Pendant des décennies, les Etats-Unis se sont ingéniés à exclure systématiquement Cuba de toutes les forums de discussion régionaux. Le pays est le seul des Amériques à ne pas faire partie de l'Organisation des Etats Américains (OEA).
Il est le seul à ne pas pouvoir bénéficier des prêts de la Banque interaméricaine de développement (BID). Pendant longtemps, les gouvernements de la région ont accepté cette exclusion comme naturelle. D'abord par convenance (les régimes craignaient tous la menace communiste alimentée par La Havane), puis par habitude ou faiblesse face au grand voisin américain. Les choses ont changé depuis le début de la décennie. En basculant à gauche, les gouvernements de la région pour leur majorité sont peuplés de leaders qui sont entrés en politique en rêvant de la révolution cubaine. Cela ne les empêche pas d'être critiques, à différents degrés, mais alors que la révolution fête cinquante ans ce 1er janvier, il est temps de réhabiliter La Havane. D'autant que sous l'administration Bush, les Etats-Unis ont perdu la main sur la région. Même sans vouloir s'opposer de façon frontales à Washington, les présidents latino-américains sont bien décider à profiter de ce vide laissé, et de la période de flou entre la sortie de Bush et l'entrée en scène de Barack Obama. C'est notamment le cas de Lula, qui a réussit à convoquer à Sauipe, près de Salvador de Bahia, tous les pays de la région pour quatre grands sommets latino-américains en 48 heures, avec comme point commun l'absence explicite des Etats-Unis et de l'Union européenne. Cela peut paraître incroyable, mais c'est la première fois que l'Amérique Latine et les Caraïbes se retrouvent ensemble, sans hôte externe. Lula a fait de Raul Castro l'invité d'honneur de ces réunions, ne cachant pas sa satisfaction à obtenir l'adhésion de tous les autres pays de la région, pour cette réunion de « tous les pays au sud du Rio Bravo sans exclusion », s'est-il félicité. La présence de Cuba implique tous les pays de la région dans les transformations attendues du régime dans les prochaines années et signifie à Washington les limites de son intromission. Elle symbolise également le fait que La Havane ne veut pas dépendre de la seule générosité du Venezuela de Hugo Chavez. Les intérêts économiques ne sont pas exclus de ce regain d'intérêt, et le brésil compte bien bénéficier d'une éventuelle réouverture de l'île dans le futur. Mais quelles que soient les motivations, on ne peut que se féliciter de cette réinsertion régionale. En espérant que Barack Obama saura profiter de ce nouveau contexte pour en finir avec l'absurde embargo qui afflige Cuba depuis près d'un demi-siècle.