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Billet de blog 7 décembre 2025

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Miss France : un concours qui ne devrait plus exister

Chaque année, Miss France rejoue le même rituel : exposer des femmes sous prétexte de célébrer “la beauté”. Derrière les paillettes, c’est toujours le patriarcat qui orchestre le spectacle. Un concours archaïque, non représentatif, et profondément violent pour les femmes. Il est temps d’y mettre fin.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Un vieux concours, un vieux monde

Miss France aime se présenter comme une tradition “populaire”. En réalité, c’est une tradition patriarcale. Chaque édition nous rappelle à quel point le corps des femmes reste un lieu public, un terrain de compétition, un objet à évaluer, à classer, à rentabiliser.
On note, on commente, on compare. Et toujours selon les mêmes critères : minceur, jeunesse, conformité physique, absence de “défauts”, docilité, féminité lisse. La candidate est réduite à un emballage. Le reste – son histoire, son intelligence, ses combats, ses fragilités, ses contradictions – est secondaire.

Miss France est un laboratoire de ce que le patriarcat produit de pire : des femmes exposées comme de la viande dans un spectacle où la surface compte plus que tout le reste.

Une violence symbolique banalisée

On croit parfois qu’il s’agit d’un “jeu”, d’un divertissement un peu ringard. Mais ce concours n’est pas neutre.
Il impose aux femmes une pression esthétique colossale, désigne publiquement celles qui méritent d’être regardées – et, en creux, celles qui n’existent pas, qui ne sont pas “suffisantes”.

Les caméras balaient les corps, les jury jaugent, les téléspectateurs votent : tout est organisé pour que la femme devienne marchandise. L’industrie du divertissement s’en repaît, tandis que les standards imposent leurs ravages — troubles alimentaires, complexes, surveillance permanente du corps.

Miss France est une violence qui ne dit pas son nom.

Le concours de la non-représentativité

On nous promet chaque année une France reflétée dans ses Miss : une diversité, une modernité, une ouverture.
Mais la réalité est sans appel : Miss France ne représente pas la France.

  • Où sont les femmes grosses ?

  • Où sont les femmes en situation de handicap ?

  • Où sont les femmes trans, les femmes queer, les femmes racisées dans toute leur pluralité ?

  • Où sont les corps ordinaires, les vies réelles, les trajectoires multiples ?

On ne voit que la France fantasmée par TF1 : homogène, mince, souriante, formatée pour vendre des publicités entre deux séquences.

La “femme idéale” fabriquée par l’émission n’est qu’une construction politique : l’archétype rassurant de la féminité patriarcale, acceptable, décorative, non subversive.

Un concours qui n’a aucune raison d’exister en 2025

À une époque où l’on se bat pour faire reculer les violences sexistes et sexuelles, où les féminicides explosent, où les inégalités persistent dans tous les domaines, comment peut-on encore consacrer des millions d’euros et des heures de prime-time à un concours qui fige les femmes dans des rôles archaïques ?

Miss France ne célèbre pas la liberté des femmes.
Miss France n’émancipe pas.
Miss France ne questionne rien, ne dérange rien, ne politise rien.

C’est un spectacle profondément daté, qui survit par inertie, parce qu’il rassure un imaginaire masculin poussiéreux.

Le monde avance. Miss France, non.

Pour un futur sans concours de beauté

On n’a pas besoin de sélectionner “la plus belle femme de France”.
On a besoin de lieux où les femmes existent en sujet : penseuses, travailleuses, militantes, artistes, chercheuses, sportives, citoyennes — pas objets de compétition esthétique.

Supprimer Miss France, ce n’est pas censurer.
C’est cesser de normaliser un rituel d’humiliation collective qui hiérarchise les corps.
C’est faire le choix politique d’un autre regard sur les femmes : un regard qui ne les classe plus, ne les compare plus, ne les consomme plus.

Il est temps de dire stop.
Stop au patriarcat en strass.
Stop à la mise en scène de la docilité féminine.
Stop à un concours qui n’a plus aucune légitimité dans une société qui prétend avancer vers l’égalité.

Miss France ne devrait plus exister et c’est tant mieux.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.