« Bonjour, je m’appelle Sueli Miranda de Carvalho Silva, je veux à travers ces lignes remercier les personnes qui ont inventé Bolsa Familia. Pendant les années durant lesquelles j’en ai bénéficié, cela m’a aidé à avoir du pain tous les jours à la maison. Maintenant, j’ai trouvé un boulot, et je voudrais qu’une autre personne ait la même chance que moi ».
C’est avec ces quelques mots que Sueli Miranda, 47 ans, a demandé à la mairie de Belo Horizonte, capitale de Minas Gerais, de ne plus recevoir l’allocation « Bolsa Familia ». Mis en place en 2004, Bolsa Familia, littéralement « bourse famille » constitue le pilier central de la politique sociale du gouvernement Lula. Tous les foyers dont les revenus mensuels sont inférieurs au seuil de pauvreté (120 reais par personne, soit 50 euros) ont droit à cette aide du gouvernement fédéral, dont le montant varie de 20 à 182 reais (8 à 75 euros) selon le niveau de revenu et le nombre d’enfants âgés de moins de 17 ans.
Pour bénéficier du programme, les familles s’engagent en échange à scolariser de façon régulière les enfants, et à afficher un carnet de vaccination à jour. L’opposition a violemment attaqué cette politique dans les premiers temps, estimant qu’elle n’était basée que sur l’assistance. Il ne faut pas donner du poisson, mais apprendre à pêcher, répétaient les adversaires du gouvernement.
Ce dernier rétorquait que pour apprendre, il faut avoir le ventre plein. Les critiques ont fait long feu : bénéficiant à 11 millions de foyers, le programme est a revitalisé des villes entières, limité l’exode rural, amélioré l’alimentation des enfants, et propulsé la popularité du gouvernement à des sommets. Tout cela pour un budget minuscule. I
l reste bien sûr à travailleur sur les mécanismes de sortie, qui dans certains n’existeront jamais. Mais Sueli Miranda n’est pas la seule : comme elle, plus de 60 000 Brésiliens ont demandé par écrit à ne plus recevoir cette allocation, estimant qu’avec la hausse de leurs revenus (qui restent néanmoins très modeste), Bolsa Familia devrait en aider d’autres.
Plus de deux millions de foyers sont déjà sortis de Bolsa Familia, mais par décision de la municipalité, qui constatait l’amélioration de leurs revenus. Pour tous les spécialistes, le fait que 60 000 personnes fassent le pas elles-mêmes est un signe surprenant, le signe que les plus pauvres commencent à se sentir citoyens à part entière.