A l’issue du Forum social mondial de Belém, des voix se sont élevées comme de coutume pour déplorer l’absence d’un communiqué commun, il est vrai difficile à établir entre 100.000 représentants.
Certains petits groupes ont toutefois tenu à marquer les esprits en se prononçant ensemble, c’est le cas des partisans d’une justice climatique (voir l’appel de Belém : http://climatjustice.org/). L’idée est simple. Elle part du constat que les catastrophes climatiques provoquées ou du moins accélérées par le réchauffement climatique, ne frappent pas la population mondiale de la même façon. A l’échelle de la planète, ce sont les plus riches qui dépensent de l’énergie sans s’inquiéter de la répercussion de leurs gestes (cf les Etats-Unis, premier consommateur mondial d’énergie, qui refuse de ratifier le protocole de Kyoto), alors que beaucoup de pays pauvres affrontent inondations et cyclones. Au sein d’un même pays, l’injustice est reproduite. Le cyclone qui s’est abattu sur la Nouvelle-Orléans en 2005 a rappelé au monde entier que les Américains pauvres étaient totalement démunis devant la tragédie. C’est dans ce cadre que plusieurs ONG s’organisent pour donner naissance à un nouveau droit, le droit climatique. L’idée est de ne pas se borner à pleurer pour la vingtième fois la destruction prévisible d’une maison, mais de faire payer les responsables, à l’échelle internationale ou nationale. Etant donné l’ampleur des sommes en jeu, elle peut faire son chemin. En attendant, en Amérique centrale, une région où la saison des cyclones est attendue avec terreur, on commence à s’organiser. Une poignée d’ONG ont décidé de s’unir au sein du Moviac, le mouvement centr o-américain des victimes du changement climatique. On y trouve notamment la Cesta (El salvador), Madre Tierra (Honduras), Ceiba (Guatemala), Coecoceiba (Costa Rica) et plusieurs communautés qui parlent en leur nom propre.Le Movia est né en juin 2008, à l’iddue d’un forum sur le changement climatique organisé à El Salvador par l’ONG Amis de la Terre. L’objectif est d’abord de faire prendre conscience de ce statut de victime qui donne des droits face aux négligences de l’Etat ou de certaines entreprises. Cela passe par la compréhension des mécanismes du climat, beaucoup des populations les plus frappées étant totalement abandonnées par l’Etat, sans éducation ni information. Beaucoup voient dans les tempêtes des expressions de colères divines ou le résultat d’une magie maléfique. En travaillant auprès des communautés les plus vulnérables, le Movia veut les aider à s’organiser face aux autorités locales. L’enjeu n’est pas seulement la compensation, mais surtout l’organisation en amont contre les catastrophes. Le mouvement explique ainsi que la déforestation contribue de manière dramatique à empirer l’impact des ouragans, l’absence d’arbres empêchant notamment la terre d’absorber la quantité d’eau surgie. Pourtant depuis l’ouragan Mitch, qui avait faitquelques 11 000 morts en 1998, on a continué à dévaster les arbres au nom de grands projets de développement. Le groupe veut également enseigner des techniques de survie, comme la possibilité de garder des aliments sans réfrigération, à travers, par exemple, la salaison de la viande ou la déshydratation de fruits et légumes, l’élaboration de conserves etc… Il compte aussi travailler sur les graines plantées, en choisissant certaines plus résistantes aux sécheresses ou aux inondations.
Une nouvelle réunion régionale est prévue en juin, afin de préparer une délégation, qui pourra représenter ces communautés victimes d’Amérique centrale au sommet mondial de Copenhague, qui aura lieu en décembre.