La raison d’Etat a ses raisons que la raison ignore, pour paraphraser la célèbre pensée Pascalienne. Rémi, lui, n’aura pas le droit à des hommages nationaux, le président de l’Assemblée ayant refusé la demande de Cécile Duflot d’une minute de recueillement au sein de l’Hémicycle. C’est la tristesse, le dégoût et aussi la rage, qui m’anime et qui doit animer tous les démocrates et les pacifistes de ce pays, devant la mort de ce gamin et de ses suites : un pouvoir qui louvoie et utilise tous les subterfuges pour justifier son attitude. Désormais, sa volonté de nier sa responsabilité est claire. Le Président Hollande a ainsi promis une enquête administrative, qui paraît bien mal engagée devant le nombre de contre-verités proférées par son gouvernement jusqu’ici. Le déni pour l’exécutif, et la lâcheté pour la majorité de la classe politique, qui ne dit rien face à ce drame.
Rémi n’est pas mort pour ses idées, M Carcenac, il n’était pas là pour ça, c’était un amoureux de la vie, des fleurs et des oiseaux. Rémi est mort à cause de ses idées. Ça n’a rien à voir, M Carcenac. Il y un gouffre entre les deux, comme il y a un gouffre entre un policier casqué, armé comme pour partir à la guerre, protégé par un bouclier et un manifestant qui n’a que ses vêtements de tous les jours sur le dos. Mais les idées, comme les convictions, il y a longtemps que vous avez cessé de vous y intéresser. Je parle de celles qui viennent d’un idéal, car j’ai la sale impression que vos seules idées vous viennent de votre soif démesurée de pouvoir et de privilèges. C'est d'ailleurs le cas de cette élite de notables qui nous gouvernent en nous ignorant, et se lance dans des couplets sur le respect de la démocratie et des institutions.
Partout, les rassemblements à la mémoire de Rémi sont interdits, il y a trop de risques de débordements. Nous savons tous comment ils dégénèrent, la plupart du temps, même lorsqu’ils sont pacifiques : quelques éléments radicaux, une infiltration policière et la violence des forces de l’ordre afin de mettre le feu aux poudres. Le pouvoir a alors beau jeu de pointer du doigt les manifestants dans leur ensemble, relégués au rang de casseurs. Et puis, aller manifester par les temps qui courent, ça fout la frousse : on sait qu’on risque d’être blessé, gazé, finir au poste ou à l’hosto.
Alors doit-on se contenter de réagir au travers ces blogs, dont l’impact est limité. Doit-nous en remettre aux lycéens, qui à Paris ont bloqué leurs établissement, le soin de défendre notre idéal de justice. Blasé par une classe politique immorale, nous laisserions notre jeunesse et les zadistes défendre nos idéaux. Ce serait alors notre ultime démission, un renoncement bientôt définitif.
Personnellement, je demande à tous ceux qui se sentent choqués par la mort de Rémi, et comme tout rassemblement est interdit, d’aller accroché une fleur à la grille de leur préfecture, de leur mairie s'ils résident trop loin de leur préfecture ainsi qu’un mot de protestation réclamant vérité et justice. Nous devons interpeller chacun de nos élus, des responsables politiques ou même des simples militants politiques que nous croisons, que nous connaisons. Face à un pouvoir aveugle et sourd, nous devons montrer ostensiblement notre indignation. S’il est interdit de se rassembler, nous viendrons chacun à notre tour devant leurs grilles crier que nous n’oublierons pas Rémi, jusqu'à ce que toute la vérité soit faite.
Sinon les mensonges continueront. La folie de ces grands projets inutiles continuera. Le déni de vérité, de justice et de démocratie continuera. Et leurs crimes seront couverts par notre soumission.