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Billet de blog 19 juin 2014

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La crise au XXIe siècle

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Après la seconde guerre mondiale le monde était en chantier, il a fallu tout reconstruire d’un point de vue économique mais aussi politique.

D’un point de vue économique le capitalisme s’est imposé de lui-même comme le système le plus efficace pour générer rapidement beaucoup de croissance. Croissance très forte qui a permis notamment de financer le progrès social qui avait été décidé par le volet politique.

Exemple : déclaration universelle des droits de l’Homme (1948),  :
Art.23 « 1. Toute personne a droit au travail, au libre choix de son travail, à des conditions équitables et satisfaisantes de travail et à la protection contre le chômage.

2. Tous ont droit, sans aucune discrimination, à un salaire égale pour un travail égal.

3. Quiconque travaille a droit à une rémunération équitable et satisfaisante lui assurant ainsi qu’à sa famille une existence conforme à la dignité humaine et complétée, s’il y a lieu, par tous autres moyens de protection sociale.

4. Toute personne a le droit de fonder avec d’autres des syndicats et de s’affilier à des syndicats pour la défense de ses intérêts. »

Art.25« 1. Toute personne a droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé, son bien-être et ceux de sa famille, notamment pour l’alimentation, l’habillement, le logement, les soins médicaux ainsi que pour les services sociaux nécessaires ; elle a droit à la sécurité en cas de chômage, de maladie, d’invalidité, de veuvage, de vieillesse ou dans les autres cas de perte de ses moyens de subsistance par suite de circonstances indépendantes de sa volonté.

Mais voilà, comme le rappel l’économiste Kennet Boulding « Quiconque croit que la croissance exponentielle peut continuer sans fin dans un monde fini, est soit un fou soit un économiste. »
Après environ 30 ans d’augmentation de croissance effréné celle-ci a commencé logiquement à stagner.

Une partie de la population, qu’on peut nommer les « ultras riches », ou encore la « classe dominante » ou plus simplement « les capitalistes » ont voulu maintenir le niveau de croissance de leurs revenus. Pour cela il a fallu modifier le système.

Les capitalistes ont menés de front deux batailles celle « des idées » et celle « des lois ».

[1] et [2]

La bataille des idées, en deux points :
a) Démantèlement du 4e pouvoir (les médias)
Les ordonnances de 1944 contre les concentrations dans le secteur de la presse pour mettre celle-ci à l’abri de groupes financiers ne seront jamais respectées.
Petit à petit des titres de presse disparaissent et ceux qui survivent passent, comme l’audiovisuel, sous le contrôle de banquiers, marchands de canons ou de béton (Rothschild, Lagardère, Dassault) et autres hommes d’affaires.


b)
De prétendus intellectuels, tous hostiles au message des Lumières, de Bernard Henry Levy à Alain Minc, à travers des essais qui font immédiatement l’objet d’un grand battage médiatique, s’emploient à remodeler la pensée dominante : tout exigence de justice sociale conduit au totalitarisme ; toute idée de gauche est dénoncée comme une anticipation du goulag ; tout message de solidarité est qualifié de ringard. Le rôle de l’Etat est discrédité. L’action syndicale est diabolisée. L’individualisme est magnifié. Toute forme de résistance est assimilée à un passéisme caractéristique du déclin dans lequel nous serions engagés.

Sur ce sujet je conseille l’excellent film « Les nouveaux chiens de gardes », disponible sur youtube.

La bataille des lois :
Janvier 1973 : Loi n°73-7, surnommée loi Pompidou-Giscard ou loi Rothschild qui interdit à la banque centrale de prêter directement aux états.
Concrètement l’état abandonne le pouvoir de création monétaire aux banques privées. Aujourd’hui la Banque Centrale Européenne prête au banque privé à environ 1%, et ces banques privés prêtent à leur tour aux états à environ 6 ou 7%...

Sur ce point je citerai ce passage :

« Le gouvernement devrait créer, émettre et faire circuler toutes les devises et tous les crédits nécessaires pour couvrir les dépenses du gouvernement et des consommateurs. En adoptant ces principes, des sommes immenses d’intérêts seraient épargnées aux contribuables. Le privilège de créer et d’émettre de l’argent est non seulement la prérogative suprême du gouvernement, mais c’est aussi sa plus grande opportunité créative ». Abraham Lincoln, président des Etats Unis de 1860 à 1865, mort assassiné.

Une fois le pouvoir de création monétaire obtenue, les capitalistes se sont attaqués aux services publics. L’idée simple étant de tout privatiser, chaque secteur devenant un nouveau marché susceptible de générer de nouveaux bénéfices.

C’est l’objet de l'Accord Général sur le Commerce des Services (AGCS, ou GATS en anglais pour General Agreement on Trade in Services). Je cite wikipedia : « Il s'agit d'un accord multilatéral de libéralisation des échanges de services, qui selon ses promoteurs vise à apporter une utilisation plus efficace des moyens de production en favorisant l'avantage comparatif des pays concernés, tandis que ses détracteurs y voient menace pour l'universalité des services publics ». C’est de cet accord qu’est née l’OMC en 1994.

L’Histoire que je raconte n’est pas du tout farfelu, et c’est même les capitalistes qui en parlent le mieux. Pour le prouvé j’appelle David Rockefeller à la barre :

« Nous sommes reconnaissants au Washington Post, au New York Times, au Times Magazine et aux autres grandes publications dont les dirigeants ont assisté à nos réunions et ont respecté leurs promesses de discrétion pendant presque 40 ans. Il nous aurait été impossible de développer notre plan d’action pour le monde si nous avions été sous la lumière des projecteurs pendant toutes ces années. Mais maintenant le monde est plus sophistiqué et mieux préparé à la marche vers un gouvernement mondial. La souveraineté supranationale d’une élite intellectuelle et de banquiers mondiaux est sûrement préférable à l’autodétermination nationale pratiquée au cours des siècles passés. »

Ce discours auprès de la commission Trilatérale en juin 1991.

