L'ECRITURE INCLUSIVE est une ABERRATION SCIENTIFIQUE, comme le savent TOUS les CHERCHEURS EN LINGUISTIQUE INTELLECTUELLEMENT HONNETES.
Eliane Viennot, entre autres, qui a lancé en France cette mode n’est ni professeur de Langue Française, ni professeur de Sciences du Langage, ni professeur de Linguistique Franзaise. Elle est professeur d’Histoire de la Littérature, sa thèse porte sur Marguerite de Valois, dans une approche d’Histoire de la Littérature… approche qui n’est absolument pas à la pointe des Recherches Littéraires…Il est vrai que les journalistes de Mediapart qui ont annoncé rejoindre sous peu dans leurs écrits le clan, ou mieux, la secte « Ecriture inclusive » sont encore moins compétents qu' E.Viennot, qui a au moins fait de la Grammaire ancienne et Moderne jusqu'au concours de l'agrégation de Lettres Modernes, ce qui n'est absolument pas leur cas ! Donc force est de constater que TOUS CEUX qui pontifient sur la Langue sans en être spécialistes à un niveau universitaire manquent d'honnêteté en s'exprimant sur un sujet qu'ils ne maîtrisent ABSOLUMENT PAS !
Mais, n’est-ce pas une tendance qui caractérise notre époque, laquelle tendance explique sans nul doute aujourd’hui la montée vertigineuse de l’extrême droite, celle qui consiste à penser que la démocratie signifie l’obligation de donner un avis sur tous les sujets. D’où vient cette tendance ? Le Capitalisme préfère inculquer au chaland que c’est là l’expression la plus aboutie de la Démocratie, ce qui flatte l’ego dudit chaland, plutôt que de l’instruire et de risquer de développer son esprit critique… Relisez donc Propaganda de Bernays…
Donc, aujourd’hui, tout le monde a un avis sur tout: l’évolution de la pandémie, même s’il n’est ni médecin ni épidémiologiste ni virologue etc, l’évolution du climat sans écouter les climatologues, ou pis encore, en niant les dernières recherches scientifiques sur la question. Tiens! Pourquoi ne pas aller chez notre boucher pour lui demander un avis sur nos problèmes cardiaques, après tout il connaît bien les organes… Une telle tendance aboutit à tout confondre: l’idéologie et l’étude scientifique d’une question, les a priori, les rumeurs, les idées toutes faites et les savoirs savants sur une question précise. Or, on ne naît pas Linguiste, on le devient grâce à un parcours savant qui réclame des années…
Nous avons, à l’Université, dans le domaine de la Langue Franзaise, d’excellents chercheurs de réputation internationale, c’est le cas notamment de Gilles Siouffi. En effet, je précise, au cas où cela ne serait pas clair, la réputation internationale d’un chercheur se fonde sur ses travaux de Recherche et non sur le fait qu’il ait enseigné dans une université américaine (il faut savoir que certaines acceptent que le professeur étranger enseigne dans un autre domaine que celui de sa spécialité, ce qui a été le cas d'E. Viennot)…
En un mot, si l’on veut savoir si la langue serait phallocrate, on demande par exemple à Danièle Manesse ou à Gilles Siouffi*, ou à Anne Abeillé ou à Dominique Maingueneau etc, et non à un journaliste qui n’a en Langue Française aucune compétence universitaire. En invitant des spécialistes de Langue Française, vous aurez certainement quelques surprises quant aux origines et aux enjeux de « l’écriture inclusive »…Il est vrai que nous sommes vraiment à une époque où l’inculture fait rage (la spécificité de l’ignorant d’aujourd’hui est d’en être fier et d’imposer son ignorance là où l’on aurait besoin de savoirs savants) et où de prétendus gens de gauche défendent souvent, sans le savoir, comme M. Jourdain, des concepts ou des causes qui ne sont manifestement pas de gauche…
En effet, ces spécialistes auraient démontré avec brio que la Langue n’A JAMAIS été « machiste », preuves linguistiques savantes а l’appui et que « l’écriture inclusive » est l’un des derniers avatars du Capitalisme anglo-saxon("inclusive" est emprunté à l’anglais…) pour faire croire, à des fins purement électoralistes (décidément certains mouvements prétendument de « gauche », ou « anti-capitalistes » laissent rêveur), à de pauvres gens, ou à des incultes qui pensent être à même de savoir quelque chose, qu’en mettant des points médians etc l’égalité des sexes se réalisera bientôt. En réalité, pour faire très court, tous les spécialistes de Linguistique savent que le masculin correspond dans notre langue à une forme non marquée, une sorte de neutre- le neutre latin ayant disparu au fil de l'évolution diachronique du Bas Latin au Français contemporain- alors que le féminin est considéré comme la forme marquée... Ainsi, l'écriture inclusive n'empêche pas les femmes de mourir sous les coups de leurs conjoints ni d'être moins bien payées que les hommes à fonction égale dans le secteur privé...Tiens! Je me demande même si parmi les hommes violents à l'égard de leurs femmes certains n'utilisent pas l'écriture inclusive (un peu d'humour face à l'ignorance crasse ne nuit pas)
Je me contenterai, pour conclure, de reproduire un entretien de Danièle Manesse ci-dessous et de recommander la lecture de son livre avec Gilles Siouffi,
Le féminin et le masculin dans la langue: L'écriture inclusive en questions, Editions Sciences Humaines
IDEES • EGALITE FEMMES-HOMMES
« L’écriture inclusive fait partie de ces dispositifs volontaristes, ostentatoires, qui ne servent pas les causes qu’ils prétendent défendre »
Plutôt que la langue elle-même, c’est surtout le discours sur la langue qui peut être sexiste, estime la linguiste Danièle Manesse dans un entretien au « Monde ».
