Nous avons d'abord vibré de ce Mercosur en quart de finales. Si l'association qui unit les quatre pays du cône sud-américain (Argentine, Brésil, Paraguay et Uruguay) ne brille pas toujours dans la vie réelle, les voir arriver tous au plus haut niveau de la compétition est un hommage au football latino-américain. Hier, le Brésil s'est incliné, provoquant un abattement dans les rues de Rio de Janeiro dont je n'aurais jamais imaginé l'ampleur. L'Uruguay s'est frayé un chemin jusqu'à la demi-finale, à l'issue d'un match pleins de coup de théâtre. Aujourd'hui, le Paraguay affrontera l'Espagne et l'Argentine l'Allemagne. Avant même le résultat de ce dernier match, qui promet d'être un duel de grands, le très honorable New York Times vient de publier une lettre pour demander ses excuses à Diego Maradona, l'entraineur de l'équipe argentine. « Cher Diego, il est grand temps pour vos critiques de dire pardon, et merci », commence la lettre. Pardon d'avoir suivi jugé délirant le choix de Julio Grondona, le président de l'Association argentine de football, 78 ans, de demander à une « icône vieillissante sans expérience de l'entrainement de mener une équipe nationale brisée à la coupe du Monde ». « Quelque soit l'issue de la rencontre Allemagne-Argentine, votre équipe a été la joie de ce tournoi », poursuit le texte. Et d'expliquer que Maradona a su insuffler la vie dans ce sport, libérant de toute inhibition de grands joueurs comme Lionel Messi, Carlos Tévez, Gonzalo Higuain et bien d'autres. Personne n'est trompé par le costume gris et les chaussures bien cirées que Maradona arbore à chaque match, « derrière cet homme de 49 ans à la mise formelle, on retrouve le génie de 1986 qui se moquait de tout». Et le journaliste, Robe Hughes, d'expliquer pourquoi il ne croyait pas en Maradona entraineur : comment un homme qui a brulé ses talents en plongeant dans la drogue et l'alcool, « apparemment incapable de gérer sa propre vie pourrait-il conduire des joueurs perdus et sans illusion à l'égard de leur propre fédération nationale » ? Il rappelle que l'ambition de Maradona n'était pas des moindres : seuls deux ex-joueurs champions du monde ont réussi en tant qu'entraineur à rapporter le titre - le Brésilien Mario Zagallo, qui jouait en 1958 et dirigeait l'équipe en 1970, et l'Allemand Franz Beckenbauer, sur le terrain en 1974 et dans les coulisses en 1990. Mais l'irrévérence de Maradona n'a rien à voir. « Vous nous avez dit que vous n'aviez pas à dire à Messi comment jouer, tout comme personne n'a jamais dit à Maradona comment jouer. C'est drôle, nous pensions justement aux frictions qui pouvaient naitre entre celui qui a été le magicien du football argentin, et le seul homme qui pourrait le détrôner », poursuit l'article avant de conclure : « mea culpa, vraiment !!! »
On croise les doigts pour l'Argentine, et pour Maradona : encore du beau jeu, cette tendresse à l'égard de ces joueurs et cette joie infantile qu'il sait nous insuffler.