Je milite à La France insoumise depuis plusieurs années. J’y ai connu l’espoir, la colère, l’émancipation… mais aussi l’isolement, les violences sexistes, les silences complices. Comme tant d’autres militantes de terrain, j’ai trop souvent vu nos voix marginalisées, nos expériences dévalorisées, nos idées instrumentalisées.
À l’approche des élections municipales de 2026, je vois les mêmes dynamiques à l’œuvre. Des hommes qui s’organisent pour obtenir une tête de liste. Des collectifs qui construisent des programmes où l’égalité femmes-hommes tient en une ligne, entre la revitalisation des centres-villes et le tri des déchets. Des camarades qui se disent féministes mais ne laissent jamais leur place.
Je ne veux plus me taire.
Parce que ce silence, nous sommes trop nombreuses à l’avoir porté.
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La mairie est un lieu de pouvoir. Donc un lieu de lutte.
Le féminisme ne se limite pas à l’Assemblée ou aux grands débats nationaux. Il se joue aussi dans les crèches qu’on n’ouvre pas, dans les subventions aux associations féministes qu’on refuse, dans les espaces publics où l’on se sent en insécurité.
Dans la vie quotidienne, les inégalités prennent racine : les femmes précaires, les mères isolées, les femmes racisées subissent des politiques locales inadaptées, voire hostiles.
C’est pourquoi le féminisme municipal est une urgence politique.
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La droite, le centre et leurs silences
Dans les programmes municipaux de droite ou du macronisme, le mot "féminisme" est un fantôme. On parle de "familles", de "sécurité", de "propreté", mais jamais des violences sexistes, des inégalités de genre, ou des oppressions croisées. Les femmes sont vues comme des électrices cibles, pas comme des citoyennes à émanciper.
Pire encore : l’extrême droite, elle, veut nous renvoyer au foyer. Leur idéal de "la femme" est celui d’une mère soumise, chrétienne, silencieuse. Derrière leur pseudo-féminisme islamophobe, c’est toute notre liberté qu’ils veulent piétiner : IVG, autonomie, visibilité, solidarité.
Aucune femme ne sera libre dans une mairie RN.
Et aucune féministe ne peut faire semblant de ne pas le voir.
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Et à gauche ? L’hypocrisie n’est plus tenable
À gauche aussi, les luttes féministes sont reléguées à des "volets annexes" de programme. Combien de fois avons-nous vu des hommes investis malgré des alertes ? Combien de collectifs prétendument progressistes se montrent incapables de faire une vraie place aux femmes ?
Je l’ai vécu. D’autres aussi.
Et pourtant, je reste à La France insoumise. Parce que c’est la seule force politique aujourd’hui à porter un féminisme concret dans les programmes municipaux. Pas un vernis. Une vision. Un projet de transformation.
Des propositions comme :
La mise en place de budgets genrés,
La gratuité des protections hygiéniques dans les lieux publics,
Le soutien aux associations de lutte contre les VSS,
Des logements municipaux pour les femmes victimes de violences,
La féminisation des noms de rues et des lieux,
Des formations obligatoires contre les discriminations dans les services publics,
Une politique de l’espace public pensée pour toutes et tous.
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Aux femmes militantes : prenez la tête
On dit souvent aux femmes qu’elles sont indispensables. Mais trop rarement qu’elles peuvent être premières. On les valorise comme "organisatrices", "référentes", "négociatrices", mais jamais comme cheffes de file.
Alors je le dis : vous avez le droit de vouloir la tête de liste.
Vous avez la légitimité, l’expérience, la force.
Et vous n’avez pas à attendre que quelqu’un vous la propose gentiment.
Vous pouvez la prendre.
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À nos camarades hommes : montrez l’exemple
Un mot enfin pour les camarades masculins qui se revendiquent féministes :
L’égalité ne se décrète pas, elle se prouve.
Si vous croyez à l’égalité, alors soyez prêts à renoncer à votre première place sur une liste pour qu’une camarade puisse la prendre.
Pas comme un geste de charité, mais comme un acte politique clair.
Soutenir une femme compétente à la tête d’une liste, c’est être fidèle à nos valeurs.
C’est incarner la rupture que nous prétendons défendre
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En 2026, pas de programme sans féminisme
Nous ne voulons plus d’alliances de façade, de textes tièdes, de têtes d’affiche recyclées.
Nous voulons des programmes municipaux féministes, construits avec les premières concernées, portés par des femmes en première ligne, pensés à partir de nos besoins, de nos réalités, de nos colères.
Parce que changer la commune, c’est changer la société.
Et parce que nous serons là. Pas derrière. Devant.