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Billet de blog 6 novembre 2008

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L’Uruguay se divise sur l’avortement

Petit pays souvent oublié, coincé entre l’Argentine et le Brésil, à la démographie symbolique (trois millions d’habitants) l’Uruguay vient une nouvelle fois de démontrer que sa scène politique et sociale est loin de l’apathie. Les mouvements sociaux gardent du souffle (rappelez-vous la guerilla des tupamaros fut de loin la plus créative de la région !), et viennent d’impulser le vote d’une loi sur l’avortement. En Amérique du Sud, ce dernier est interdit dans tous les pays (hormis à Cuba). Une immense hypocrisie,

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Petit pays souvent oublié, coincé entre l’Argentine et le Brésil, à la démographie symbolique (trois millions d’habitants) l’Uruguay vient une nouvelle fois de démontrer que sa scène politique et sociale est loin de l’apathie. Les mouvements sociaux gardent du souffle (rappelez-vous la guerilla des tupamaros fut de loin la plus créative de la région !), et viennent d’impulser le vote d’une loi sur l’avortement. En Amérique du Sud, ce dernier est interdit dans tous les pays (hormis à Cuba). Une immense hypocrisie, puisque les femmes issues des milieux aisés mettent le prix pour avorter dans de bonnes conditions dans des cliniques qui n’ont de clandestines que le nom. Les plus pauvres meurent par milliers tous les ans, en pratiquant des avortements sauvages (médicaments provoquant des hémorragies, utérus perforés par des matériels coupant) par manque de moyen. Dans la nuit de mercredi, l’assemblée nationales uruguayenne a voté de justesse (49 voix pour et 48 contre) une loi pour la légalisation de l’avortement. Il serait permis durant les trois premiers mois de grossesse. La loi doit désormais repasser devant le Sénat. Le vote a profondément divisé la société tout comme la chambre des représentants. Il a été précédé par un avertissement de l’archvêque de Montevideo, qui a annoncé qu’il excommunierait les parlementaires qui voteraient en sa faveur. Ces propos ont provoqué un scandale et relancé le débat du rôle de l’Eglise dans des Etats théoriquement laïcs. Mais la principale déception pourrait venir du président lui-même Tabaré Vazquez. Même si c’est l’alliance progressite qui l’a porté au pouvoir (le Frente Amplio) qui est à l’orgine de ce texte, il a annoncé qu’il était prêt à lui opposer son véto. Pour l’Eglise, l’enjeu est de ne pas laisser le phénomène se répandre : l’avortement a commencé à être autorisé dans le ville de Mexico, au Mexique. Le succès de la loi et la baisse de la mortalité des femmes donne des ailes à plusieurs associations. Mais à trop s’éloigner des revendications de base de la population (le Vatican refuse aussi toute éducation sexuelle, qui faciliterait la prévention), l’Eglise prend le risque de continuer à perdre du terrain dans toute l’Amérique Latine, au profit des religions pentecotistes, plus flexibles.