Elle s’appelle Monserrat Morriles, elle a 26 ans, elle est danseuse, et elle a fait des strip tease dans le métro de Santiago. La jeune Chilienne s’engouffre régulièrement dans les wagons, se déshabille, danse devant l’incrédulité des passagers, et ressort aussi vite, pour ne pas être arrêtée par la police. Le tout, gratuitement : Monserrat appelle cela la minute de bonheur. Les hommes adorent, les adolescents se régalent, les mères de famille réprouvent. Les journaux chiliens l’ont surnommé la « déesse du métro ». Son objectif ? Dénoncer la société conservatrice chilienne qui, près de vingt ans après le rétablissement formel de la démocratie et deux ans après la mort d’Augusto Pinochet, continue à respirer l’ordre, parfois l’ennui, volontiers la répression. La réaction des autorités, ces dernières semaines, face aux diverses manifestations notamment sur l’éducation (canons à eau, arrestations musclées) montrent que si le régime a changé, les forces de l’ordre ont gardé les mêmes méthodes. Pour les jeunes générations dont Monserrat fait partie, le couvre-feu n’est qu’un vague souvenir d’enfance. Décomplexés, ils veulent un Chili plus ouvert, (le droit au divorce n’a été reconnu qu’il y a trois ans), plus juste politiquement (le parti communiste a 8% des suffrages et aucun député au parlement), et ethniquement (sur les 15 millions de Chiliens, il y a un million d’Indiens Mapuche, dont les droits sont régulièrement bafoués), plus tolérant, et plus drôle. La jeune femme a décidé hier de faire son strip tease devant la Moneda, le palais présidentiel où s’est suicidé Salvador Allende, il y a 35 ans. Les policiers ne lui ont même pas laissé le temps d’ôter sa veste, mais le coup de pub est réussi !
Billet de blog 11 juillet 2008