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Billet de blog 10 mars 2009

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La peur invitée aux élections d’El Salvador ce dimanche

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Un groupe de plus de 140 experts de l’Amérique Latine issus des principales universités publiques et privés américaines vient d’adresser une lettre ouverte à la Secrétaire d’Etat Hillary Clinton, pour lui demander de refuser d’endosser la politique de la peur qui domine a dominé les derniers jours de campagne à El Salvador. Dimanche, quelques 4,2 millions d’électeurs sont convoqués aux urnes. Ils devront choisir entre Rodrigo Ávila, le candidat de l’Alliance Républicaine nacionaliste (Arena), au pouvoir depuis vingt ans, et Mauricio Funes, du Front Farabundo Marti pour la Libération Nationale (FMLN), principale force d’opposition. Le vent de gauche soufflant également sur l’Amérique centrale, les sondages donnent un avantage au candidat du FMLN, un parti politique issu du groupe guérillero resté dans l’histoire depuis la guerre civile qui a déchiré le Salvador entre 1980 et 1992.

L’Arena est prête à tout pour empêcher Mauricio Funes de l’emporter. Sa principale stratégie est de l’associer systématiquement, dans toute sa propagande, au président vénézuélien Hugo Chavez et aux Forces armées révolutionnaires de Colombie, les Farc. C’est une pratique désormais commune, qui a été expérimentée en Bolivie, contre Evo Morales en 2005 (sans succès), mais aussi au Mexique, en 2006, contre le candidat de gauche Andrés Manuel Lopez Obrador, au Pérou la même année contre Ollanta Humala et en Equateur, contre Rafael Correa. Cette fois-ci, l’Arena innove. Non seulement Hugo Chavez est présenté comme un épouvantail, mais le parti conservateur fait appel à la figure de Barack Obama. Contrairement à son prédécesseur George Bush, Obama est très populaire en Amérique Centrale. La campagne de l’Arena a ainsi utilisé dans des spots publicitaires de déclarations de Dan Restrepo, un des conseillers d’Obama, pour laisser entendre aux électeurs que le président américain voyait d’un mauvais œil l’éventuelle accession du candidat de gauche au pouvoir (http://www.youtube.com/watch?v=Cbx9pYAc2qQ&eurl=http://www.borev.net/2009/01/mt-preview-3ca9afb88fc35f22481a715e50e8adb6504fde2d.html?194241 ). Interpellée par les experts de l’Amérique Latine, l’ambassade américaine à San Salvador a refusé de publier un texte se distanciant de l’Arena, et rappelant que les propos tenus par Dan Restrepo ne représentait pas l’opinion de Washington. Signataire de l’appel lancé à Hillary Clinton, l’historien vénézuélien Miguel Tinker Salas, du Pomona College, em Californie, m’a expliqué que les universitaires jugeaient primordiale une réaction de la Maison Blanche. «C’est la première élection qui a lieu en Amérique latine depuis l’investiture d’Obama. Il doit montrer sa différence avec George Bush, pour prouver qu’il veut réellement construire une autre relation avec l’Amérique Latine, comme il l’a promis », dit-il. Les universitaires ne sont pas les seuls à tirer la sonnette d’alarme. Un groupe de trente députés et un sénateur vient d’en faire de même en adressant une lettre directement au Président. Ce dimanche, Barack Obama a l’occasion de montrer qu’il veut aussi rompre avec ce passé, ou conforter la région dans une perception qui place systématiquement Washington aux côtés des conservateurs.