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Billet de blog 10 décembre 2008

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Pour Domingo Cavallo, Paris n’est pas une fête

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Qui se souvient de Domingo Cavallo ? L’un des ministres de l’économie des privatisations des années 1990, et surtout celui qui était à la tête du ministère en 2001, refusant de dévaluer jusqu’au dernier moment, avant de fuir quand, dans la rue, la police réprimait dans le sang les émeutes de la population. Cavallo est allé se refaire une santé aux Etats-Unis, où il a donné des conférences le temps de se faire oublier. Ces derniers temps, comme le spectre de la crise revient en Argentine (comme partout ailleurs), il est de nouveau invité pour donner son opinion sur la situation économique. Les journaux qui ont lancé une campagne contre Cristina Kirchner, (notamment La Nacion), ont souvent recours à ses lumières, le présentant comme un économiste presque comme les autres, peut-être un peu plus qualifié du fait de son passé de ministre. La Sorbonne Paris I a cru bon d’en faire de même en le conviant pour un cycle de conférences. Celle de Cavallo, prévu ce lundi, n’a jamais eu lieu. Le Collectif argentin pour la mémoire a organisé un « escrache », l’empêchant de parler. L’escrache, manifestation typiquement argentine, a pour objectif de dénoncer publiquement une personne, pour éviter qu’il se fasse passer pour ce qu’il n’est guère. La méthode est très utilisée à Buenos Aires par les militants des droits de l’homme. Ils viennent par exemple peindre la porte d’une maison où un tortionnaire de la dictature coule des jours heureux, et organisent un cazerolazo (concert de casseroles) sous ses fenêtres. Lundi, le collectif a distribué des articles de presse à tous les étudiants pour leur expliquer de quelle faon a eu lieu la dévaluation et la plongée de l’Argentine dans la pire crise de son histoire. Ils ont ensuite sorti les casseroles face à un Domingo Cavallo rouge de colère qui les traitait de « gauchistes » avant de devoir quitter la salle. Le procédé vous semble un peu rude ? Dans un pays où on oublie rapidement qui sont les responsables de la crise, il est toutefois rafraichissant que certains travaillent à ressusciter la mémoire.