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Billet de blog 27 juillet 2023

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"VERS UN AVENIR RADIEUX." ("Il Sol dell'avvenire") de Nanni Moretti, 2023.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

       Nous avons vu, avec mon cher D., le dernier film de Nanni Moretti que je ne résumerai pas. Non, parce qu’il serait injuste, voire détestable, de le réduire à quelques phrases qui, même bien pensées, constituées de mots minutieusement choisis et articulés entre eux, ne pourraient rendre compte de tout ce qui est dit et montré dans ce charmant, émouvant, critique, drôle, irritant aussi parfois, foisonnant (...) long-métrage.

       Dans la salle, il devait se trouver une trentaine de personnes dont j'étais laaaaargement la benjamine (j'ai 53 balais). Pourtant, bon sang, il serait formidable que les jeunes aussi voient ce film. Et puis ensuite, hop, un débat, une discussion à bâtons rompus autour de tous les thèmes qui y sont abordés : le vieillissement, l'engagement (tant en politique qu'en amour, qu'au cinéma), la parentalité, la création, la violence (tant en politique, qu'en amour, qu'au cinéma), la mort, l'espoir, les chansons populaires, la vie quoi !

       "Vers un avenir radieux" m'a fait penser au début du poème "Mon Rêve familier" de Paul Verlaine (1866) : "Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant / D’une femme inconnue, et que j’aime, et qui m’aime, / Et qui n’est, chaque fois, ni tout à fait la même / Ni tout à fait une autre, et m’aime et me comprend." Les films de Moretti sont ni tout à fait les mêmes ni tout à fait autres, ils nous aiment et nous comprennent, quoi qu'en pensent les pisse-froid.

       Les films de Moretti sont poétiques, burlesques, mélancoliques évidemment - et flirtant quelquefois avec le péremptoire (on ne se refait pas) et il y a aussi et surtout "Le je-ne-sais-quoi et le presque-rien" - cher à Jankélévitch - qui font que l'on est là, en vie, à avancer malgré tout.

       D'ailleurs, si Moretti était de dos, assis sur sa Vespa sur l'affiche de "Journal intime", il (nous) fait face, debout sur sa trottinette électrique sur celle de "Vers un avenir radieux". Prendre de l'âge n'est pas synonyme pour lui de renoncement (si ce n'est à l'idée de mettre fin à ses jours), mais d'une forme d'enfantine sagesse (il faut voir son regard, d'une intense vivacité) qui lui permet de se remettre en question, de s'adoucir même, de se positionner à peine autrement face au monde et, ainsi, de se donner la possibilité de (s'autoriser à ?) utiliser ce que celui-ci lui propose, tout en ne perdant pas de vue son intégrité humaine et artistique. Non, ce n'est pas la fin de tout, c'est aussi le début d'un autre chose pas si différent, plus apaisé sans être mou du genou.

       Pour moi, "Vers un avenir radieux" est un film sur la nécessité de dire/faire ce que l'on a à dire/faire jusqu'au moment où l'on parvient, enfin (ou pas hein, ce n'est pas assuré à tous les coups, faut bosser sur soi), à prendre les autres en compte, mais vraiment, et continuer dans le même temps à dire/faire ce que l'on a à dire/faire. C'est un film sur l'acceptation de "l'être vivant", avec tout ce que cela comporte de difficultés, de souffrances, de déceptions, d'obstacles à surmonter et au-delà de qui on retrouve la plupart du temps les mêmes galères (voire pires), mais aussi sur l'importance de savoir voir et vivre l'amour, l'amitié, le collectif, la création, la drôlerie, la vie quoi !

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