont intervenus pour questionner ou faire part de leur expérience. Quelle est l’influence des grands groupes économiques sur les choix politiques ? Le Front républicain pourra-t-il encore tenir longtemps avec un président qui l’utilise puis s‘assoit dessus ? Comment lutter contre le RN ? Comment faire gagner le NFP ? D’autres ont mis en valeur l’expériences des gilets jaunes, les difficultés du monde rural… Telles furent quelques-unes des interventions qui ont suivi (à partir de 56—57’).

Un débat riche, contradictoire et qui nous oblige à réfléchir pour préparer les combats à venir.

Nouveau premier ministre, crise politique, crise de régime, mobilisations… Et maintenant, quelles suites ? Débat du mardi 10 septembre 2024, La Carmagnole (Montpellier).

Contre l'Extrême Droite, opposons leur la joie !

Pour revoir ce débat :

 https://www.youtube.com/watch?v=y3UbED5TetU&t=9s

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.