Quant l'émotion est à son paroxysme, il n'y a plus de mots et juste le fracas des pensées sur les parois du cerveau comme une vague se brisant sur un rocher en bord de mer et de laquelle surgisse un milliard de fines bulles d'écume. Alors ce 7 janvier, quand j'ai essayé d'aligner 3 lignes pour réagir à cet indicible massacre, j'ai repensé à la à la semaine précédente où j'étais chez ma mère, chez qui je ne vais qu'une fois par an, et où il y a la plupart de mes BD, et comme j'en avais sélectionné quelques unes pour les ramener chez moi, puisque pour cette fois j'avais pris ma voiture pour venir, et comme j'étais content d'avoir pris un grand Duduche et quelques autres compilations de dessins de Cabu. Alors tous ces moments partagés, par dessins interposés avec lui, ont fondu sur moi et des larmes ont jailli, et comme je me suis retrouvé incapable de répondre à une collègue qui arrivait pour me demander si j'étais au courant de la terrible nouvelle. Elle a du voir les larmes qui perlaient au coin de mes yeux et a fait demi-tour et je suis sorti dehors prendre l'air pour ne pas m’affaisser à mon bureau et chialer de cette putain de triste journée, et j'ai tenté dehors de prendre quelques grandes inspirations mais les pensées tournaient dans ma tête alors j'ai fiévreusement cherché dans mes contacts qui joindre, mais ni mon frère, ni un copain en retraite n'ont répondu heureusement que j'ai pu joindre un pote qui a des horaires de travail atypiquee. Tant pis si je lui ai foutu sa tranquillité en l'air , alors qu'il faisait des travaux dans un appart et ignorait tout du drame que n’importe quel Français sur son lieu de travail ne pouvait plus ignorer. Alors que dire, que c'est la liberté qu'on assassine, que plus-jamais-ça et qu'ils ne nous auront pas ? Je crois qu'il ne faut pas oublier ce pourquoi sa battait Cabu, Wolinski, Charb, Tignous et tous ceux du Charlie Hebdo qui sont mort dans cette attaque. Il n'y a pas que la liberté d'expression, mais bien plus que ça, car ils étaient nos amis même si nous ne les connaissions pas, ils étaient nos inspirateurs, notre aiguillon, notre bonne ou mauvaise conscience, selon, comme l'est cette exclamation qui s'échappe de nous pour faire baisser la pression mais qui fait tellement du bien, comme cette flèche assénée en plein cœur de la bêtise, comme ce trait d'union entre des gens différents et qui ne pensent pas forcément la même chose mais pour qui le respect est juste essentiel, comme les mots spontanés qui sortent parfois de la bouche de nos enfants quant ils ne sont pas encore conditionné à être bien pensants. Alors ne noyons pas non plus au sein d'une illusoire unité nationale leur combat, n'oublions pas qu'ils luttaient aussi et avant tout contre les oligarques qui nous manipulent, nous gouvernent ou nous exploitent, voire les trois à la fois, et contre leurs suppôts, leurs suiveurs et tous ceux qui leur servent la soupe. N'oublions pas qu'ils n'étaient pas dans la caricature et la dénonciation par posture mais par conviction. Et n'oublions pas que ce sont nos héros, nous les esprits indépendants et libertaires de tous bords, et ne laissons pas leur massacre se faire récupérer par tel camp ou l'autre de la classe politique pour qui tout cela n'est qu'une stratégie, eux qui ont laissé l'ensemble de la société française se déliter au point d'être au bord de l'éclatement, et qui auront demain la main sur le cœur pour nous signifier leur rejet du terrorisme alors qu'ils en font le lit tous les jours, par leur décision méprisantes envers les citoyens de base que nous sommes.
Cette nuit, il n'y a qu'une chose qui me réconforte, que Cavanna ait pris la tangente avant qu'ils n'aient pu l'avoir. C'est si peu mais je vois pas trop là, j'aurais aimé finir sur une note d'humour potache, pour honorer votre mémoire, comme votre journal a célébré celle du grand Général en hissant haut le flambeau de son prénom, qui pied de nez, à l'histoire, reste et restera le symbole de l'impertinence et pas celui de la grandeur grandiloquente. Merci Charlie, le vrai, celui qui se fout de la gueule des gens toujours sérieux, liberticides et abjects par leur intolérance!