Le moins qu'on puisse dire, c'est que le fluide est passé entre Lula et Obama. Les deux hommes se sont rencontrés il y a deux semaines à Washington, lors d'une visite officielle du président brésilien aux Etats-Unis, et d'emblée, c'est la décontraction qui s'est imposée. Une scène vient de faire aujourd'hui le tour du monde. En marge des réunions du G20, Obama croise Lula et lui serre chaleureusement la main, avant de prendre à témoin le premier ministre australien, Kevin Rudd, et son secrétaire au trésor : "I love this guy", "j'adore ce type", lance-t-il, avant d'ajouter, "c'est l'homme politique le plus populaire du monde", ce qui n'est probablement pas faux.
La scène a provoqué l'incompréhension de l'élite brésilienne, qui idolatre les Etats-Unis, et méprise son président issu de la classe ouvrière syndicaliste, n'étant pas allé au-delà du Brevet au collège, et amputé d'un doigt, lors d'un accident du travail lorsqu'il était ouvrier métallurgiste. La sortie d'Obama fait également enrager les éditorialistes qui se réjouissaient, la semaine dernière, de la "chute de popularité" du président brésilien, provoquée par la crise économique. Les chiffres parlent d'eux-mêmes : la popularité de Lula est tombée de 84% en décembre dernier à un peu plus de 75% la semaine dernière. Après plus de six ans de pouvoir, il y a de quoi s'inquiéter en effet !!! Rappelons que les plus bas taus de popularité ont toujours dépassé les plus hauts taux de son prédecesseurs, Fernando Henrique Cardoso, adoré des élites brésiliennes pour son aisance dans les salons et sa réputation de traducteur de Montesquieu. Il est aussi l'homme du plan real, qui a stabilisé l'économie brésilienne, et de privatisations frauduleuses qui ont contribué à affaiblir l'état et enrichir une poignée d'entreprises.
Mais revenons à Lula. Une bonne relation avec Obama est bienvenue, elle contribue à améliorer les relations entre le géant du nord des amériques et celui du sud. Au Brésil, l'impact est double. Au delà de la délectation de voir les réactionnaires enrager, reste le fait que Lula, qui jouit d'une popularité presque indécente à l'issu de deux mandats, se trouve conforté dans le position de celui qui va influer sur l'élection de son sucesseur. Cela renforce également l'idée que sa politique est bonne. Plus sociale, elle est certes meilleure que celle de ses prédecesseurs, mais elle pourrait être nettement plus ambitieuse pour faire du Brésil un pays plus juste. Parfois, on aimerait que Lula soit un peu plus fragilisé pour devoir se retourner vers ces bases qui l'ont élu, non seulement pour les embrasser et écouter leurs applaudissements, mais prendre en compte leurs critiques et leurs propositions.