Un peu de wikipedia :

« David Rockefeller, né le 12 juin 1915 à New York, est un homme d'affaires et milliardaire américain. Ancien président de la Chase Manhattan Bank, il dirige l'empire de sa famille, fondé à la fin du XIXe siècle par son grand-père John D. Rockefeller. »

« La Commission Trilatérale (parfois abrégée en Trilatérale) est une organisation privée qui fut créée en 1973 […] il s'agit d'un groupe partisan de la doctrine mondialiste, auquel certains attribuent, au moins en partie, l'orchestration de la mondialisation économique. »

En 1999, David Rockfeller déclarait à nouveau au journal Newsweek : « Quelque chose doit remplacer les gouvernements, et le pouvoir privé me semble l’entité adéquate pour le faire ».

Le traité Transatlantique négocié entre l’Union Européenne et les USA s’inscrit totalement dans cette volonté du transfert de souveraineté des Etats vers les firmes privés.

Voici une partie de l’Histoire qui nous mène aujourd’hui à une nouvelle étape vers la privatisation du secteur ferroviaire en France. Nous sommes aujourd’hui en 2014 et on commence à avoir un certain recul sur la direction que certains ont fait prendre au monde au début des années 80.

On peut en tirer deux bilans :

Catastrophe social :
Alors que la société occidentale, pour ne parler que d’elle, n’a jamais créée autant de richesse, n’a jamais connu autant de milliardaires et de millionnaires il y a pourtant chaque de jours de plus en plus de précarité. Augmentation du nombre de chômeur, augmentation des sans-abris.
La Grèce qui a été victime d’une véritable OPA de la part de Goldman Sachs (cf. le documentaire d’ARTE « Goldman Sachs la banque qui gouverne le monde ») connait une croissance phénoménale  de la mortalité infantile et du nombre de suicide. On retrouve le même nombre croissant de suicide en Espagne notamment.

Catastrophe écologique :
Le rapport du GIEC sortit en 2014 nous rappel à nouveau l'urgence écologique et comme le déclarait Jacques Chirac en 2002 « notre maison brûle et nous regardons ailleurs ».
Ce rapport montre que l’activité humaine est directement responsable du dérèglement climatique. C’est le fruit de la mondialisation sauvage qui veut qu’on coupe du bois en Amazonie, pour produire des jouets en Chine et finalement le retrouver sur le marché en France tout ça dans l’objectif d’une augmentation des profits. Les capitalistes en organisant le grand déménagement du monde n’ont pas pensé à payer la facture énergétique…


Pour finir sur ce point, je cite à nouveau wikipedia :

« De 2000 à 2050, ce sont au moins un milliard de personnes qui devraient migrer de par le monde, dont plus de la moitié pour s'adapter au réchauffement climatique ou en fuir certaines conséquences. 645 millions migreraient pour des raisons énergétiques, 50 millions à cause de conflits et atteintes aux droits de l’Homme (pouvant être exacerbés par la déforestation, le manque d'eau et la perte continue de terres arables). 250 millions de personnes migreraient à cause de phénomènes directement induits par le dérèglement climatique (inondations, sécheresses, pénuries d'eau et d'aliments, maladies émergentes...). »

Je souhaite finir sur un message d’espoir. En effet quand on a mis le doigt sur le pourquoi et comment de la crise on est capable de proposer des remèdes. Pour cela j’appelle à mes côté Jean-Luc Mélenchon qui dans "Le débat des gauches: Cambadélis-Cosse-Mélenchon" sur Mediapart (14 mai 2014) propose des clés pour sortir par le haut de cette crise.

« Les écologistes ont été les premiers à amener la clé de sortie par le haut.

[…] Mettons de côté le communisme d'Etat, l'idée que l'on fasse le progrès par le développement sans fin des forces productives, plus personne n'y croit. Le logiciel social-démocrate avait lui cette attraction fascinante de la progressivité. Il disait : "On va répartir différemment les fruits de la croissance". Et donc cela suppose que pour réparer les inégalités on eu une croissance sans fin, dans un monde où les moyens sont finis.

L'écologie politique apporte un fait qui change la donne intellectuelle : il n'y a qu'un seul écosystème compatible avec la vie humaine, donc nous sommes tous semblables, donc il y a un intérêt général humain, donc nous pouvons le trouver par la démocratie et la loi s'impose aux intérêts particuliers. C’est cela le logicielle du futur : transition écologique, planification écologique, relance de l'activité.

Le cœur de la question aujourd'hui est : soit la politique de l'offre, soit la relance de l'activité écologiquement soutenable.

Attention à ceux qui parient sur une aggravation de la situation pour tout recommencer. Si la misère engendrait la révolution on serait en révolution permanente! C'est Léon Trotski qui a expliqué cela. En période de misère, chacun fait attention à lui, aux siens et oublis les autres. Donc l'aggravation de la crise ne va nous sortir d'affaire. »    

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[1] https://www.youtube.com/watch?v=Sc69XVjEY5A&list=PLFq8Nc7V868I1JnY2YfiLpePRVsP1aiJj&index=1

[2] https://www.youtube.com/watch?v=n08NAQSn4nw&list=PLFq8Nc7V868I1JnY2YfiLpePRVsP1aiJj&index=2

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