Rio de Janeiro a beau être connue dans le monde entier pour ses plages mythiques (Copacabana, Ipanema…), l’immense majorité de ses six millions d’habitants ne voir la mer qu’à la télévision. L’océan borde en effet les quartiers de la zone sud, celle où habitent les foyers les plus favorisés. La zone nord est beaucoup moins glamour : des petites maisons couleur brique ou béton, des infrastructures insuffisantes, des distances énormes à parcourir pour se rendre au travail, aucun loisir. La plage est un rêve lointain. Qu’à cela ne tienne : pour aborder le même bronzage que les cariocas du sud, les habitantes de la zone nord transforment les dalles de béton des toits de maisonsde banlieue ouvrière, dite la « laje » en solarium. La Bossa nova a fait la gloire de la «garota d’Ipanema », « la jeune fille d’Ipanema », à la peau dorée, qui marche légère en se rendant à la plage, la zone nord lui répond par le concept de « Garota da Laje », « la fille de la dalle». Un concours de beauté a même vu le jour il y a quelques années. L’édition de 2009 vient d’être lancée, et les inscriptions battent tous les records. Les jeunes filles aux formes plantureuses sont celles reconnues par leur quartier pour les bains de soleil prolongées qu’elles prennent sur leur toit. Les voisins les connaissent toutes : ils les espionnent régulièrement, lorsque pour se rafraichir, elles utilisent le tuyau de jardinage. Elles fuient les crèmes solaires pour leur préférer des accélérateurs de bronzage. Et se plaignent de la jalousie des épouses des voisins, qui ne supportent pas de les voir exhiber leurs corps. Le kit de la « garota da laje » est simple : une échelle pour pouvoir monter sur le toit, une serviette de plage et un seau d’eau. Les éliminatoires qui commencent maintenant vont aboutir à la finale, le 20 mars prochain, qui consiste en un défilé en plein centre de Rio, dans un quartier connu pour ses magasins populaires. Rien à voir avec les défilés de mode de papier glacé : chaque « garota da laje » vient avec sa « torcida », ses supporteurs, qui vont l’acclamer et l’applaudir, fiers de la beauté de la représentante de leur communauté. La gagnante emportera une voiture d’occasion de l’année 2001. La zone sud n’a qu’à bien se tenir : les garotas da laje sont là pour rappeler que la réputation des cariocas dans le monde entier est aussi légitime dans les quartiers dorés que dans les banlieues ouvrières.
Billet de blog 16 novembre 2008
A Rio de Janeiro, la "garota da laje" fait concurrence à la "garota d'Ipanema"
Rio de Janeiro a beau être connue dans le monde entier pour ses plages mythiques (Copacabana, Ipanema…),