En fait, pour bien comprendre ce qui se passe nous renvoyons tout d'abord à la lecture de deux de nos articles: Islamophobie? Vous avez dit Islamophobie? et Marx, Marxisme contre Islamophobe-gauchisme...
En effet, sans la connaissance de ces faits préalables, nous ne pouvons comprendre pourquoi à quelques jours du 1er tour Mediapart, via son directeur, lance des "révélations" relayées par toute la presse : Roussel serait un malfaiteur à mettre sur le même rang que Fillon, rien que ça!
Peu importe si le détournement de fonds publics se chiffre en un million et qs pour Fillon, de mémoire (?), et consiste en un enrichissement personnel !
Posons-nous quelques questions évidentes:
1) Pourquoi de telles "révélations" remarquables, dignes de la CIA (nous plaisantons, tout le monde l'aura compris), ne sont-elles pas apparues durant les mois derniers, voire l'année dernière, lorsque F Roussel a commencé sa campagne et qu'il était à 2%?
2) Compte tenu que ces "révélations" hors du commun arrivent sur le tapis de la campagne électorale au dernier moment, il est légitime de poser une question simple, mais qui est immédiatement qualifiée de "complotiste", à qui peut profiter le crime?
Rafraîchissons un peu nos mémoires...
Alors qu'en 2015, le candidat Mélenchon n'hésitait pas à tweeter: "
Je conteste le terme d'islamophobie. On a le droit de ne pas aimer l'islam comme on a le droit de ne pas aimer le catholicisme. #SLT
7:47 PM · 21 nov. 2015·Twitter Web Client"
désormais, à nouveau candidat, il a changé d'avis, depuis quelque temps. Ainsi lisons-nous dans Match du 12/11/2019: "
Longtemps opposé à toute incursion de la religion dans l’espace public, le chef des insoumis compose avec ses valeurs en participant à la manifestation contre l’islamophobie.
Jean-Luc Mélenchon a-t-il changé d’avis sur la laïcité ? D’aucuns jugent la question permise, quatre jours après la participation du leader de La France insoumise à une manifestation contestée contre «l’islamophobie» à Paris . Une marche décidée après l’attentat contre la mosquée de Bayonne, à l’appel notamment du Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF). Lequel ne cache pas son opposition aux lois laïques en vigueur. En 2015, l’ex-candidat à la présidentielle contestait pourtant le terme même d’«islamophobie». «On a le droit de ne pas aimer l’islam comme on a le droit de ne pas aimer le catholicisme», soutenait-il. Henri Pena-Ruiz n’a pas dit autre chose lorsqu’il est intervenu à l’université d’été de LFI."
Donc le sieur Mélenchon a effectué un virage à 360 °, intérêts électoraux obligent en bon ancien Trotskiste qu'il est...(Relisez mes deux articles pré-cités).
En revanche, le candidat communiste, lui, semble avoir renoué avec les origines Marxistes du PCF en défendant la Laïcité. Rappelons la pensée et les écrits de Marx sur la religion:
Que pense Marx de la Religion?
Tous les passages des écrits de K.Marx où il revient sur la Religion nous ramènent à ce qu’il en dit dansL'Introduction à la contribution à la critique de la philosophie du droit de Hegel, 1844.
Pour Marx, à n’en pas douter, la religion est bien un produit créé par les hommes et sous l’égide de la classe dominante qui l’utilise pour asservir les prolétaires, id est les Travailleurs dominés: "Le fondement de la critique irréligieuse est celui-ci: L'homme fait la religion, ce n'est pas la religion qui fait l'homme. La religion est en réalité la conscience et le sentiment propre de l'homme qui, ou bien ne s'est pas encore trouvé, ou bien s'est déjà reperdu. Mais l'homme n'est pas un être abstrait, extérieur au monde réel. L’homme, c'est le monde de l'homme, l'Etat, la société. Cet Etat, cette société produisent la religion,
une conscience du monde renversée, parce qu'ils constituent eux-mêmes un monde а l'envers." (Introduction à la contribution à la critique de la philosophie du droit de Hegel, 1844, Editions Mille-et- une-nuits, p 14).
