J’ai la gerbe.
Je suis colère.
Je suis dégoût.
Je suis larmes.
Giséle Pélicot vs la complicité masculine.
Gisèle vs l’impunité masculine.
Gisèle vs la culture du viol.
Gisèle et nous.
Gisèle et ce qu’elle fait remonter en nous, victimes de cette même culture du viol.
Imagine : tu penses dormir paisiblement.
Alors qu’en fait,
Ton mari te drogue à ton insu.
Et appelle des hommes à te violer.
à ton insu.
endormie.
Mi-morte, mi-vivante.
Surtout “qu’ils se lavent les mains à l’eau chaude.
Que le contraste de température ne te réveille pas.”
Que tout cela reste invisible.
Pendant 10 ans.
10 ans où tu pensais dormir.
10 ans à te réveiller le matin en pensant avoir dormi.
10 ans où ton mari te filme, te photographie, te drogue.
Ta fille aussi, droguée, photographiée.
Ta fille aussi, dénonce les violences et ne se fait pas entendre.
système incestueux et pédocriminalité impunie.
Pauvre mari, pauvre père, pauvre homme, c’est plus fort que lui.
Et puis ces autres hommes, 51 accusés, seront-ils jugés coupables?
Le site dit clairement ‘à son insu’ mais
‘écoutez, non, non,
‘y’a viol et viol’ les amix.
Bien sûr.
Y’a ceux qui sont venus.
Ceux qui ont violé.
Ceux qui sont revenus plusieurs fois.
Et ceux qui ont vu l’annonce mais n’ont rien dit.
Complicité masculine.
Ils se savaient coupables aussi.
‘Ouais j’ai vu cette annonce sur le site pédocriminel sur lequel je passe mes dimanches’.
Ca passe pas.
C’est pas ouf, c’est vrai.
Alors ils se taisent.
Et ça continue oklm.
Ca aurait pû continuer encore longtemps.
Mais non,
Monsieur se fait choper en train de photographier sous les jupes des femmes au supermarché.
Le gars n’a aucune limite.
Et c’est là qu’est découvert le dossier ‘abus’.
Aucune limite et aucun cerveau apparemment.
Limite nomme le dossier ‘petits chats’ ou ‘paysages’.
Abus, oui abus, ca prouve que tu sais.
Que tu sais que c’est grave.
Que tu kiffes ca.
Tu kiffes coucher avec ta femme alors qu’elle est ko.
Tu kiffes regarder ces hommes coucher avec elle alors qu’elle est ko.
Tu leur donnes des instructions si précises.
Se garer dans un parking loin de la maison.
Venir à pied.
Laisser leurs affaires dans la cuisine.
Bah oui, risqué, de se déshabiller dans la chambre.
Et si Gisèle trouvait une chaussette inconnue, un matin, au réveil.
Comment se réveille-t-elle d’ailleurs?
est-ce que parfois elle a des douleurs qu’elle ne s’explique pas?
est-ce qu’elle se pense bonne dormeuse?
est-ce qu’elle pense ses nuits réparatrices?
est-ce qu’elle a des infections urinaires inexpliquées?
est-ce qu’elle a des bleus inexpliqués?
j’ai la gerbe.
je pense à tous ces hommes que ça fait bander de toucher quelqu’un·e d’endormi·e.
ça me donne la gerbe.
comme cet homme qui m’a touché dans le bus de nuit.
et si je ne m’étais pas réveillée?
qu’est-ce qu’il aurait fait?
le cauchemar, c’est pas seulement quand on est éveillé·e·s
eveillé·e·s et qu’on arrive pas à dire non.
Le cauchemar, c’est pas seulement la dissociation,
pas seulement la sidération,
pas seulement ce cauchemar éveillé.
y’a le cauchemar endormi.
le cauchemar dont on a même pas conscience.
quel kiffe hein, des corps inconscients,
qui ne peuvent consentir ou crier,
qui ne peuvent s’opposer,
dont on peut disposer pleinement,
sans limite,
la vulnérabilité poussée au max.
j’ai la gerbe.
on a pas confiance éveillé·e·s.
on peut pas avoir confiance endormi·e·s.
je ne peux plus dormir dans les transports à cause de lui,
de cet homme qui m’a touché entre les sièges du flixbus.
je ne peux plus dormir dans cet appartement parisien,
où cet homme de confiance m’a violée.
j’ai souvent une montée de nausée dans des toilettes de bar,
à cause de cet homme à Berlin.
tous ces lieux qui nous sont volés.
Gisèle était chez elle.
Elle pensait dormir.
A quel moment tu aimes quelqu’un·e et tu mets une annonce sur un site qui invite des hommes à la violer?
A quel moment?
Qui es-tu pour faire ca?
De quel droit nos corps ne nous appartiennent pas?
La colère est telle.
J’ai la gerbe.
J’ai la gerbe.
J’ai la gerbe.