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Billet de blog 8 mai 2010

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Au Brésil, un échange d’enfants émeut les foules

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Les flashs crépitent, ce sont les seuls bruits qu’on entend aux côtés des sanglots de deux jeunes femmes, alors que le Brésil tout entier les regarde échanger leurs enfants en direct à la télévision. Queila Fagundes, 22 ans, et Elaine Oliveira, 28 ans, ont accouché toutes les deux le 25 mars 2009, dans l’hôpital de Goiâna, l’Etat à proximité de Brasilia, dans l’intérieur du Brésil. Elles l’ont quitté toutes les deux, quelques jours plus tard, heureuses, avec un enfant dans les bras. Le deuxième, pour l’une, le troisième pour l’autre. Un an et un mois plus tard, la justice leur signale qu’il y un eu erreur, un changement d’identité entre les nourrissons dans l’hôpital. Chacune récupère « son » enfant, en larmes.

L’échange a été découvert par hasard : le mari de Queila l’accusait depuis plusieurs mois de l’avoir trompée, trouvant que cet enfant ne leur ressemblait guère. Le bébé était très blanc de peau, les parents sont plutôt mats. Déterminée à lui prouver da fidélité, la jeune femme a fait un test d’ADN, très fréquent au Brésil, où les craintes de liaisons extraconjugales alimentent cette industrie. Coup de théâtre : le laboratoire lui confirme que non seulement l’enfant n’est pas du père, mais qu’il n’est pas d’elle. La police, contactée aussitôt, a lancé une enquête, pour repérer l’autre couple.

La première nuit après la restitution a été très dure pour Queila. Incapable de faire taire les pleurs de son enfant, avec lequel elle passait la première nuit, elle a fait appel à Elaine, afin qu’elle lui donne le sein pour l’apaiser. Les jeunes femmes déclarent être heureuse d’avoir retrouvé leur « vrai fils », mais pleure la perte de l’autre, qu’elles ont élevé depuis sa naissance. Sans compter la difficulté d’expliquer aux fratries respectives que le nouveau-venu est leur petit frère, alors que le premier était l’enfant d’une autre. Les parents ont jusqu’à la fin de la semaine pour enregistrer de nouveaux actes de naissance. Ils ont le droit de changer les prénoms, mais n’ont pas encore décidé s’ils le feraient.

La justice a mis à la disposition des deux familles un psychologue pour les aider à dépasser le traumatisme. Elle poursuit en parallèle l’enquête sur les responsabilités de l’hôtel.

Elaine et Queila semblent déterminées à ne pas séparer les deux enfants. La dernière a décidé qu’elle déménagerait dans les prochaines semaines pour habiter dans la même ville qu’Elaine, afin que les deux petits grandissent ensemble. D’ailleurs, toutes les deux, rapprochées par le coup du sort, disent se sentir sœurs.