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Billet de blog 16 septembre 2025

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La manipulation masculine dans le milieu militant : un impensé destructeur

J’ai longtemps cru que les collectifs militants, parce qu’ils portent l’égalité, seraient des espaces plus sûrs, débarrassés des rapports de domination que nous combattons dans la société. L’expérience m’a montré le contraire : le patriarcat s’y glisse subtilement, souvent sous la forme la plus insidieuse, celle de la manipulation masculine.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

J’ai longtemps cru que les collectifs militants, parce qu’ils portent l’égalité, seraient des espaces plus sûrs, débarrassés des rapports de domination que nous combattons dans la société. L’expérience m’a montré le contraire : le patriarcat s’y glisse subtilement, souvent sous la forme la plus insidieuse, celle de la manipulation masculine.

Quand les mots ne correspondent pas aux actes

Il y a cette figure familière dans les mouvements de gauche : l’homme « féministe » qui maîtrise parfaitement le langage de la déconstruction. Il parle d’égalité, cite des autrices féministes, se montre attentif en public… mais dans l’ombre, il reproduit les mêmes mécanismes de domination que ceux qu’il prétend dénoncer.

Cette contradiction n’est pas un détail : elle crée une dissonance douloureuse. Car derrière un discours de camaraderie et de solidarité, ces hommes savent utiliser la confiance militante pour imposer leurs propres désirs, leurs visions, ou leurs relations.

L’emprise affective comme outil de pouvoir

La manipulation masculine n’est pas toujours brutale, elle est souvent douce, progressive, difficile à identifier. Elle passe par la séduction « intellectuelle », l’attention exclusive, puis le chantage affectif quand une femme prend de la distance. C’est un jeu de pouvoir qui s’appuie sur la culpabilisation : « tu exagères », « tu fais du mal au collectif », « tu n’es pas solidaire ».

À force, on en vient à douter de soi, à s’effacer pour préserver la cohésion du groupe. Ce qui aurait dû être un espace de libération devient un lieu de contrôle.

Le prix du silence

Ces dynamiques sont rarement prises au sérieux. Souvent, on nous dit : « ce sont des histoires privées », comme si le privé n’était pas politique. Pourtant, les conséquences sont bien réelles : perte de confiance, isolement, départ de militantes qui n’en peuvent plus. Le collectif perd alors des voix féminines, mais surtout, il perd en cohérence. Comment prétendre transformer la société si l’on ne s’attaque pas à nos propres contradictions internes ?

Refuser l’impunité militante

Nommer la manipulation masculine, c’est rompre un tabou. Cela dérange, car cela oblige à regarder en face que le patriarcat n’est pas seulement « dehors », mais qu’il se niche dans nos cercles les plus proches. Pourtant, c’est une étape indispensable. Si nous voulons des luttes justes, si nous voulons que les femmes puissent y militer sans crainte d’être instrumentalisées, alors nous devons prendre à bras-le-corps ces violences invisibles.

Il ne s’agit pas d’un règlement de comptes, mais d’une exigence politique. Car l’émancipation que nous portons doit être réelle, incarnée, vécue au quotidien – et pas seulement proclamée dans les tracts ou les discours.

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