On se souvient des images spectaculaires, publiées il y a quelques mois par toute la presse, d'Indiens isolés visant de leur arc l'avion venu les surprendre. A l'époque, c'est la fondation brésilienne de l'Indien, la Funai, qui avait pris la décision de diffuser ces photos, pour prouver l'existence d'au moins une soixantaine de tribus, qui ont décidé de se couper du monde suite à des massacres dont elles ont été victimes dans le passé. La Funai ne s'en approche jamais : le moindre contact, même amical pourrait leur être fatal. Non vaccinés, ces Indiens dits non-contactés périssent à l'approche du moindre virus. Le contact humain es d'ailleurs le plus souvent totalement inamical. Il est le fait de chercheurs d'or ou de coupeurs de bois ou des éleveurs qui cherchent à s'approprier un terrain et sont prêts à tout pour en déloger ses habitants. Quand la Funai a publié ces photos, c'était pour alerter l'opinion mondiale sur le drame des Indiens à la frontière entre le Pérou et le Brésil. Les autorités péruviennes mettent en doute l'existence de ces tribus et cherchent à faciliter l'exploitation par des groupes miniers de la forêt. Mais l'histoire se répète en apparence aujourd'hui au Paraguay, il est le fait de compagnies brésiliennes. Cela fait plusieus semaine que l'ONG Survival alerte sur ce qui se passe dans la région. Je reproduis ci-dessous leur communiqué :
Les derniers Indiens isolés d'Amérique du Sud en dehors du bassin amazonien ont été aperçus, apparemment en train de fuir devant la destruction massive de leur forêt.Les forêts des Indiens Ayoreo-Totobiegosode situées dans le Paraguay occidental sont en train d'être abattues à un rythme beaucoup plus élevé que celles de l’Amazonie. Elles sont détruites en toute illégalité à coups de bulldozers pour ouvrir la région à l’élevage à grande échelle."Il est évident que l’activité des bulldozers dans leurs forêts entraîne la fuite forcée des Indiens vers d'autres régions", a affirmé Jorge Vera du GAT, une organisation locale de soutien aux Indiens. En à peine un an, les Totobiegosode ont perdu 6 000 hectares de leur territoire au profit des éleveurs de bétail. Depuis le mois de mai dernier, la déforestation illégale menée par les deux compagnies brésiliennes Yaguarete Porá SA et River Plate SA a presque triplé. En dépit de l'impact désastreux de la déforestation massive au bulldozer sur les Indiens, tout contact avec les employés des compagnies peut aboutir à des conflits mortels. Plusieurs Ayoreo ont déjà été tués lors de précédentes rencontres.
Esoi, un Totobiegosode entré en contact en 2004 et dont les parents sont restés isolés, a déclaré aujourd'hui : "Je fais appel aux autorités pour qu’elles empêchent la destruction de notre forêt. Ma famille y vit toujours. C’est là-bas que se trouvent nos maisons. Nous sommes en train de perdre notre forêt." Une mission d’enquête gouvernementale a récemment tenté d'inspecter la région dans laquelle opère la compagnie Yaguarete Porá, mais son personnel lui en a interdit l'accès, ce qui a fait l'objet d'un scandale international et d'une condamnation au Paraguay.
Stephen Corry, directeur de Survival, a déclaré aujourd'hui : "Les forêts des Totobiegosode sont en train d’être détruites à un rythme accéléré, beaucoup plus élevé que celles d’Amazonie. Le risque est grand qu’ils disparaissent aussi vite que leurs forêts. Le nouveau président du Paraguay, Fernando Lugo, doit prendre les mesures qui s’imposent de toute urgence afin de stopper cette déforestation illégale commise par les compagnies brésiliennes".