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Billet de blog 3 janvier 2011

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Valeu, Lula !

Allez, on l’avoue : comme beaucoup de Brésiliens, on a eu du mal à retenir ses larmes, ce 1er janvier. Voir Lula passer l’écharpe présidentielle, très vite, sans solennité aucune, comme s’il voulait en finir, sans cacher sa tristesse.

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Allez, on l’avoue : comme beaucoup de Brésiliens, on a eu du mal à retenir ses larmes, ce 1er janvier. Voir Lula passer l’écharpe présidentielle, très vite, sans solennité aucune, comme s’il voulait en finir, sans cacher sa tristesse. Le voir surtout, se moquer de son service de sécurité, et pour une dernière fois, plonger dans la foule massée devant le palais présidentiel du Planalto. Malgré la pluie, ils étaient là pour dire «Valeu, Lula » (mélange de merci et bravo), et accueillir Dilma. Une dernière fois, comme pour oublier qu’il était déjà devenu ex-président, Lula se donne, il embrasse, est embrassé, il enlace, est enlacé, il agrippe, est agrippé, et il pleure, surtout, sans arrêt. Belle sortie, jolie leçon de démocratie, quitter le pouvoir quand on a 87% de popularité et qu’on peut se targuer d’avoir transformé le Brésil, après avoir brisé un tabou en faisant d’un métallo un président, dans un pays qui se choisissait toujours des officiers et des fils de bonne famille, parvenir enfin, à faire élire son successeur, pour que le processus de changement ne s’interrompe pas, une femme de surcroît… Ce n’est pas donné à tout le monde. Lula s’éclipse, avec probablement l’élégance d’être peu présent sur la scène nationale, pour laisser exister Dilma Rousseff. Elle non plus n’a pas caché ses larmes, ni son admiration pour son charismatique prédécesseur. Lula quitte le pouvoir en donnant la sensation au Brésil que toutes les portes lui sont ouvertes – les journaux titrent ici « la décennie du Brésil ». Les défis de celle qui lui succèdent sont énormes : continuer à réduire des inégalités, qui restent abyssales, en affrontant peut-être, le vrai pouvoir, à travers une réforme fiscale que Lula a laissé de côté, et une réforme politique. Donner un visage décent à l’éducation publique, excellente souvent au niveau supérieur, lamentable à l’école. Améliorer la santé publique. En finir avec la violence qui décime toute une génération de jeunes, noirs et pauvres le plus souvent. Investir, pour que la croissance ne soit pas enrayée, et pour faire de la coupe du monde de 2014 et des jeux olympiques une vraie chance pour le pays. Du pain sur la planche, avec, tout de même, un atout : l’optimisme brésilien, plus fort que jamais : 69% d’entre eux sont sûrs qu’elle fera un mandat « bon » ou « excellent . C'est avec ce nouveau départ que je reprends la plume, après deux mois d'émerveillement face à ma fille. La fascination continue, mais je reprends le travail avec plaisir ! Feliz ano novo !