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Billet de blog 6 juillet 2008

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Le Parti des Travailleurs, formation politique préférée des Brésiliens

A exactement 100 jours des élections municipales, qui ont au Brésil un rôle fondamental du fait de la nature décentralisée du pouvoir, le Parti des travailleurs (PT), créé il y a 28 ans, n’est pas peu fier d’annoncer qu’il est devenu la formation préférée des Brésiliens.

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A exactement 100 jours des élections municipales, qui ont au Brésil un rôle fondamental du fait de la nature décentralisée du pouvoir, le Parti des travailleurs (PT), créé il y a 28 ans, n’est pas peu fier d’annoncer qu’il est devenu la formation préférée des Brésiliens. Selon une enquête de l’institut de sondages Vox Populi, le PT serait le parti préféré de 25% de la population, contre 7% pour le PMDB (immense pachyderme fourre-tout), 6% pour le PSDB (centre-droite) et 2% pour le DEM (droite conservatrice). Il est aussi le parti dont on se souvient le plus (36%), un atout énorme dans un paysage politique éclaté. Les électeurs ont en général oublié six mois après l’élection pour qui ils ont voté… Alléluia ? Pas si sûr. En analysant les résultats, on peut certes en conclure que le PT devrait faire un bon résultat en octobre-novembre, mais que ce résultat puisse être projeté dans les prochaines années. Explication : la majorité des raisons pour lesquelles le PT est plébiscité est liée à la situation économique et au président Lula : les deux tiers des Brésiliens sont satisfaits de la situation actuelle et ils sont 58% à estimer que l’amélioration devrait se poursuivre dans les deux prochaines années. Pour 63% de l’électorat,le PT a aidé le pays à croître, mais ils sont 84% à juger de manière positive la politique du président Lula, et notamment les politiques sociales mises en place. Ce sondage souligne à quel point le battage médiatique contre le PT (associé à tous les bandits et terroristes de la terre) ne prend pas, les Brésiliens faisant preuve de rationalité, étant donnée l’amélioration réelle de leur quotidien. Il démontre aussi à quel point le parti reste lié à la personnalité de Lula : en hausse lorsque le président monte dans les sondages, en berne lorsqu’il est critiqué. C’et inquiétant quand on se souvient que Lula ne peut pas théoriquement briguer sa propre succession en 2010 : le PT sera-t-il capable de se définir sans Lula ? Pour l’heure, il brille par la son absence dans tout le débat public : rien sur la propriété du pétrole, rien sur la situation internationale, rien sur l’Amazonie… Comme toujours, les idées des pétistes sont nombreuses, celles du PT, difficiles à cerner. Hormis la classique crise du parti du gauche arrivé au pouvoir et qui doit confronter ses rêves à la réalité, se faisant, hélas, plus royaliste que le roi (on connaît bien le syndrome en Europe), le PT dévoile un problème beaucoup plus lointain, qui date de sa naissance, en temps que force d’opposition à la dictature, puis comme un des piliers de la redémocratisation. Qu’avaient à faire ensemble des guérilléros repentis, des religieux progressistes, des trotskystes virevoltants et des syndicalistes de la métallurgie ? Une grande et belle mission : porter un homme du peuple au pouvoir, porter Lula au pouvoir. Sur le chemin, ils ont trouvé plus commode d’oublier leurs dissensions, qu’ils n’étaient pas forcément d’accord sur grand choses hormis de grandes idées généreuses et vagues, ou en tous cas qu’ils n’avaient jamais vraiment pris le temps s’en discuter, surtout après la chute du mur de Berlin. Pendant quinze ans, le moyen (Lula) est devenu une fin. Cela a réussi à l’ex-métallo, cela semble réussir au brésil. A moins que ses cadres ne se ressaisissent, il n’est pas sûr que cela réussisse au PT, sans vrai candidat pour 2010.