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Billet de blog 8 décembre 2025

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« Sales connes » : l’insulte de Brigitte Macron qui dévoile son mépris du féminisme

En traitant de « sales connes » des militantes féministes ayant interrompu le spectacle d’Ary Abittan, Brigitte Macron dévoile le mépris de classe et l’hostilité du pouvoir envers les luttes contre les violences sexuelles. Une insulte révélatrice d’un système qui préfère protéger les puissants que écouter les femmes.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Il y a des lapsus qui disent tout.
Et puis il y a des insultes assumées, prononcées à chaud, sans filtre, parce qu’elles traduisent une vision du monde. En qualifiant de « sales connes » des militantes féministes venues interrompre un spectacle d’Ary Abittan, Brigitte Macron ne s’est pas simplement « emportée » : elle a révélé la colonne vertébrale du macronisme face au féminisme — un mélange de mépris social, de crispation de classe et de peur panique dès que les femmes sortent du cadre poli qu’on leur assigne.

Ce n’était pas une erreur.
C’était un aveu.

Quand la Première dame insulte, l’institution parle

La scène est connue : des militantes féministes perturbent un spectacle d’Ary Abittan, humoriste dont le retour sur scène interroge à l’heure où les violences sexuelles restent massivement impunies. Dans les coulisses, Brigitte Macron souffle à l’artiste, sourire aux lèvres :
« S’il y a des sales connes, on va les foutre dehors. »

Présomption d’innocence pour les puissants.
Présomption de « saleté » pour les militantes.

On ne peut pas faire plus clair dans la hiérarchie des vies et des paroles.

Le message est glaçant : dans cette République-là, la parole des femmes qui dérangent n’a pas seulement tort — elle salit.
Elle dérange parce qu’elle dénonce.
Elle dérange parce qu’elle rappelle ce que le pouvoir voudrait enfouir sous le tapis rouge des théâtres : les violences sexistes restent une réalité, même lorsqu’un dossier judiciaire se clôt.

Le féminisme acceptable selon Brigitte Macron : silencieux, poli, et surtout inoffensif

Que reproche-t-on vraiment à ces militantes ?
D’avoir dérangé un spectacle.
D’avoir troublé l’entre-soi culturel où le féminisme est toléré tant qu’il reste un thème de débat… mais jamais un geste politique.

Brigitte Macron n’a pas traité de « sales cons » des supporters d’extrême droite.
Elle n’a pas insulté les ministres qui protègent des agresseurs.
Elle n’a pas dérivé face aux multiples affaires qui éclaboussent son propre camp.

Non : son mépris se réserve pour les féministes, celles qui refusent de jouer leur rôle de décoration républicaine.
Celles qui rappellent que les violences sexuelles ne disparaissent pas par magie, encore moins grâce aux sermons institutionnels.

Ce que Brigitte Macron dit, au fond, c’est :
« Les femmes, taisez-vous. Les puissants parlent. »

Le mépris de classe, version haute couture

Dans le vocabulaire politique, rien n’est neutre.
Pourquoi « sales » ? Pourquoi « connes » ?

Parce que cette insulte n’attaque pas seulement une opinion : elle attaque une supposée infériorité sociale.
On insulte des femmes qui n’ont pas les codes, pas les bonnes manières, pas la place qu’on voudrait leur assigner.

Il n’y a rien de plus violent que de voir une figure institutionnelle qualifier des militantes — souvent jeunes, souvent précaires, souvent survivantes — de femmes « sales », indignes, presque contaminantes.

Il y a là tout le mépris de l’élite politique envers les luttes populaires.
Tout ce que le macronisme a toujours cherché à faire : dépolitiser les colères en les disqualifiant moralement.

Quand le pouvoir insulte, il révèle sa peur

On pourrait croire que l’affaire est anecdotique.
Elle ne l’est pas.
Elle montre une chose essentielle : le pouvoir a peur du féminisme quand il n’est plus instagrammable, quand il devient action directe, quand il touche à la question de l’impunité.

Ces militantes n’ont pas interrompu un spectacle pour faire du bruit.
Elles l’ont interrompu parce que la société refuse encore de regarder en face la réalité des violences sexuelles.

Et qu’a répondu l’institution représentée par Brigitte Macron ?
Pas un argument.
Pas un débat.
Juste : l’insulte.

Quand un pouvoir répond par l’insulte, c’est qu’il n’a plus rien d’autre à opposer.

Ce que cette scène dit de l’état du féminisme en France

Cette affaire s’inscrit dans un climat où :

  • les féminicides explosent,
  • les associations perdent des financements,
  • les victimes reçoivent toujours moins de protection réelle,
  • les agresseurs bénéficient d’un soutien public, politique, médiatique.

Dans ce contexte, voir la Première dame traiter des militantes de « sales connes » n’est pas une simple « maladresse ».

C’est un signal politique :
le féminisme dérange, et le pouvoir entend le remettre à sa place.

Conclusion : nous ne serons jamais « des sales connes », mais les héritières d’une colère légitime

Si défendre les victimes, si dénoncer l’impunité, si interrompre un spectacle pour rappeler que le patriarcat tue et broie…
… fait de nous des « sales connes »,
alors oui :
nous sommes la génération qui refuse de se taire.

Le pouvoir peut insulter.
Il peut mépriser.
Il peut tenter de ridiculiser.

Mais il ne pourra jamais effacer ce qui l’effraie :
un féminisme qui n’a pas peur des puissants.

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