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Lamia Oualalou

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Billet de blog 20 janvier 2010

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Au Brésil, les polémiques se terminent en samba

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Vous souvenez-vous de Geisy Arruda, la jeune femme à la mini-robe rose fushia trop courte, qui avait ému tout le Brésil et une partie de l’opinion publique mondiale lorsqu’elle avait été agressée par 700 étudiants en furie au cœur de son université, dans la banlieue de São Paulo ?(voir le billet : http://www.mediapart.frhttp://blogs.mediapart.fr/blog/lamia-oualalou/101109/au-bresil-une-minijupe-fait-scandale) . A l’époque, la polémique, et la réaction idiote de la direction de la faculté (qui avait annoncé son expulsion pour atteinte à l’ordre moral) ont fait couler beaucoup d’encre, les sociologues rivalisant d’interprétation sur le droit à la différence au Brésil et le machisme toujours profondément ancré, surtout à l’intérieur du pays. Le gouvernement l’avait soutenu, et contraint l’université à faire marche arrière, d’autres institutions lui offraient des bourses pour achever ses études de tourisme dans d’autres villes. Certains s’attendaient même à ce que l’incident débouche en crise identitaire du pays… c’est oublier qu’au Brésil, comme on dit ici, les scandales finissent souvent en samba. Et dans ce cas, le proverbe est à prendre à la lettre.

Geisy aimait montrer ses jambes, mais elle avait trop de ventre. Qu’à cela ne tienne ! Dans le pays de la chirurgie esthétique, les bistouris lui ont sculpté un nouveau corps. On lui a retiré 5 litres de graisse concentrés au niveau de l’abdomen, avant d’en réinjecter une bonne partie au niveau des fesses, plus rebondies, afin d’obtenir le fameux « bumbum » qui fait l’orgueil national. Au passage, elle a aussi installé des prothèses mammaires, avec la bagatelle de 435 millilitres par sein, excusez du peu. Geisy se reconnaît à peine quand elle croise sa silhouette dans le miroir, mais elle sait que le plus dur reste à faire : maintenir ce nouveau corps, en musclant jambes, ventre, et fesses.

Quand on lui demande pourquoi elle s’est soumise à de telles opérations, la jeune femme explique qu’elle est très coquette, et surtout qu’elle voulait être à la hauteur des propositions qui lui on été faites pour défiler au carnaval, que ce soir dans la prestigieuse école Porto da Pedra, à Rio de Janeiro, ou dans l’école Gaviões da Fiel, à Sao Paulo. La capitale économique brésilienne investit depuis quelques années une fortune pour essayer d’égaler en réputation (ou du moins de s’en approcher), le carnaval de Rio de Janeiro.

Paulista, Geisy a bien sûr opté pour Gaviões da Fiel, d’autant que le thème de la samba de l’école, cette année, est la commémoration des 100 ans du mythique club de football des Corinthians, un des plus populaires du pays, avec le Flamengo. Lula est par exemple un de leurs plus fervents supporters, et parmi leurs joueurs, on retrouve Ronaldo.

D’ici trois semaines, quand commencera le carnaval, c’est une Geisy redessinée qui montera sur les chars du défilé, provoquant l’euphorie des Brésiliens, qui adorent cette capacité à reprendre le dessus après une humiliation et ne voient aucun ridicule à cette transformation. Le Brésil, souvenez-vous, est un pays d’avenir…