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L'antisémitisme reste une réalité sociale et politique, se manifestant sous diverses formes qu'il est crucial d'identifier pour mieux les déconstruire. Cette rencontre a permis d'ouvrir un espace de parole et de réflexion pour renforcer nos combats contre toutes les formes de racisme et de discrimination.
La soirée s'est tenue sous la forme d'une conférence-débat avec Samuel Delor, enseignant et syndicaliste CGT, co-auteur avec Jonas Pardo du "Petit manuel de lutte contre l'antisémitisme", publié en octobre 2024 aux Éditions du Commun. Cet ouvrage, préfacé par l'historien Pierre Savy, constitue un outil de réflexion et d'action pour penser l'antisémitisme dans ses dimensions historiques, politiques et sociales, et pour mieux y faire face collectivement.
Un article récent de Samuel Delor, publié sur son blog Mediapart, éclaire bien l'approche des auteurs :
« Les juif·ves sont-ils tous racistes et antisémites ? »
Ce travail est particulièrement pertinent dans le contexte actuel, où des forces réactionnaires — souvent alignées sur le gouvernement Netanyahou — cherchent à brouiller les repères en assimilant antisionisme et antisémitisme. Le "Petit manuel de lutte contre l'antisémitisme" refuse cette confusion. Il invite au contraire à analyser avec rigueur les discours, les images, les mots d'ordre, afin de déceler les moments où la ligne rouge de l'antisémitisme est franchie — que ce soit à l'extrême droite, dans la droite conservatrice, ou malheureusement aussi parfois à gauche. Pour ce faire, il s'appuie sur une histoire populaire critique de l'antisémitisme, y compris en interrogeant la construction des identités juives.
Certain·es voudraient faire de ce travail un soutien plus ou moins déguisé au gouvernement israélien actuel engagé dans une politique d'anéantissement de la population de Gaza. Ces amalgames sont dangereux en ce qu'ils renforcent la confusion entre débat politique et haine raciste.
D'autres, à l'extrême-droite, voudraient récupérer la multiplication des actes antisémites pour justifier des positions réactionnaires parmi lesquelles un alignement sur la politique du gouvernement Netanyahou.
Interpellé lors du débat sur ces risques de récupération et dévoiements, Samuel Delor a très justement fait le parallèle avec la lutte contre les agressions sexuelles. Par peur d'être accusé nourrir le racisme et la xénophobie, le mouvement féministe, devrait-il arrêter de lutter contre les agressions sexuelles, au prétexte que l'extrême-droite utilise un viol commis par un migrant pour appeler à la multiplication des OQTF !? Non, évidemment.
Débattre de l'antisémitisme, c'est refuser sa banalisation, son instrumentalisation et les amalgames qu'on tente de nous imposer. C'est avec cette exigence de clarté et de responsabilité que s'est tenue cette rencontre à La Carmagnole.
Merci à tous.tes celles et ceux qui y ont participé.
L' atelier Débats de la Carmagnole.