Male gaze.
Je t’ai étudié en cours.
Je te repère dans les films.
Je te vois.
Cette caméra qui s’attarde trop longtemps,
sur ce fessier, sur ces seins,
Cette caméra qui dénude,
qui glisse de haut en bas, de bas en haut.
Je te critique.
Tu me répugnes.
Et pourtant,
Je sais que,
intériorisé, je t’ai.
Toujours, j’essaye de te satisfaire.
De me mettre en scène pour te plaire.
Male gaze.
Assise, je me cambre.
Debout, je déhanche.
Allongée, une main sous la tête, l’autre sur la hanche.
Male gaze.
Je me sens forte quand je te résiste.
Quand mes jambes, je refuse de croiser.
Quand dans le métro, moi aussi, je spread.
Dans mes habits amples je respire,
Et tes règles concernant mon corps, j’expire.
Et pourtant tu me hantes encore.
Male gaze.
‘Est-ce que ce pull me met en avant?’
En avant de qui?
En avant de quoi?
Male gaze.
Je veux me reconnaître quand je me croise,
Sur les vitrines où je me toise,
Je veux me trouver belle dans mes termes,
Moulée ou non, je veux que tu la fermes.
Male gaze.
Tu m’as pervertis.
Valorisée je me sens,
Seulement quand mes fesses rebondissent,
Quand mon crop-top vers le haut glisse,
Quand je me sens te correspondre,
Répondre à tes exigences qui m'encombrent,
Quand mes jambes l’une devant l’autre je balance.
Marre de cette ambivalence,
Je crois que je m'impatiente,
Tu m'accompagnes en permanence,
Male gaze,
Mais aujourd'hui commence ta partance.