Le thermomètre indique 35 degrés, mais le spectacle est le même : au Brésil, le papa Noël est superstar, et il a, comme il se doit, un bon petit ventre, une barbe blanche, et bien sûr, une tenue qui tient bien au chaud.
Il n'est pas un shopping où les enfants, en balade avec leurs parents, ne le rencontrent pas. Et la sélection est rude : bien payé, le métier de Père Noël attire des centaines de prétendants au mois de décembre. Il faut désormais faire des cours pour travailler la diction - et paraître ainsi très vieux - mais surtout la patience et la persuasion : le père Noël doit prouver aux enfants qu'il existe.
Et quand les parents ne peuvent pas lui acheter ce cadeau tant désiré, d'autres prennent le relais, grâce à une belle opération créée par La Poste il y a vingt ans, et qui explose littéralement depuis cinq ans. « Papai Noël dos Correios » incite, via les écoles publiques, les enfants à écrire une lettre au Père Noël, pour lui demander ce dont ils rêvent.
L'année dernière, la Poste a reçu plus d'un million de courriers, en provenance de tout le Brésil. Des centaines volontaires se relaient dans les bureaux pour ouvrir le courrier, et le sélectionner selon son origine géographique. Les lettres envoyées à partir des zones les plus défavorisées sont privilégiées, et accrochées au mur dans les différents centres. Il est alors possible à n'importe qui de venir les lire, et s'il le désire, d'adopter une lettre. Il s'agit alors de tenter de répondre aux désirs des enfants en leur offrant ce qu'ils demandaient. D'autres volontaires, déguisés en père Noël, apportent ensuite ces cadeaux, aux quatre coins du pays. Il faut avoir le cœur bien accroché avant de pénétrer dans les bureaux de poste. Bien sûr, ces enfants rêvent comment tous les autres de poupées, et de camions rouges. Mais selon la poste, le cadeau le plus demandé au père Noël est un emploi pour les parents, au chômage, ou un panier de victuailles, pour ne pas avoir faim le soir de Noël.
Sur le million de lettres envoyées l'année dernière, la Poste a réussi à en faire « adopter » 460 000. Une situation qu'il faut garder à l'esprit quand on vante, par ailleurs, l'explosion de la consommation au Brésil.