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Billet de blog 1 septembre 2008

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Mettez du Lula dans votre campagne électorale

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Cela vous rappelle quelque chose ? Pas forcément à tous, mais je vois déjà se dessiner un sourire sur les traits de ceux qui ont suivi la campagne de l’élection présidentielle de 2006. Cette musique, ces paroles ? Eh oui ! C’est une copie pratiquement mot pour mot du jingle de la campagne de Lula au second tour. A l’époque, le professionnel du marketing Joao Santana s’était inspiré d’une phrase qui revenait souvent dans la rues, sorte de dicton populaire, agacé par les attaques dotn le président sortant était la cible, malgré la situation très positive de l’économie : « Deixa o homen trabalhar », en clair, « laissez-le bosser ». Nous sommes en septembre 2008, à moins de deux mois des élections municipales, et c’est Marta Suplicy, l’une des pièces maîtresses du Parti des Travailleurs de Lula qui tente de reconquérir Sao Paulo (qu’elle a dirigé de 2000 à 2004) en embauchant Joao Santana. Ils décident tout simplement de reprendre le jingle de Lula

Lula-2006:

A voz de Deus é a voz do povo La voix de Dieu est la voix du peuple
Olha Lula aí de novoRegarde Lula là de nouveau
Lula é um grande presidenteLula est un grand président
E vai continuar com a genteEt il va continuer avec nous

Marta-2008:

A voz de Deus é a voz do povoLa voix de Dieu est la voix du peuple
Olha a Marta aí de novoRegarde Marta là de nouveau
Para continuar o que já fez Pour poursuivre ce qu’elle a déjà fait
Eu quero a Marta outra vezJe veux Marta une nouvelle fois

Ce faisant, Marta Suplicy ne fait que représenter de la manière la plus caricaturale un phénomène qui parcourt tout le Brésil. Tout le monde cherche à s’associer au symbole de Lula, président le plus populaire de l’histoire (depuis que l’indicateur est mesuré) : près de six ans après son élection, 73% des Brésiliens estiment son action bonne ou excellente Le Président ayant décidé de se faire rare pendant les meetings, pour éviter des problèmes à sa majorité (plusieurs membres de la coalition au pouvoir s’affrontent lors des municipales), les candidats multiplient les allusions dans les publicités qui passent gratuitement à la télévision. Certains allant jusqu’à reprendre son nom : le tribunal électoral a dénombré au moins 179 Lula candidats…Certes, pour une élection locale, cette association n’est pas forcément décisive, mais elle peut donner un coup de pouce, surtout dans le Nordeste, où la situation a considérablement changé depuis l’arrivée de Lula à Brasilia. C’est peut-être aussi le cas à Sao Paulo, où Marta constitue une des exceptions à la règle, puisque Lula va faire campagne pour elle dès le premier jour, comme dans les principales villes de la ceinture industrielle (Santo André, Diadema, Sao Bernardo…). Elle bénéficiera d’autant mieux de cette campagne télévisuelle qu’elle comprendra qu’il faut réactiver les réseaux sociaux et mouvements populaires pour gagner. L’histoire récente du Brésil démontre à ceux qui en doutent encore que le marketing ne fait pas gagner l’élection. Les plus fins observateurs de la politique brésilienne reconnaîtront dans le jingle un autre slogan « Sao Paulo nao pode parar », « Sao Paulo ne peut pas s’arrêter »… Celui de Paulo Maluf, qui a dirigé la ville, en se faisant surtout connaître pour ses accointances avec le régime militaire, son goût pour la corruption, et tout de même un vrai génie politique. En 2006, celui que tous les analystes donnaient comme mort est devenu le député élu avec le plus de voix du Brésil. Maluf brigue de nouveau la mairie, et il n’a aucune chance. Marta tente clairement de récupérer ses voix, dès le premier tour si possible, ce serait sa meilleure chance.

Pour les nostalgiques, allez jeter un œil à la campagne de Lula 2006 :

http://br.youtube.com/watch?v=RoGMAp-a2F8&feature=related