L’intégration latino-américaine est à la mode : l’Unasur entre toutes les nations du sud-continent, peut-être un conseil de défense, des entreprises locales investissant chez les voisins, le cinéma argentin finançant le brésilien…
L’intégration latino-américaine est à la mode : l’Unasur entre toutes les nations du sud-continent, peut-être un conseil de défense, des entreprises locales investissant chez les voisins, le cinéma argentin finançant le brésilien… La littérature vient de s’inviter dans ce grand mouvement, en décidant de mettre le « portugnol » ou « portunhol » (les deux orthographes sont acceptées) à la mode. Comprenez : ce délicieux mélange de portugais et d’espagnol qui caractérise toutes les conversations entre « hermanos » latino-américains. Pendant longtemps, le procédé a été montré du doigt, comme signe de l’incapacité des uns (les Brésiliens) à apprendre la langue des autres (l’immense majorité de l’Amérique du Sud, ou l’on parle toutefois également anglais et français, et bien sûr toutes les langues indigènes) et vice et versa. Mais un groupe de poètes et jeunes écrivains a décidé de valoriser ce mélange qui n’obéit à aucune règle, et qui fascine par sa capacité à être compris par tous. Du 1er au 8 août, São Paulo a accueilli le FLAP 2008, le festival alternatif de Sao Paulo, une référence directe au très élitiste FLIP, le festival de littérature étrangère de Paraty, une superbe ville coloniale située entre São Paulo et Rio de Janeiro. C’est la troisième édition d’un événement qui était d’abord pratiquement improvisé par un petit groupe d’auteurs latino-américains durant un week-end. Cette fois, ils étaient 80, de toute la région, et le festival a duré une bonne semaine, dans toute la ville, étant retransmis par internet (http://flap2008.wordpress.com/). La langue officielle était le portunhol, avec comme volonté d’écrire et publier des œuvres ainsi. Le summum est le « portunhol salvagem », le portugnol sauvage, né dans une région qu’on appelle la Triple Frontière, où se croisent l’Argentine, le Brésil et le Paraguay. Là, des écrivains ont commencé à écrire dans une langue qui se permet de mélanger portugais et espagnol, mais aussi guarani, principal idiome indigène du Paraguay, qui a la particularité d’être parlé par l’immense majorité de la population, voire anglais si l’on veut. Le « Broder » est un hermano après tout….
Allez, premier cours : comment dit-on bonjour en portugnol ? « Tudo hermoso» !