Propos recueillis par Luc Cйdelle • Publiй le 29 mai 2019 а 06h30 - Mis а jour le 30 mai 2019 а 06h38 Le Monde
Entretien. Danièle Manesse, professeure émérite de sciences du langage à l’université Sorbonne- Nouvelle Paris-III, poursuit ses recherches sur l’apprentissage de la lecture en éducation prioritaire et travaille bénévolement à l’association Français langue d’accueil. En 2007, elle avait cosigné, avec Danièle Cogis, Orthographe : à qui la faute ? (ESF), ouvrage qui établissait la baisse sensible des performances des élèves en orthographe sur une période de vingt ans. Elle a codirigé avec Gilles Siouffi, linguiste, Le Féminin & le Masculin dans la langue. L’écriture inclusive en questions, qui vient de paraître (ESF, 208 pages, 13,90 euros).
Lorsqu’ils contestent la formule « le masculin l’emporte sur le féminin », les promoteurs de l’écriture inclusive usent d’un argument-clé. Comment ne pas reconnaître que la langue est effectivement sexiste et qu’il serait nécessaire de la bousculer ?
C’est avec ce genre de formule qu’on coupe court à toute discussion raisonnée. Un tel argument s’apparente à ce que j’appelle les « préjugés non réfléchis sur la langue ». L’idée que le genre grammatical masculin et le genre biologique masculin sont homologues est profondément inexacte. Quand l’indo-européen s’est constitué, il y a des milliers d’années, dans des sociétés patriarcales, la forme masculine a pu être associée à l’idée de supériorité.
Mais tout cela n’a plus grand sens maintenant, puisque tous les objets qui nous entourent sont soit masculins soit féminins. La taie d’oreiller n’est pas plus féminine que l’oreiller, la table ne l’est pas plus que le fauteuil, une girafe peut être un mâle, etc. Et même si les personnes de sexe masculin sont en général de genre grammatical masculin, on dit aussi une sentinelle ou une estafette, ou bien, en sens inverse, un mannequin. Le masculin de la langue n’est pas le masculin du monde sensible. Quant au masculin qui « l’emporte sur le féminin », l’historien de la grammaire André Chervel montre dans notre livre que cette formule est quasiment introuvable dans les manuels scolaires, tant dans ceux du XVIIe que dans ceux des XIXe et XXe siècles.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/05/29/daniele-manesse-...langue-n-est-pas-le-masculin-du-monde-sensible_5468880_3232.html Page 1 sur 4
« Lʼécriture inclusive fait partie de ces dispositifs volontaristes, ostentatoires , qui ne servent pas les causes quʼils prétendent défendre » 29/11/2019 19'13
C’est une sorte de « truc pédagogique oral », qu’il faudrait à coup sыr éviter, ce qui n’est pas difficile : il suffit d’énoncer que lorsqu’un même adjectif ou participe passé concerne deux noms de genres différents, il se met au masculin pluriel. Par ailleurs, cette généralité est parfois battue en brèche par l’accord dit « de voisinage », que nous pratiquons tous peu ou prou, au moins à l’oral (« Mon cousin et mes trois filles sont pleines de joie »). Comme le souligne une autre contributrice du livre, Elise Mignot, plutôt que la langue elle-même, c’est surtout le discours sur la langue qui peut être sexiste !
De même, l’argument, sans cesse répété, renvoyant au fait que les grammairiens ont désigné le genre masculin comme le plus « noble » est sorti de son contexte. Noble est une notion grammaticale, qui ne s’applique d’ailleurs pas qu’au masculin, signifiant qu’un mot a plus de force qu’un autre dans l’organisation de la phrase. Ainsi, le substantif est plus « noble » que l’adjectif, et le pronom personnel de la première personne du singulier plus « noble » que celui de la deuxième personne. On dit en effet « toi et moi marchons ensemble » et non « marchez ensemble ». L’univers des choses et des gens et l’univers de la langue ne sont pas de même nature.
