L’épisode de la jeune fille à la minijupe rose agressée par des étudiants, expulsée par son université pour « manque de respect de la moralité », puis réintégrée sous pression du gouvernement continue de faire des vagues dans le pays. La vague d’indignation que cette affaire a soulevée en particulier dans les capitales (voir mon précédent billet : http://www.mediapart.frhttp://blogs.mediapart.fr/blog/lamia-oualalou/101109/au-bresil-une-minijupe-fait-scandale) a provoqué plusieurs réactions loufoques. Il y a d’abord cette nouvelle mode du court-et-furieusement-rose qu’on peut voir dans certaines universités, une façon de dire « nous sommes toutes des Geisy Arruda ».
La solidarité va plus loin. Dans l’université fédérale de Brasilia (une des plus progressistes du pays), un groupe d’étudiants a carrément défilé dans les couloirs en tombant le haut pour les filles, en petits dessous pour la plupart alors que les leaders étaient dans le plus simple appareil. Les « pelados » (tout nus, en portugais) marchaient en brandissant des pancartes contre le machisme ou le corps recouvert d’inscriptions comme « mon corps est à moi ». Le texte qu’ils ont remis au recteur de l’université (solidaire de la jeune fille, mais en costard-cravate) insiste sur le fait que l’agression dont a été victime Geisy « est le résultat des valeurs discriminatoires qui composent la société capitaliste, dans laquelle la femme est représentée comme au service de l’homme ». Le document, signé par des étudiants, professeurs et fonctionnaires de l’université, réclame des « politiques institutionnelles contre le machisme ».
Playboy vient aussi d’entrer dans la danse. La revue est en pourparlers avec Geisy Arruda pour la convaincre de poser en compagnie d’un groupe d’étudiantes de l’université, montrant tout, ou presque tout. La séance de photographies promet de faire sensation. Contrairement à ce qu’on pourrait imaginer en France, la version brésilienne de la revue Playboy est extrêmement courue. Les politiques se disputent pour pouvoir accorder une interview à la revue qui, si elle montre beaucoup de femmes dénudées, aime les choisir autour de thèmes politiques et sociaux polémiques, alimentant les débats.