Marx conteste ici le fondement du concept même de religion. Selon lui, c'est le réel qui produit la pensée et non l'inverse, c'est la matière qui produit l’être; d’où l'expression de "monde à l'envers". Selon Marx, ceux qui pensent qu'un dieu (cf les croyants, les religieux) est à l'origine du monde, inversent la cause et la conséquence...
Dès lors, selon lui, toute pensée qui critique la société capitaliste doit, au préalable, critiquer la religion: "Or, la critique de la religion est la condition première de toute critique" (ibidem, p13). De fait, si nous pensons, avec Marx, que la religion a été créée pour masquer ou travestir la réalité de la misère sociale et l’injustice politique, que ladite religion arrive après elles, alors AUCUN mouvement politique qui se revendiquerait du Marxisme ne peut s’allier à une religion, ni la défendre ! Précisément, si nous suivons l’analyse de Marx, les religions, produites par l’homme de par leur essence même, n’ont cessé, au cours de l’Histoire, de constituer des puissances politiques collaborant à l’injustice et la justifiant. Parce que les hommes souffrent, ils s’inventent un Dieu pour apaiser et supporter cette souffrance, et cet apaisement vient en retour justifier un cortège de misères, lui permettre de se maintenir et d’être accepté en même temps que l’injustice sociale qui le cause:
"La religion est le soupir de la créature accablée par le malheur, l'âme d'un monde sans coeur, de même qu'elle est l'esprit d'une époque sans esprit. C'est l'opium du peuple." (ibidem, p 15). Par là même, Marx nous invite à mettre un terme à ce type de collaboration.
Autrement dit, la religion est la condition d’un système fondé sur le principe de dominants et de dominés qui prendra le nom au XIXème siècle de Capitalisme.
C’est pourquoi nous ne pouvons nous réclamer de Marx et ne pas dire que les théocraties du Moyen Orient sont même une des formes les plus exacerbées et ignobles du Capitalisme.
Par conséquent, et pour faire court, la pensée marxiste invite les Travailleurs à s’approprier les moyens de production (=« dictature du prolétariat » expression souvent très mal comprise) SANS l’aide d’aucune religion, puisque celle-ci, par définition, sous-tend le système Dominants/Dominés, et à créer progressivement une société communiste dans laquelle l’Etat sera réduit à sa plus simple expression (le contraire des pays de l’URSS !). La disparition progressive des facteurs qui produisent les injustices sociales amènera la disparition de facto des religions, selon Marx. Cette disparition n'est donc nullement le résultat d'une interdiction autoritaire.
De son côté, Edwy Plenel a écrit Pour les musulmans, choisissant d'identifier des citoyens par leur croyance, croyance qui, selon nos lois sur la Laïcité, devraient rester dans l'ordre du privé... En mettant sur le même plan les juifs, l'antisémitisme, et l'islamophobie. (Relire notre article sur l'islamophobie). Or, sauf à être d'une odieuse mauvaise foi, les juifs ont été exterminés par Hitler qu'ils soient croyants ou non, "juif" désigne aussi bien une "personne qui professe la religion judaïque" qu'une "personne appartenant au peuple juif" Dictionnaire Larousse
En d'autres termes, un juif peut être croyant ou athée, un musulman est stricto sensu croyant. En réalité, les islamo-gauchistes déplacent le problème réel du racisme et de l'antisémitisme dans la sphère du religieux. Ainsi, il ne serait plus possible de critiquer l'Islam, comme on peut dans notre République critiquer le Christianisme ou le Judaïsme ! Quel progrès !
Ainsi, ancien Trotskiste comme Mélenchon, invité par l’association ARMSF, le Janvier 2015, dans le cadre de la promotion de son livre Pour les Musulmans, Edwy Plenel, ovationné par Ramadan et ses sbires, a osé citer Péguy, en décontextualisant la citation, pour justifier ses prises de position, et condamner, à peine à demi-mots, les caricatures de Charlie Hebdo en déclarant, après la citation: « Nous ne pouvons pas construire une société en nous moquant les uns des autres, en offensant les uns les autres, en insultant les uns les autres »(sic)
Le moins que l'on puisse dire, sans être un méchant et obscur complotiste, c'est que tous ces faits laissent perplexe.
Pour notre part, nous prônons un retour à Marx. Pour ce faire nous conseillons chaleureusement la quadrilogie de Lucien Sève Penser avec Marx aujourd'hui
Bonne lecture