Votre livre développe, sur l’écriture inclusive, une série de points de vue très critiques. Pourquoi ne pas assumer que c’est un plaidoyer « contre » ?
« Rendre les langues coupables de solidarités avec des volontés idéologiques est un raccourci trop facile »
Sur un plan personnel, j’avais fait connaître ma position, en désaccord avec l’écriture inclusive, dès le déclenchement du débat à ce sujet. Mais ce livre est avant tout un travail collectif approfondi sur la langue française, sur son histoire et sur sa confrontation avec d’autres langues. Nous accumulons assez d’arguments pour être en droit de conclure que l’écriture inclusive fait partie de ces dispositifs volontaristes, ostentatoires, qui ne servent pas les causes qu’ils prétendent défendre. La preuve la plus simple en serait que ses différentes formes perdurent rarement plus de dix lignes dans un texte, à moins de compromettre définitivement sa lisibilité. Notre travail ne se situe pas « contre », mais il aboutit à ce que nous avançons dans notre courte conclusion : rendre les langues coupables de solidarités avec des volontés idéologiques est un raccourci trop facile.
Malgré des exceptions, il semble que l’écriture inclusive suscite une adhésion enthousiaste à gauche et une détestation quasiment unanime à droite. Est-il possible d’échapper à cette polarisation ?
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/05/29/daniele-manesse-...angue-n-est-pas-le-masculin-du-monde-sensible_5468880_3232.html Page 2 sur 4
Oui, car votre constat me paraît bien rapide : la droite est conservatrice par nature, donc elle résiste à l’écriture inclusive... Mais elle résiste à tout. Elle a même résisté aussi longtemps qu’elle a pu à la féminisation des noms de métiers, fonctions et titres. A gauche, les avis sont en fait très partagés. Le présumé enthousiasme relève souvent du conformisme et de la crainte d’être suspecté de machisme. On peut être irrévocablement féministe – c’est mon cas – et absolument rétive а l’écriture inclusive.
J’enseigne le français à des migrants et j’ai depuis toujours travaillé sur les problèmes de l’enseignement dans les milieux populaires. Allez donc enseigner en lycée professionnel ou à des migrants avec l’écriture inclusive ! C’est une pratique complexe et profondément élitiste. Une pratique de gauche, c’est celle qui organise le partage dans l’égalité et qui ne s’approprie pas le bien commun pour le manipuler, qu’il s’agisse de l’eau, de l’air ou de la langue.
Dans les milieux militants de gauche et ceux des réseaux associatifs ou humanitaires, l’usage du fameux « point médian » est devenu un rituel attestant de l’adhésion à la cause féministe. N’arrivez-vous pas après la bataille ?
On verra ! Le long terme et la langue ont partie liée. Je ne peux vous répondre avec certitude, mais je ne suis pas convaincue qu’il s’agisse d’un mouvement de fond. C’est vrai qu’il gagne dans certains milieux lettrés, mais pas dans le monde économique ni dans le monde technique. Il ne concerne qu’une très petite partie des textes écrits, ce qui fait sa faiblesse. N’oublions pas que c’est un code supplémentaire et difficile à acquérir, qui réclame un apprentissage spécifique. L’écriture inclusive est impossible à oraliser et dévoie les signes de ponctuation et typographiques.
« C’est le sort fait aux femmes et l’usage de la langue qui peuvent être sexistes, et non les langues en elles-mêmes »
La langue française est un systême qui n’est pas plus sexiste que l’allemand, l’anglais, l’arabe ou le coréen, auxquels nous consacrons des chapitres. Alors que, partout, l’oppression des femmes est une réalité à laquelle s’affrontent des milliers de luttes, il y aurait des langues plus « féministes » que d’autres ? C’est le sort fait aux femmes et l’usage de la langue qui peuvent être sexistes, et non les langues en elles-mêmes.
Luc Cédelle
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/05/29/daniele-manesse-...angue-n-est-pas-le-masculin-du-monde-sensible_5468880_3232.html Page 3 sur
Lire également:
Le Sexe et la Langue, Petite Grammaire du genre en Français, de Jean Szlamowicz, Ancien Normalien (ENS), Linguiste, Professeur des Universités, suivi de Archéologie et étymologie du Genre de Xavier-Laurent Salvador, Professeur agrégé de Lettres Modernes, Docteur es Lettres et spécialiste du Corpus Médiéval, il enseigne l'Histoire de la Langue médiévale et sa Grammaire.